Juste après l'écossais David Mccallum voilà que c'est l'Irlande qui voit partir un des siens avec la mort de l'acteur Michael Gambon survenue ce 27 septembre 2023 (et non pas le 28 comme trop souvent indiqué dans les médias français, le 28 correspondant en fait à l'annonce officielle des enfants) à l'âge de 82 ans.
Né en 1940 à Dublin (Irlande) d'une mère couturière et d'un père ingénieur. Après la Seconde Guerre Mondiale il faut reconstruire Londres, c'est ainsi que la famille déménage dans la capitale britannique avec comme bénéfice d'obtenir également la nationalité. Le jeune Michael John Gambon est d'abord élève dans une école de garçons catholique à l'enseignement stricte, puis fréquente le College St Aloysius, puis une école secondaire de Crayford mais dont il sort sans diplôme à 15 ans. Il trouve finalement une formation d'apprenti outilleur chez Vickers-Armstrong jusqu'à devenir technicien en ingénierie qualifié. Un métier qu'il va effectué jusqu'à ses 22-23 ans et durant lequel il va se passionner jusqu'à collectionner des armes, horloges, montres et autres objets anciens dont les voitures.
Un jour il tente un coup de poker en écrivant une lettre à Michael Mac Liammoir, alors impresario du Dublin' Gate Theatre et y joint un CV décrivant une carrière riche mais totalement imaginaire. Le culot fonctionne bien et il est engagé. Alors qu'il épouse à la même période Anne Miller, une mathématicienne, il joue dans sa première pièce de théâtre, "Othello" (1962) qui précède une tournée européenne. Un an plus tard, lors d'une audition avec le monologue d'ouverture de "Richard III" d'après Shakespeare il est remarqué par un certain Laurence Olivier star et légende du théâtre britannique qui le recrute. Suit ainsi une longue collaboration au théâtre avec le maître du genre au théâtre The Old Vic à Londres mais pas que puisqu'il joue dans son premier long métrage dans la foulée, une nouvelle adaptation de "Othello" (1965) de et avec Laurence Olivier avec deux autres jeunes comédiens, Maggie Smith et son ami Derek Jacobi.
Mais le cinéma ne fait pas vraiment appel à lui, tandis qu'il reste un homme de théâtre. Ainsi durant près de deux décennies il va se focaliser sur les planches en devenant un des plus grands comédiens de la scènes britanniques à l'exception de quelques seconds rôles au cinéma dont "Nothing but the Night" (1972) de Peter Sasdy ou "Le Mystère de la Bête Humaine" (1974) de Paul Annett, deux films où il a pour partenaire Peter Cushing.
On commence à revoir l'acteur sur grand écran à partir du milieu des années 80 avec "Turtle Diary" (1985) de John Irvin avec Glenda Jackson et Ben Kingsley ou "Paris by Night" (1988) de David Hare où il est l'époux de Charlotte Rampling, il a un second rôle dans "Une Saison Blanche et Sèche" (1989) de Euzhan Palcy au sein d'un casting prestigieux dont Marlon Brando, mais il refait surtout parler de lui avec le film "Le Cuisinier, le Voleur, sa Femme et son Amant" (1989 - ci-dessous) de Peter Greenaway avec entre autre Helen Mirren, Tim Roth ou Ciaran Hinds.
Presque par hasard, l'acteur reçoit soudain plusieurs projets et les tournages commencent à se multiplier avec un film mafieux "Les Indomptés" (1991) de Michael Karbelnikoff, "Toys" (1992 - ci-dessous) de Barry Levinson avec Robin Williams, "Les Leçons de la Vie" (1995) de Mike Figgis ou un petit rôle dans "Two Deaths" (1995) de Nicolas Roeg.
Toujours actif sur les planches l'acteur voit pourtant sa carrière sur grand écran prendre également un envol tardif qui s'accélère après "Mary Reilly" (1996) de Stephen Frears où il est le père de l'héroïne jouée par Julia Roberts. Il se fait un habitué des films historiques ou en costume avec "Les Ailes de la Colombe" (1997) de Iain Softley avec Helena Bonham Carter et Charlotte Rampling, "Le Joueur" (1997 - ci-dessous) de Karoly Makk où il incarne Fiodor Dostoïevski, "Guns 1748" (1999) de Jake Scott où il fait face à Johnny Lee Miller et Robert Carlyle.
Une fin de siècle prolifique pour l'acteur puisqu'il enchaîne avec "The Last September" (1999) de Deborah Warner avec Lambert Wilson et Jane Birkin et sur lequel il retrouve son amie Maggie Smith, "Révélations" (1999) de Michael Mann avec Russell Crowe et Al Pacino, puis le chef d'oeuvre gothique "Sleepy Hollow" (1999 - ci-dessous) de Tim Burton avec Johnny Depp, Christopher Walken et Christina Ricci.
Il participe dans des rôles mineurs à la comédie policière "Rouge à Lèvres et Arme à Feu" (2001) de Mel Smith ou dans le conte "Un Chant de Noël" (2001) de Jimmy T. Murakami, "Charlotte Gray" (2001) de Gillian Armstrong, et retrouve un rôle central dans le magnifique drame "Gosford Park" (2001 - ci-dessous) de Robert Altman où il retrouve plusieurs compagnons comme Maggie Smith, Helen Mirren et Derek Jacobi.
