De quoi ça parle ?
D’un tueur à gages expérimenté des bas-fonds de Miami qui se lance à la poursuite de sa prochaine cible tout en étant lui-même pourchassé par cette même cible.
Pourquoi la caméra thermique qui nous filme affiche une couleur polaire ?
– Hé, Harmony, comment il faut faire pour être sélectionné à la Mostra de Venise?
– Bah, il faut faire un film, mec…
– Mais comment?
– Tu réunis cinq ou six potes, tu leur donnes de quoi picoler et de quoi planer, puis tu les laisses causer entre eux. Tu poses une caméra quelque part pour enregistrer tout ça.
– Ah ouais, mais attends. Comment on fait si les gars ont une sale tête? Entre l’alcool et la weed, ca va se voir…
– Mais non. Au pire, tu leur mets un un masque ou un casque de moto sur la tête…
– Ah ouais, délire! Un masque de moto sur lequel on colle des cornes, genre Goldorak. J’adore l’idée! Brillant, mec! Mais attends, il ne faut pas un scénario aussi?
– Penses-tu! Une histoire de tueur à gages qui est lui-même pourchassé, ça suffit largement! Surtout en Italie, avec tous leurs films sur les mafiosi, ils ne seront pas dépaysés…
– Mais il faut des dialogues, non?
– Pff, je te dis, laisse improviser tes potes. Et de temps en temps, tu glisses un truc du genre “Je vais te tuer jusqu’à ce que tu sois mort!”. Ah non, tu ne peux pas, c’est déjà dans Hot shots 2, mince… Alors tu balances juste des phrases comme “Un jour, je vais te trouver et je te tuerai” à intervalles réguliers.
– Mais ça ne va pas être répétitif?
– Mais non! C’est le public de la Mostra. Il comprend vite mais il faut lui expliquer longtemps… Et comme ça tout le monde pige bien la logique du récit. Et puis tu termines avec de belles phrases comme “l’amour, c’est ce qui est le plus important”, pour faire passer des bonnes vibes. Peace & Love, man!
– Mais tu penses que c’est assez original comme ça?
– Attends, mec. On va s’amuser un peu avec le logiciel d’étalonnage et les effets visuels. Oh! Mieux! Regarde ça, mec! J’ai trouvé une caméra thermique! Délire!
– Trop cool, man! Ca fait des couleurs psyché… psyché… bordéliques.
– Ben voilà. On filme tout le récit comme ça! Trop la classe!
– Un putain de film ! T’es un génie, mec!
Oui, mais le prochain film du “génie”, ce sera sans nous… Aggro Dr1ft ne dure “que” 80 mn, mais cela semble durer une éternité. C’est un concentré de dialogues ringards, même pas dignes d’une série Z et distillant une pseudo philosophie à deux cents, de musiques soûlantes et de couleurs criardes aptes à dérouter même les nostalgiques du “flower power” et des délires psychédéliques des seventies.
On dirait vraiment le trip d’un auteur sous acide qui s’amuse avec toutes les fonctions de sa caméra et veut faire passer ça pour un chef d’oeuvre d’art moderne. Pas de bol, “mec”, cette année, c’est la Biennale d’architecture à Venise, donc un film bien structuré, avec un vrai synopsis, des vrais plans, cela aurait été plus approprié. Là, le bidouillage avec la caméra thermique, désolé, mais ça ne nous fait ni chaud ni froid…
Comment noter ce truc ?
Mmm, à un moment, l’un des personnages, appelons-le “Toto”, finit décapité.
La tête à Toto? Zéro+Zéro= 0…
Contrepoints critiques
”That plot doesn’t matter in a work that more or less eschews plot altogether to focus on pure visual and sonic sensations, certainly to the detriment of anyone looking for a good story.”
(Jordan Mintzer – The Hollywood reporter)
”Aggro Dr1ft » di Harmony Korine sembra pensato per scoraggiare lo spettatore, ma non è una provocazione, è uno dei film a cui ho più continuato a pensare tra quelli visti a Venezia”
(“AggroDr1ft semble conçu pour décourager le spectateur, mais ce n’est pas une provocation. C’est un des films auxquels je continue à penser après Venise”)
(@NicolaLagioia sur X)
”Aggro Dr1ft is a visceral sensory experience that, though it grows occasionally repetitive, always remains fascinating to look at, think about, and even chuckle at for its juvenile sensibilities.”
(Siddhant Adlakha – IGN)
”Dumbest shit I’ve ever seen. Mesmerized by every second of it. Aggro Dr1ft won’t work for everyone but there’s absolutely an audience who is going to dig it and turns out I’m among them. A Terrence Malick movie shot through a wormhole and vaporized into demon puke”
(@withbrotherbro sur X)
Crédits photos : Tous droits réservés – images fournies par La Biennale di Venezia