Troisième long métrage de Lucie Borleteau après "Fidelio, l'Odyssée d'Alice" (2014) et "Chanson Douce" (2019). Avec ce projet elle aborde le strip-tease, elle précise : "Nous avions parfaitement conscience que nous abordions un sujet délicat. À mon Seul Désir est une ode à la liberté. Le personnage quenous suivons franchit les différentes limites auxquelles sont confrontées les travailleuses du sexe, sans être une victime - et sans pour autant dire que c'est la panacée, bien sûr. Au-delà de cette question, je crois à un monde où les femmes peuvent prendre tous les risques sans être punies pour cela. Je suis pour un féminisme pro-choix, polyphonique, complexe. Je n'ai pas de leçon à donner. L'art est là pour rendre compte de la complexité du réel et pour nous faire nous poser des questions, nous bousculer et, le cas échéant, nous faire changer d'avis." La réalisatrice-scénariste co-signe le scénario avec Clara Bourreau qui a écrit récemment le film "Divertimento" (2023) de Marie-Castille Mention-Schaar. Film interdit au moins de 12 ans... Une jeune femme prépare une thèse et pour son étude elle décide de devenir strip-teaseuse. Elle entre dans un univers très érotisé qui désinhiber bientôt. Elle devient Aurore et prend vite goût à ce travail tabou au point de franchir certaines limites...
La jeune femme qui ose est incarnée par Louise Chevillotte révélée dans "L'Amant d'un Jour" (2017) et "Le Sel des Larmes" (2020) tous deux de Philippe Garrel et vue depuis dans "Benedetta" (2021) de Paul Verhoeven et "L'Événement" (2021) de Audrey Diwan. Elle a pour collègue Zita Hanrot vue dernièrement dans "Rouge" (2020) de Farid Bentoumi et "Annie Colère" (2022) de Blandine Lenoir, Sieme Miladi révélée dans "Mektoub my Love : Canto Uno" (2018) de Abdellatif Kechiche et vue depuis dans la série TV "Or Noir" (2020-2021), Yuliya Abiss aperçue dans "La Revanche des Crevettes Pailletées" (2022) de Cédric Le Gallo et Maxime Govare, Céline Fuhrer qui retrouve sa réalisatrice de "Chanson Douce" (2021) et vue ensuite dans l'excellent "Oranges Sanguines" (2021) de Jean-Christophe Meurisse, Laure Giappiconi aperçue dans "La Douleur" (2018) de Emmanuel Finkiel, qui retrouve après "Fidelio, l'Odyssée d'Alice" (2014) Lucie Borleteau ainsi que son partenaire Melvil Poupaud vu dans "Frère et Soeur" (2022) de Arnaud Desplechin, "Petite Fleur" (2022) de Santiago Mitre, "Un Beau Matin" (2022) de Mia Hansen-Love et "Les Jeunes Amants" (2022) de Carine Tardieu, Pedro Casablanc vu dans "L'Homme aux Mille Visages" (2017) de Alberto Rodriguez, "Douleur et Gloire" (2019) et "Madres Paralelas" (2021) tous deux de Pedro Almodovar ou "La Ruse" (2022) de John Madden, puis enfin Thimotée Robard vu dans "Vif-Argent" (2019) de Stéphane Batut et "Les Magnétiques" (2021) de Vincent Maël Cardona... L'univers du strip-tease a déjà été abordé au cinéma avec quelques bons films comme "Showgirls" (1996) de Paul Verhoeven, "Dancing at the Blue Iguana" (2001) de Michael Radford ou "Go Go Tales" (2012) de Abel Ferrara, mais malgré un sujet un brin différent (la maison close) le film dans son approche se rapproche bien plus du récent "La Maison" (2022) de Anissa Bonnefont. Car oui la frontière entre le strip-tease et la prostitution s'avère floue et en tous cas très difficile à séparer de corps comme de l'esprit.
D'ailleurs c'est le petit défaut du film, car le récit vire assez nettement d'un sujet à l'autre. Au début on est au sein de l'établissement, où les costumes et masques permettent aux filles de jouer un spectacle face à un public de solitaires. Des mini spectacles inégaux mais qui montrent bien l'atmosphère et le style divers du milieu comme Lucie Borleteau l'explique : "J'ai rencontré des femmes qui expérimentaient toutes sortes de choses sur scène avec de la joie. Beaucoup aiment faire le pitres, osent, repoussent les limites de la bienséance et cela fait rire les spectateurs. Par ailleurs, nous avons tourné après les confinements successifs dans l'idée que rien en remplace le lien à l'autre. Dans ces clubs, il y a aussi une clientèle d'habitués, de gens seuls qui viennent chercher du réconfort." Néanmoins, le film qui se veut féministe, tente de démontrer que le strip-tease est un ode à la liberté, que c'est fun et glamour et c'est bien là le soucis car si certaines femmes aiment et s'épanouissent dans ce travail ce n'est assurément pas la majorité et surtout jamais le film traité le sujet sur le fond... ATTENTION SPOILERS !... Par exemple la réalisatrice-scénariste veut montrer que ce sont des femmes instruites, au moins une car elle parle japonais, qu'elles sont vénales (prendre 4000 balles pour un service non rendu), pourquoi elles passent à la prostitution et quelle est la ligne jaune ?!... FIN SPOILERS !... Et enfin, la dernière partie délaisse le strip pour la prostitution et dévie vers une histoire amoureuse touchante mais brin hors sujet. Le duo Hanrot/Chevillotte fonctionne bien, avec une jolie osmose. Un film qui n'ose finalement traité le sujet sur le fond, qui a bien du mal à décrire et/ou maintenir le strip hors lien avec le sexe ; certaines séquences laissent perplexes où comment le film se prend les pieds dans le tapis, le strip étant quasiment du porno. Un film maladroit bien qu'intéressant et magnifiquement joué.
Note :