Il ose la comédie délirante en croisant Sacha Baron Cohen dans "Ali G" (2002) de Mark Mylod, part au far-west dans "Open Range" (2003 - ci-dessous) de et avec Kevin Costner et croise un couple de poètes dans le biopic "Sylvia" (2003) de Christine Jeffs avec Gwyneth Paltrow et Daniel Craig.
L'acteur connaît alors une nouveau regain d'intérêt et pas des moindres, puisqu'il est choisit pour remplacer le défunt Richard Harris pour incarner un certain Artus Dumbledore dans le film n°3 de la franchise avec "Harry Potter et le Prisonnier d'Azkaban" (2004 - ci-dessous) de Alfonso Cuaron où il retrouve plusieurs partenaires qu'il connaît bien avec en premier lieu Maggie Smith. Le succès de la saga lui offre une popularité aussi inédite que mondiale.
Soudain les propositions se multiplient d'autant et en quelques mois il tourne dans "Adorable Julia" (2004) de Istvan Szabo, "Capitaine Sky et le Monde de Demain" (2004) de Kerry Conran, "Layer Cake" (2004 - ci-dessous) de Matthew Vaughn et "La Vie Aquatique" (2004) de Wes Anderson retrouvant entre autre plusieurs fois Daniel Craig ou Gwyneth Paltrow.
En quelques mois il devient un acteur omniprésent après 4 décennies. Il reprend son personnage de sorcier avec "Harry Potter et la Coupe de Feu" (2005) de Mike Newell suivi des opus "Harry Potter et l'Ordre du Phénix" (2007) et "Harry Potter et le Prince de Sang Mêlé" (2009) tous deux de David Yates.
Entre temps il tourne pourtant bien d'autres films abordant tous les genres, l'espionnage avec "Raisons d'Etat" (2006 - ci-dessous avec Matt Damon) de et avec Robert De Niro, le film d'horreur "La Malédiction" (2006) de John Moore, le drame historique avec "Amazing Grace" (2006) de Michael Apted, qui seront suivi du film d'anticipation "Le Livre d'Eli" (2010) des frères Hughes, le film historique oscarisé "Le Discours d'un Roi" (2010) de Tom Hooper et retrouve un casting quatre étoiles en prêtant sa voix pour le film d'animation "Fantastic M. Fox" (2010) de Wes Anderson.
Il est de nouveau Dumbledore mais de façon plus "spectrale" pour terminer la saga pour l'ultime dyptique "Harry Potter et les Reliques de la Mort 1 & 2" (2010-2011) de David Yates. La fin de la saga n'est heureusement pas un coup de frein, après près d'une dizaine d'années au sein de Poudlard il a pu se faire une place également sur grand écran.
Il retrouve une énième fois Maggie Smith dans "Quartet" (2012 - ci-dessous) de Dustin Hoffman dont c'est le premier long métrage en tant que réalisateur, il prête à nouveau sa voix pour le film "Paddington" (2014) de Paul King, mais aussi pour être le narrateur de "Ave, César !" (2016) des frères Coen puis retrouve plusieurs films de suites les costumes et la grande Histoire avec "La British Compagnie" (2016) de Oliver Parker, "Le Dernier Vice-Roi des Indes" (2017) de Gurinder Chadha, "Confident Royal" (2017) de Stephen Frears jusqu'au plus musclé "Kingsman : le Cercle d'Or" (2017) de Matthew Vaughn.
Il prête à nouveau sa voix pour la suite "Paddington 2" (2017) de Paul King, retrouve des amis comme Michael Caine et Jim Broadbent dans "Gentlemen Cambrioleurs" (2018) de James Marsh, retrouve la comédie absurde avec "Johnny English Contre-Attaque" (2018) de David Kerr, accepte une simple apparition (homme du restaurant) dans "Ma Vie avec John F. Donovan" (2019) de Xavier Dolan avant un dernier rôle de cinéma dans le biopic "Judy" (2019 - ci-dessous) de Rupert Goold avec Renée Zellweger dans le rôle de Judy Garland.
Si l'acteur demeure avant tout un grand homme de théâtre, il a pu construire dans la seconde partie de sa vie une jolie carrière cinéma avec un nombre de grands films qui reste impressionnant. Mais il a aussi tourné pour la télévision en commençant presque logiquement par du Shakespeare avec le téléfilm "Beaucoup de Bruit pour Rien" (1967) de Alan Cooke. Notons par ailleurs qu'il a été primé le plus souvent pour ses performances à la télévision avec 4 BATA (British Television Award) pour "The Singing Detective" (1987), "Wives and Daughter" (2000), "Longitude" (2001) et "Perfect Strangers" (2002).
L'acteur était un pilote qualifié, et son amour des voitures lui a valu d'être invité plusieurs fois par l'émission de la BBC "Top Gear" où il a piloté des voitures de tourisme de façon impressionnante, à tel point qu'un virage de leur circuit à été surnommé en son honneur "Gambon Corner".
Il épousé la mathématicienne Anne Miller en 1962, avec qui il a eu un fils Fergus devenu expert en céramique. Il a quitté sa femme en 2001 et leur domicile du Kent pour une femme de 25 ans sa cadette avec qui il a trois fils nés entre 2007 et 2009.
Michael Gambon est mort dans un hôpital de l'Essex des suites d'une pneumonie ce mercredi 27 septembre 2023 à l'âge de 82 ans.