Le Souffle de la Tempête (1978) de Alan J. Pakula

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Après le succès critique et public de l'excellent et brûlant "Les Hommes du Président" (1976) le réalisateur Alan J. Pakula s'intéresse à un projet du genre "western moderne" en adaptant un scénario original nommé "Comes a Horseman Wild and Free" signé de Dennys Lynton Clark, qui a d'abord été décorateur-costumier enre autre sur le tournage de "Un Homme nommé Cheval" (1970) de Elliott Silverstein et "Le Convoi Sauvage" (1971) de Richard C. Sarafian tous deux avec Richard Harris, deux westerns qui aurton sans doute inspiré le scénariste qui oeuvrera plus tard essentiellement pour la télévision. Le tournage a été endeuillé par la mort d'un cascadeur mort après avoir heurté un poteau alors qu'il devait être traîné par un cheval, scène gardé et qu'on peut voir dans le film juste coupé logiquement juste avant le drame. Le film connaît un échec en salles engrangeant légèrement moins que son budget de 12 millions de dollars... Juste après la Seconde Guerre Mondiale, Deux soldats démobilisés se sont associés pour se lancer dans un élevage et envisager l'avenir au calme dans un ranch. Ils ont pour voisin Ella Connors, et J.W. Ewing qui a depuis longtemps des vues sur Ella mais aussi sur ses terres. Les deux soldats sont aussi une épine dans les ambitions de Ewing, digne héritier des barons de l'Ouest... 

La belle de l'Ouest est incarnée par Jane Fonda star entre autre de "la Poursuite Impitoyable" (1966) de Arthur Penn et "On achève bien les Chevaux" (1969) de Sydney Pollack, qui retrouve son réalisateur après "Klute" (1971) et elle retrouve juste après "Julia" (1977) de Fred Zinnemann son partenaire Jason Robards qui était de "les Hommes du Présidents" (1976) et particulièrement remarqué dans les westerns "Il était une fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone, "Un Nommé cable Hogue" (1970) et "Pat Garrett et Billy the Kid" (1973) tous deux de Sam Peckinpah. Citons ensuite le vétéran Richard Farnsworth cascadeur et acteur spécialiste du western comme dans "la Rivière Rouge" (1948) de Howard Hawks ou "Josey Wales Hors-la-Loi" (1976) de et avec Clint Eastwood avant un dernier périple dans le touchant "Une Histoire Vraie" (1999) de David Lynch, il retrouvera dans "Misery" (1990) de Rob Reiner l'acteur James Caan star des seventies avec "Le Parrain" (1972) de Francis Ford Coppola, "Rollerball" (1975) de Norman Jewison ou "Tueur d'Elite" (1975) de Sam Peckinpah, il retrouve après "El Dorado" (1966) de Howard Hawks un autre vétéran, Jim Davis vu dans de nombreux westerns dont justement "La Captive aux Yeux Clairs" (1952) et "Rio Lobo" (1970) tous deux également de Howard Hawks, qui retrouve Pakula après "À Cause d'un Assassinat" (1974) et qui sera surtout populaire juste après en fin de carrière en étant un certain Ewing (pas le même !) dans la série TV "Dallas" (1978-1981). Citons encore George Grizzard surtout vu à la télévision mais dont on peut citer en fin de carrière "Escrocs mais pas Trop" (2000) de et avec Woody Allen et "Mémoires de nos Pères" (2006) de Clint Eastwood, Mark Harmon dans son premier rôle sur grand écran avant de réellement devenir une star populaire sur le petit avec la série TV "NCIS" (2003-2021), James Keach (frère de Stacy) qui tourne là entre "Cannonball !" (1976) de Paul Bartel et "Le gang des Frères James" (1980) de Walter Hill, puis enfin Macon McCalman vu dans "Delivrance" (1972) de John Boorman et qui retrouvera Pakula pour "Une Femme d'Affaires" (1981)... Qu'on ne s'y trompe pas, Alan J. Pakula signe bel et bien un western en reprenant les codes malgré qu'on soit en 1945-47 et que la Conquête de l'Ouest est à priori fini depuis longtemps. Mais l'Ouest offre encore de grandes régions sauvages, peuplé encore d'amoureux de cet Ouest sauvage avec tout ce qu'il y a de mythique et surtout de nostalgique. On pense alors à d'autres westerns "modernes" qui justement montrent l'évolution rapide et la modernisation galopante qui brise le calme des monts et vallées. Citons dans le genre parmi les plus fameux "The Misfits" (1961) de John Huston ou "Seuls sont les Indomptés" (1962) de David Miller.

On retrouve donc un canevas bien connu, de petits ranchers qui survivent dans la tradition du far-west alors qu'un baron du bétail dont l'ambition est de s'agrandir à outrance, symbole du capitalisme Roi à l'américaine. Mais cette fois, on se situe fin des années 40, un des cowboys revient du front, une femme dans un milieu d'homme qui n'est déjà plus une jeune femme (comme c'est souvent le cas) et un baron qui se voit encore au temps de sa splendeur et qui se croit encore aussi puissant qu'avant. Le film se fait assez lancinant, calme, presque contemplatif mais avec la sensation que justement le réalisateur n'a pas osé assumer cette option à fond. On s'attarde sur des paysages magnifiques, on montre plusieurs séquences assez redondantes du travail de ranchers, essentiellement des chevauchées nerveuses, quelques gros plans spécifiques au Ewing/Robards comme pour tenter de scruter un passé forcément plus prestigieux, mais au final on reste sur notre faim surtout parce que les personnages sont en fait trop peu étoffés ; en effet, la femme reste la plus intéressante et la plus touchante (avec une Jane Fonda sans maquillage), sinon son employé (excellent Farnsworth nommé à l'Oscar) est typique du vieux briscard, le cowboy a un passé militaire sans conséquence pour l'intrigue ou la récit même indirectement, le baron se tient en costard et fixe du regard sans chercher plus loin. Il manque un peu de densité dans ces personnages un peu trop lisses, à l'instar de cette volonté de montrer une facette réaliste du travail de vacher  sans être spécialement passionnant. Un "petit" western aux thématiques passionnantes, avec quelques scènes émouvantes et/ou très belles mais le tout est trop sage ou trop attendu pour faire oublier les grands films sur les mêmes sujets. 

Note :                 

12/20