Burning days

Par Dukefleed
Rat des villes et rat des champs

Un jeune procureur urbain débarque dans une petite ville d’Anatolie pour exercer son métier. La tache va être plus que compliquée pour celui qui pense que faire appliquer le droit de partout uniformément est possible en Turquie. Très vite, il va se heurter aux notables du coin bien décidés à ne pas laisser un blanc bec de l’intelligentsia remettre en question des pratiques politiques, rites et corruption bien ancrés dans les usages locaux… voir même acceptés par la population.

Ce film projeté à Cannes en 2022 dans la section « Un certain regard » à quelques mois de l’élection présidentiel turque est un brulot contre un régime corrompu dans lequel les oppositions et la presse sont muselés. En modèle réduit, dans ce bourg perdu au milieu des montagnes, la difficulté de faire appliquer l’ordre est bien pointée du doigt : la juge n’est pas prompt à faire appliquer la loi, le maire est une sorte de monarque local, le journaliste est en fait le leader de l’opposition,… Notre procureur est vraiment tombé dans un nid de crabe. Petit à petit, l’étau se resserre autour de lui et le film tourne au thriller politique. Pris dans un traquenard, lui qui se veut irréprochable n’est peut-être pas le chevalier blanc qu’il comptait être. Dans ce monde sans pitié, son intégrité physique est de plus en plus sur la sellette. La tension monte dans un crescendo impitoyable pour donner un film haletant ; c’est un cauchemar éveillé mais pas que… Le cauchemar a proprement parlé fait office aussi de fil rouge tout au long du film. Ce mécanisme narratif s’épuise même un peu dans la seconde moitié du film.

Pour la dénonciation de la corruption des élites, de leur violence extrême via à vis de leurs opposants ; pour la paranoïa dénoncée dans ce pays autoritaire ; c’est un incontournable de l’année. Un film courageux bien entendu porté par une réflexion glaçante.

Sorti en 2023

Ma note: 15/20