Après "Le Crime de l'Orient-Express" (2017) et "Mort sur le Nil" (2022) le réalisateur Kenneth Branagh revient avec une adaptation d'un oeuvre de Agatha Christie et retrouve par là même son scénariste Michael Green, qui a écrit aussi les films "Logan" (2017) de James Mangold ou "Blade Runner 2049" (2017) de Denis Vellieneuve, qui a proposé "La Fête du Potiron" (1969) retitré en 1999 "Le Crime d'Halloween", auquel il a rajouté quelques éléments d'autres courts récits de l'autrice. Mais le duo Branagh-Green a également pris des libertés avec l'oeuvre originel. Des changements validé par James Prichard, producteur du film et surtout arrière-petit-fils de Agatha Christie car, selon lui, ce scénario conserve la tonalité et l'esprit du film... Après la Seconde Guerre Mondiale, Hercule Poirot est désormais à la retraite à Venise où il évite d'être confronter à d'éventuelles affaires criminelles. Un jour, il reçoit sa grande amie Ariadne Oliver, grande romancière en panne d'inspiration qui lui propose de l'accompagner à une séance de spiritisme dont elle voudrait prouver l'imposture. A contrecoeur mais intrigué, Poirot finit par l'accompagner. Ils se retrouvent alors dans un palais décrépi et réputé être hanté appartenant à la célèbre cantatrice Rowena Drake. Mais la séance de spiritisme est endeuillé, un participant est sauvagement assassiné. Soudain, Hercule Poirot est une nouvelle fois plongé dans une enquête qui a cette fois un contexte surnaturel...
Hercule Poirot est donc incarné pour la 3ème fois par son réalisateur, Kenneth Branagh vu tout récemment dans le chef d'oeuvre "Oppenheimer" (2023) de Christopher Nolan qu'il retrouvait après "Dunkerque" (2017). Le réalisateur-acteur retrouve après son film autobiographique "Belfast" (2021) celui qui le jouait enfant, le jeune Jude Hill ainsi que celui qui jouait son père, Jamie Dornan vu dernièrement dans "Agent Stone" (2023) de Tom Harper, les deux acteurs se retrouvent pour un second duo père-fils. Citons ensuite Kyle Allen vu dans "West Side Story" (2021) de Steven Spielberg ou "Space Oddity" (2022) de Kyra Sedgwick, la frenchy Camille Cottin vue dans "Coeurs Vaillants" (2022) de Mona Achache et "Toni en Famille" (2023) de Nathan Ambrosioni, Tina Fey notamment à l'affiche des comédies "Crazy Night" (2010), "C'est ici que l'on se Quitte" (2014) et "Free Guy" (2021) tous trois de Shawn Levy, Kelly Reilly vue récemment dans "Eight for Silver" (2021) de Sean Ellis et "Les Promesses" (2021) de Amanda Sthers, l'italien Riccardo Scamarcio vu dans "Caravage" (2022) de Michele Placido et "Tu choisiras la Vie" (2023) de Stephane Freiss, et enfin la chinoise Michelle Yeoh vue dans "Shang-Chi et la Légende des Dix Anneaux" (2021) de Destin Daniel Cretton, "L'Ecole du Bien et du mal" (2022) de Paul Feig et "Everyting Everywhere All at Once" (2022) de Dan Kwan et Daniel Scheinert... Notons que cette fois la musique n'est pas signée de Patrick Doyle, pourtant fidèle de Kenneth Branagh depuis "Henry V" (1989), il est remplacé sur ce film par Hildur Guonadottir compositrice islandais à qui on doit entre autres les B.O. de "Joker" (2019) de Todd Phillips, "Tar" (2023) de Todd Field ou "Women Talking" (2023) de Sarah Polley. On remarque effectivement que Kenneth Branagh et son scénariste ont modifié beaucoup d'éléments du roman, d'abord avec la transposition d'un manoir anglais à un palais vénitien, surtout un récit d'une semaine qui est condensé pour le film en une unique nuit. Par contre le film se déroule dix ans après "Mort sur le Nil", soit en 1947 ce qui n'est anodin. En effet, cela explique la retraite de Poirot qui n'en peut plus des horreurs de l'humanité, guerres ou crimes dont il a été le témoin. Ainsi il est d'autant plus réfractaire à tout ce qu'il y a de paranormal, et qui va mener à cette conclusion logique et cohérente avec le personnage. On sera plus circonspect pour le choix de Halloween à Venise qui se résume à 5mn au début du film où des gosses déguisés court partout. C'est mince et surtout on aurait pu imaginer un esthétisme comme un parallèle et/ou un mix avec les bals vénitiens.
Halloween est donc sous-exploité, les masques en général sont occultés. On apprécie néanmoins les décors avec un palais vénitien magnifique avec un soupçon de gothique qui participe à l'atmosphère sombre et anxiogène qui lorgne fortement sur le genre du film d'horreur. Hercule Poirot dans une maison hantée, savoureux à l'avance. On a donc la séance de spiritisme, des ombres, des portes qui grincent, des fantômes et des jumpscares où comment Poirot se retrouve bien malgré lui complètement déboussolé. Mais par contre les personnages restent bien peu intéressants, soit trop caricaturaux soit trop lisibles, tous antipathiques même si on adore le face à face entre Poirot et son amie romancière dont les égo respectifs offrent un duel cérébral plutôt jouissif. Niveau mise en scène Branagh use un peu trop de la caméra portée subjective qui fonctionne bien dans une film d'action moins quand il s'agit juste de traverser un couloir. On préfère par contre le travail sur les angles et les jeux de profondeurs. Le canevas des enquêtes Agatha Christie reste évidemment classique, quelques éléments sont dévoilés de façon un peu trop "facile" mais c'est l'écueil habituel du genre. Le film reste intéressant grâce au côté mystique et son décalage face au cartésien Poirot.
Note :
12/20