Second long métrage après "Corporate" (2017) pour Nicolas Silhol, qui a été également scénariste pour "Les Eblouis" (2019) de Sarah Suco et "Sentinelle Sud" (2022) de Mathieu Gerault. Au départ le cinéaste avait une vague idée de projet, et c'est en faisant des recherches sur le mal-logement qu'il a rencontré une des fondatrices de l'association Droit Au Logement (DAL) qui lui parle alors de la "protection par l'occupation", système expérimenté depuis 2009 qui permet une alternative à l'hébergement d'urgence par l'utilisation de locaux inoccupés tout en donnant aux propriétaires une solution contre les squatteurs. Concept importé d'un modèle hollandais et qui sera confirmé en France par la loi Anti-Squat en 2018 qui sera durcit en 2022. Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec Fanny Burdino qui a écrit entre autre "L'Economie du Couple" (2016) de Joachim Lafosse, "Fête de Famille" (2019) de Cédric Khan ou "Amore Mio" (2023) de Guillaume Gouix... Inès, agent immobilier est au chômage et risque de se faire expulser de chez avec son fils de 14 ans Adam. Elle trouve un emploi, prise à l'essai chez la société Anti-Squat, qui loge des personnes comme résidents dans des bureaux inoccupés pour protéger des squatteurs. La promesse d'un CDI à l'issue pousse Inès à être stricte sur le réglement, est-elle vraiment prête à tout pour obtenir ce travail ?...
Inès est incarnée par Louise Bourgoin vue récemment dans "L'Enfant Rêvé" (2020) de Raphaël Jacoulot, "La Montagne" (2022) de Thomas Salvador et "C'est mon Homme" (2023) de Guillaume Bureau, tandis que son fils est joué par le jeune Samy Belkessa aperçu dans "La plus Belle pour aller Danser" (2023) de Victoria Bedos. Son supérieur est joué par Antoine Gouy vu dans "Simone, le Voyage du Siècle" (2022) de Olivier Dahan, "Tendre et Saignant" (2022) de Christopher Thompson ou "Les Choses Simples" (2023) de Eric Besnard. Citons ensuite les résidents, Ike Ortiz dans son premier rôle, Sam Mirhosseini vu notamment "Ni le Ciel ni la Terre" (2015) de Clément Cogitore, "Raid Dingue" (2017) de et avec Dany Boon, "Cherchez la Femme" (2017) de Sou Abadi et "La Monnaie de leur Pièce" (2018) de Anne Le Ny, Kahina Lahoucine aperçue dans la série TV "66-5) (2023), Arthur Choisnet aperçu dans "Juillet Août" (2016) de Diastème et "10 Jours encore sans Maman" (2023) de Eric Besnard, Agnès Sourdillon surtout connue au théâtre mais vue au cinéma dans "Les Âmes Grises" (2005) de Yves Angelo, "La Jeune Fille et les Loups" (2007) de Gilles Legrand et "Qui a envie d'être Aimé ?" (2011) de Anne Giafferi, puis Adèle Wismes vue dans "Plaire, Aimer et Courir Vite" (2018) de Christophe Honoré, "Mon Chien Stupide" (2019) de et avec Yvan Attal et "Cet Eté-Là" (2023) de Eric Lartigau... Dès le départ on est un peu gêné par deux petits détails, une agent immobilier qui est au chômage (ça doit être rare aussi longtemps !) et qui se permet d'accueillir son propriétaire conciliant avec autant d'arrogance. D'emblée on a bien du mal à acquiescer ce personnage. L'histoire débute pourtant réellement après son entretien d'embauche, quand elle prend son poste et qu'Inès/Bourgoin comprend que ça ne va pas être si simple, techniquement, humainement et moralement.
Le scénario dénonce évidemment ce dispositif, sans doute nécessaire et/ou opportun contre les squatteurs souvent irrespecteux vis à vis des locaux investis, mais qui reste aussi un gouffre pernicieux et bancal qui n'est pas sans rappeler l'univers des marchands de sommeil. On pense ainsi beaucoup au récent "Le Marchand de Sable" (2023) de Steve Achiepo auquel il offre un autre angle de vue sur le mal-logement. Ce système est d'autant plus dangereux qu'il force presque Inès à se déshumaniser et place par là même le spectateur en porte-à-faux, l'obligeant à réfléchir et à penser : et si j'étais dans la même situation ? car en effet la loi existe, le dispositif est donc légale et encadré et donc Inès ne fait que son travail finalement. Mais le réalisateur-scénariste ajoute à son scénario tout un pan évidemment dégueulasse qui oblige et pousse le spectateur p rendre parti contre cette loi. Là est aussi le soucis, il y a aussi bon nombre de plombier ou serrurier ou etc (etc...) qui sont malhonnêtes, n'oublions donc pas que ce dispositif est sans nul doute aussi mis en place honnêtement par d'autres organismes. Le film est en cela dirigé et donc manichéen. Et pourtant, il compense par l'absence d'angélisme de par les choix de Inès qui lutte constamment entre la morale, sa morale et la question de nécessité surtout quand on a aussi la responsabilité de maman. Sur ce point le film est juste et pertinent. Par contre, le film est particulièrement démago sur toute la partie concernant l'ado, seulement 14 ans et auquel on veut nous faire croire que les gamins ont tous une conscience politique et une maturité certaine, logique et salutaire. Ca doit exister quelque part... Ce qui n'empêche pas que le rap médiocre mais sincère du film offre un joli moment émotion avec maman en témoin direct. Le film reste plein d'acuité même si il force l'opinion, et permet de regarder en face des sujets comme la servitude volontaire et forcément les dérives qui vont obligatoirement avec. Un bon film à conseiller.
Note :