Un grand merci à Sidonis Calysta pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le DVD du film « Les grands espaces » de William Wyler.
« Si les femmes étaient sincères, elles diraient que les meilleurs maris sont ceux que l’on craint ! »
L’histoire d’un capitaine de navire qui s’aventure dans l’Ouest et qui ne trouve sur son chemin que trahison et jalousie. Alors que ce héros peu enthousiaste se retrouve emporté au sein d’une rivalité dangereuse, il devra se résoudre à sauver sa propre vie mais aussi celle de la femme qu’il aime…
« Dans l’ouest, on juge un homme à sa faculté à se défendre ! »
Alsacien de naissance (du temps où celle-ci était allemande), William Wyler débute sa formation de musicien au conservatoire de Paris avant de migrer vers la Californie au début des années 20, où il rejoint un lointain cousin de sa mère qui s’est lancé avec succès dans la toute jeune industrie cinématographique en fondant le studio Universal. Embauché d'abord pour des tâches administratives, il se voit très rapidement confier ses premières réalisations. Mais c'est à partir des années 30 qu'il s'imposera réellement comme l'un des cinéastes les plus importants d'Hollywood. Et pour cause, ce spécialiste des grandes fresques mélodramatiques enquille alors avec une incroyable régularité les succès commerciaux (« L’insoumise », « Madame Miniver », « Les plus belles années de notre vie », « L’héritière »). Et les récompenses (trois Oscars du meilleur réalisateur et une Palme d’or). Mais plus encore que sa longévité, Wyler surprend aussi en réussissant dans des registres où on ne l'attend pas toujours, qu’il s’aventure sur le terrain de la comédie romantique (« Vacances romaines ») ou sur celui du péplum avec « Ben Hur », qui fut longtemps le film le plus primé aux Oscars avec onze statuettes. Juste avant cette triomphale incartade dans l’univers du péplum, il s'essaye un temps au western, genre phare s'il en est du cinéma américain dont il n'est cependant pas coutumier (il a tout de même réalisé « Le cavalier du désert » en 1940), le temps de deux films: « La loi du seigneur » (1956) et « Les grands espaces » (1958).
« S’il y a quelque chose que j’admire plus encore que la dévotion de mes amis, c’est la haine de mes ennemis ! »
Adaptation du roman éponyme de Donald Hamilton (dont les romans inspireront notamment le western « Le souffle de la violence » de Rudolph Maté en 1954 ainsi que la saga des « Matt Helm » avec Dean Martin), « Les grands espaces » est un western original en ce qu’il est centré sur l’arrivée d’un pied-tendre de la côte est dans cet ouest sauvage lointain et en pleine expansion. Soit la confrontation de deux mondes que tout oppose : celui policé et éduqué des grandes villes, et celui plus rude et surtout plus rustre des grands espaces sauvages. Car l’ouest n’est encore qu’un vaste front pionnier à conquérir, évoluant alors en marge de toute civilisation, et ne connaissant de loi que celle du plus fort. Et le plus fort, c’est à la fois celui qui tire le plus vite, qui frappe le plus fort et qui, surtout, possède la terre. Un titre que se disputent deux patriarches cruels et despotiques, incapables de tolérer la présence d’un rival menaçant leur monopole, même sur un territoire aussi immense. Dandy élégant et maniéré, le héros devra ainsi trouver sa place et s’affirmer dans un monde qui n’est pas le sien et dont il rechigne à accepter les règles brutales. Sauf pour gagner le respect de ses détracteurs (formidable scène de duel aux poings contre Charlton Heston) et tenter d’apaiser les situations critiques. A l’image de cette incroyable séquence où le héros s’évertue à dresser un cheval réputé indomptable, qui souligne sa faculté à s’adapter à son environnement et à tempérer les ardeurs de ceux qui l’entourent. Avec au final cette interrogation de savoir si, au fond, la plus grande force de l’Homme ne serait pas la sagesse qui lui impose de chercher à vivre en paix. Wyler signe ainsi avec « Les grands espaces » un immense western lyrique, tout en nuances et en finesse, et parfaitement servi par un casting de très haut vol, dominé notamment par les interprétations mémorables de Gregory Peck, Burl Ives (lauréat pour ce film de l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle) et de Jean Simmons. Magistral.
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Le DVD : Le film est présenté dans une copie Haute-Définition tirée d’un Master restauré 4k, et proposé en version originale américaine (2.0) ainsi qu’en version française (2.0). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une présentation signée Patrick Brion.
Édité par Sidonis Calysta, « Les grands espaces » est disponible dans la collection Silver en DVD ainsi qu’en combo blu-ray + DVD depuis le 17 novembre 2022.
Le site Internet de Sidonis Calysta est ici. Sa page Facebook est ici.