Toni en Famille (2023) de Nathan Ambrosioni

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Second long métrage après "Les Drapeaux de Papier" (2018) pour le jeune réalisateur (24 ans seulement !) Nathan Ambrosioni qui a pensé à ce film suite à un reportage sur une ex-vedette de la Star Academy du débute des années 2000. Le réalisateur explique aussi son film par son titre : "Toni, c'est d'abord le personnage principal dont je voulais raconter l'histoire. J'ai une grande affection pour le cinéma portraitiste, celui qui dépeint un monde à notre hauteur, qui n'évoque pas l'extraordinaire. Noah Baumbach, Richard Linklater, Hirokazu Kore-Eda sont des références essentielles pour moi. Toni c'est aussi un hommage au métier d'acteur, spécifiquement à la comédienne Toni Collette, dont j'admire le travail et en particulier l'ambiguïté qu'elle insuffle à ses rôles. Enfin, Toni n'est pas un prénom mais un surnom, qui plus est un surnom ambivalent, on ignore qu'il désigne une femme ou un homme. Je tends, à l'instar de ma génération, vers un cinéma qui ne genre pas son regard." (on mettra un gros bémol sur l'ambvalence de Toni)... Antonia dite Toni, est mère célibataire de cinq enfants et assume parallèlement un job à plein temps, puis pour arrondir les fins de mois chante en plus dans les bars le soir qui lui rappelle qu'il y a longtemps elle avait sorti un single qui avait plutôt bien marché. Mais ça c'était il y a 20 ans. Ses enfants sont tous ados, dont deux qui entrent à l'université. A 43 ans Toni commence à s'interroger : que fera-t-elle quand toute sa progéniture aura quitté le foyer... 

Le rôle titre est incarnée par Camille Cottin vue ces derniers temps dans "House of Gucci" (2021) de Ridley Scott, "Mon Légionnaire" (2021) de Rachel Lang ou "Coeurs Vaillants" (2022) de Mona Achache. Ses  cinq enfants sont interprétés par Léa Lopez aperçue dans "La Dream Team" (2015) de Thomas Sorriaux et "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven, Thomas Gioria vu dans "Madeleine Collins" (2021) de Antoine Barraud et "Brillantes" (2023) de Sylvie Gautier, Louise Labèque aperçue dans "Zombi Child" (2019) et "Coma" (2022) tous deux de Bertrand Bonello, Oscar Pauleau aperçu dans "Beaux-Parents" (2019) de Hector Cabello-Reyes et "Parents d'Elèves" (2020) de Noémie Saglio, puis Juliane Lepoureau vue dans "La Ch'tite Famille" (2017) de et avec Dany Boon et "Les Vétos" (2018) de Julie Manoukian, et retrouve après "L'Echange des Princesses" (2016) de Marc Dugain sa partenaire et mère de Toni dans le film Catherine Mouchet vue dans "De Gaulle" (2020) de Gabriel Le Bomin. Citons encore Guillaume Gouix qui retrouve son réalisateur de "Les Drapeaux de Papier" (2019) et qu'on n'avait pas vu depuis "Les Choses qu'on dit, les Choses qu'on fait" (2020) de Emmanuel Mouret, Florence Muller vue récemment dans "Ma Langue au Chat" (2023) de Cécile Telerman, "Sur la Branche" (2023) de Marie Garel-Weiss et "Wahou !" (2023) de et avec Bruno Podalydès, elle retrouve aussi sa jeune partenaire Louise Labèque après "Annie Colère" (2022) de Blandine Lenoir, Saadia Bentaïeb vue tout récemment dans "L'Homme Debout" (2023) de Florence Vignon et "Anatomie d'une Chute" (2023) de Justine Triet, retrouvant de son côté Thomas Gioria après "Jusqu'à la Garde" (2017) de Xavier Legrand, puis enfin n'oublions pas Benoît Giros aperçu entre autre dans "La Ritournelle" (2014) de Marc Fitoussi et "Yves Saint-Laurent" (2014) de Jalil Lespert... La première scène est parfaite, mêlant dans une voiture en quelques minutes tous les caractères d'une famille et les émotions qui peuvent en découler. A la fois drôle (un peu), touchant, mais aussi agaçant cette scène nous plonge automatiquement au sein d'une famille qui a tout de celle qu'on connaît tous directement ou indirectement. Pour faire simple on pourrait qualifier cette famille de plutôt lambda, classique, modeste, qu'on connaît personnellement chez nous ou parmi nos proches. C'est à la fois logique et assez irritant. Logique pour pouvoir toucher le plus grand nombre, mais irritant car il faut aussi pouvoir supporter ces ados. En effet, on a souvent bien du mal à supporter les enfants, et ceux des autres encore plus. Bien que très subjectif, autant le dire tout net heureusement que ces gosses ne sont pas les miens ! Ils s'insultent et/ou se bousculent pour un oui pour un non sans compter comment ils se permettent de répondre à leur mère célibattante ! Irritant et énervant il faut les supporter.

Le pompon arrive lors du repas où la maman annonce la reprise de ses études ; on croit rêver à ce niveau d'ingratitude (ils n'ont plus 6 ou 8 ans !). Bref il faut les supporter et c'est le plus gros soucis du film. Car sinon, oui le panel obligatoire obligé à 5 ados forcément imparfaits mais la base (pas d'insultes encore moins entre eux, poli et respectueux avec leur mère au minimum...) au moins pour certain aurait été judicieux pour atténuer cette hystérie un peu trop constante - Parenthèse parce que je vois d'ici certains lecteurs, oui je suis parent et à l'âge ado - Mais on comprend les contraintes d'écriture pour construire une fratrie "complète". Ce qui amène à l'autre point, bon point, celui de montrer et mettre en avant les contraintes et les problématiques pour le ou les parents en quelques séquences courtes mais efficaces, montrer les rêves qu'on peut avoir même quand cela paraît trop tard, le parcours du combattant quand on est de surcroît seul(e). Le scénario est sur ce point plein d'acuité et de justesse avec surtout une Camille Cottin épatante, son meilleur rôle à ce jour. Pour les enfants c'est plus inégal. Mais le film parle à tous, enfants comme parents, les scènes restent pertinentes et la vision globale est juste avec de l'émotion même si la fin pousse un peu le côté lacrymal gratuit. Donc avouons-le le film est plutôt bon, bien écrit mais il faut supporter ces gamins dont l'ingratitude reste le plus grand défaut. Sur ce dernier point, subjectivement grosse envie de mettre moins que la moyenne, mais objectivement...

Note :  

13/20