Réalisateur entre autre de "Yella" (2007), "Barbara" (2012) ou "Phoenix" (2014) Christian Petzold revient avec un sous-genre en soi, le film d'été, le cinéaste explique : "Dans le cinéma américain, cela donne souvent des films d'horreur : une région inconnue, un raccourci, une maison dans les bois, et l'horreur commence. Dans le cinéma français, les films d'été avec des jeunes sont souvent des sortes d'éducations sentimentales : on est à la plage, les classes se mélangent, les gens passent à l'âge adulte. Et comme les allemands aiment rêver, j'ai voulu que ce film d'été allemand commence dans la tradition des rêves romantiques allemands : la forêt, le demi-sommeil, la musique, deux jeunes hommes qui roulent en voiture et se perdent. Ils sont à la dérive. Avec ce début, rien n'est encore posé, si ce n'est cette chose-là : c'est du cinéma." Le réalisateur-scénariste avoue s'être particulièrement inspiré du réalisateur français Eric Rohmer : "Il va toujours vite dans ses films : quelqu'un monte dans la voiture, coupe, Paris, coupe, entrée, descente de la voiture, clac, clac. Il répète ces enchaînements, et cela donne une structure au film. Et c'est dans cet esprit que ce rideau bleu de la chambre de l'étage de la maison a été pensé, comme une structure : premier jour, deuxième jour, troisième jour."...
Dans une maison au bord de la Baltique, trois jeunes gens se retrouvent colocataires pour la haute saison. Ils font la connaissance d'un jeune sauveteur en mer. Alors qu'il y a un feu de forêt à 30km de là, ils vont passer l'été ensemble malgré des objectifs différents et quelques tensions. En attendant la forêt brûle, le feu avance... Les quatre amis sont incarnés par Thomas Schubert vu entre autre dans "Nouveau Souffle" (2012) de Karl Marcovics et "Egon Schieler" (2017) de Dieter Berner, Langston Uibel aperçu dans "Speed racer" (2008) des Wachowski, vu das "On a échangé nos Filles" (2017) de Anika Decker et "Isi & Ossi" (2020) de Oliver Kienle et retrouve après "Freistatt" (2015) de Marc Brummund son partenaire Enno Trebs remarqué dans "Le Ruban Blanc" (2009) de Michael Haneke, vu ensuite dans "Poll" (2010) de Chris Kraus et "Ondine" (2020) de Christian Petzold après lesquels il retrouve l'actrice Paula Beer vu en France dans "Frantz" (2016) de François Ozon et "Le Chant du Loup" (2019) de Antonin Baudry, elle retrouve aussi Thomas Schubert après "The Dark Valley" (2015) de Andreas Prochaska puis retrouve après "Transit" (2018) le réalisateur Christian Petzold et son partenaire et 5ème protagoniste Matthias Brandt vu, outre des séries TV, dans le film "Stefan Zweig : Adieu à l'Europe" (2016) de Maria Schrader. Et enfin n'oublions pas dans un rôle plus secondaire Jonas Dassler vu entre autre dans "La Révolution Silencieuse" (2018) de Lars Kraume et "Golden Glove" (2019) de Fatih Akin... Deux amis arrivent dans une maison au bord de mer mais qui semble plus une maison en pleine forêt, avec un certain mystère même qui rappelle les maisons de film d'horreur isolée dans un bois et, étonnament dont on ne voit qu'une seule façade. Un isolement qui doit permettre aux deux amis de travailler sur leur projet respectif. On constate donc qu'il y en a un qui n'a pas l'air de vouloir vraiment travailler, l'autre qui n e veut que travailler à tel point qu'il semble aussitôt coincé voir plutôt antipathique.
Puis il y a une jeune femme qui semble libre et indépendante, et un maître nageur (pas plus à dire). D'emblée on sait ce qui se passe entre Léon/Schubert et Nadja/Beer mais on y croit pas, d'abord subjectivement par deux physiques peu raccord, plus objectivement parce que Léon est trop froid, distant, à l'égo surdimensionné et même assez condescendant, ce qui paraît complètement repoussant pour une jeune femme souriante et lumineuse. Outre ce jeu de séduction peu attrayant auquel on ne croit que trop peu il ne se passe pas grand chose tandis qu'on attend ou qu'on cherche le ciel rouge qui se fait attendre. On sourit devant cette impossibilité de dormir, comme si faire l'amour (et simuler ?!) pouvait durer des heures et des heures. Le plus intéressant reste la partie de la visite de l'éditeur, où les égo justement, les caractères se dévoilent jusqu'à ce ciel rouge qui fait signe de très loin. Le film n'est pas illuminé par un ciel rouge mais par le charme libertaire de Nadja/Paula Beer. Le reste est ennuyeux, pompeux même à l'image de ce Léon qu'on aimerait secouer un coup. Un film qui méritait une dimension un peu plus de tout feu tout flamme. Dommage.
Note :