Second Tour (2023) de Albert Dupontel

Par Seleniecinema @SelenieCinema

8ème long métrage de Albert Dupontel depuis "Bernie" (1996) et après "Adieu les Cons" (2020) qui revient avec une nouvelle comédie satirique qui lui a été inspiré après avoir vu le documentaire "Bobby Kennedy for President" (2018) et surtout son discours où il annonce la mort de Martin Luther King : "Pour la première fois je voyais la puissance d'une parole politique improvisée donc sincère, sa puissance émotionnelle et poétique (il cite de mémoire un poème d'Eschyle). Et au final la seule ville des Etats-Unis où il n'y a pas eu d'émeute raciale est Indianapolis. À partir de là, mon esprit rocambolesque a eu envie de bâtir une fable : Et si Robert Kennedy n'avait rien dit de ses véritables politiques et sociales ? Quelques semaines avant son assassinat, Romain Gary l'avait averti "Est-ce que vous vous rendez compte qu'ils vont vous tuer ?". Robert Kennedy avait répondu qu'il le savait. Cette détermination à la fois héroïque et résignée a été le point de départ de mon personnage imaginaire Pierre-Henry Mercier." Comme à son habitude Dupontel assume les postes de réalisateur-scénariste qui signe un film qui rappelle forcément son rôle dans "Président" (2006) de Lionel Delplanque... Mademoiselle Pove, journaliste politique en disgrâce auprès de sa chaîne est désormais placée en rubrique football, tout comme son cameraman Gus. Par une succession d'événements dont un attentat qui a visé le candidat favori à l'élection présidentielle, Pierre-Henry Mercier qu'elle a connu par le passé, Mademoiselle Pove retrouve son poste au service politique... 

Le candidat est interprété par le cinéaste lui-même, jouant comme d'habitude dans son film entre d'autres rôles pour d'autres comme ses caméos dans "Mon Cousin" (2020) de Jan Kounen et "Big Bug" (2022) de Jean-Pierre Jeunet, il retrouve après "Fauteuils d'Orchestre" (2006) de Danièle Thompson sa partenaire Cécile De France vue récemment dans "Les Jeunes Amants" (2022) de Carine Tardieu et "La Passagère" (2022) de Héloïse Pelloquet. Dupontel fait appel encore à ses acteurs fétiches en premier lieu Nicolas Marié qui joue dans tous les films de son ami et qui se sont retrouvés aussi dans "Big Bug" (2022) de Jean-Pierre Jeunet, Philippe Uchan pour leur 9ème collaboration dont 7 film de Dupontel et vu récemment dans "L'Amour et les Forêts" (2023) de Valérie Donzelli et "Coup de Chance" (2023) de Woody Allen, Jackie Berroyer qui joue pour la 4ème fois avec Dupontel, Bouli Lanners qui retrouve Dupontel pour la 11ème fois dont 4 films sous la direction du cinéaste et vu dernièrement dans "Un Coup de Maître" (2023) de Rémi Bezançon et "Un Métier Sérieux" (2023) de Thomas Lilti, Philippe Duquesne qui retrouve le cinéaste pour la 5ème fois et actuellement aussi en salles dans "La Fiancée du Poète" (2023) de et avec Yolande Moreau et "3 Jours Max" (2023) de Tarek Boudali, et Gilles Gaston-Dreyfus qui a rencontré Dupontel dans "Le Convoyeur" (2003) de Nicolas Boukhrief avant de jouer pour lui jusqu'à cette 4ème collaboration, puis David Marsais du Palmashow vu récemment dans "Bonne Conduite" (2023) de Jonathan Barré et qui retrouve le réalisateur-acteur pour la 3ème fois. Citons ensuite Scali Delpeyrat vu dans "Curiosa" (2019) de Lou Jeunet et "Bernadette" (2023) de Léa Domenach, Christiane Millet vu dans "Monsieur et Madame Adelman" (2017), "La Belle Epoque" (2019) et "Mascarade" (2022) tous trois de Nicolas Bedos, Uri Gavriel remarqué dans "Le Royaume" (2007) de Peter Berg, "The Dark Knight Rises" (2012) de Christopher Nolan ou "Marie Madeleine" (2018) de Garth Davis, et enfin Bertrand Usclat apparu dans "Loin du Périph" (2022) de Louis Leterrier et "Menteur" (2022) de Olivier Baroux... Notons que Dupontel décicace son film à Bertrand Tavernier (sa cinéphilie), Jean-Paul Belmondo (pour son statut et pour sa joie de vivre) et Michel Deville (parce que "La Maladie de Sachs" en 1999). On constate d'abord que l'affiche lorgne fortement sur celle de "9 Mois Ferme" (2013), puis très vite on se dit que le réalisateur-scénariste ne s'est peut-être pas beaucoup foulé trouvant des similarités avec son précédent film "Adieu les Cons" (2020), avec le duo d'"enquêteurs", le propos à message social, l'importance de la filiation et de l'abandon surtout.

On se retrouve dans un thriller politique sombre, où comment l'élection à la présidence est parasité par des secrets, manipulations allant même jusqu'à un attentat. Au départ seul le personnage du cameraman (toujours épatant Nicolas Marié) apporte un peu de légèreté. Mais heureusement, très vite le cinéaste construit son récit dans le style qu'on lui connaît, du timing et du rythme, un twist, de l'humour, de l'émotion, des personnages attachants et une mise en scène toujours inspirée, qui donne du mouvement et de l'ampleur même dans les passages les plus anodins comme ce vol d'aigle certe gratuit mais de toute beauté. Dupontel met en place une histoire solide et prenante, et surtout qui envoie un message militant clair, qui manque par contre un peu de subtilité à force de marteler que tous pourris et qu'une seule chose compte, l'écologie. Le pire c'est qu'il pousse le curseur au point où c'est forcément capillotracté ce qui ne rend pas le message très probant. Néanmoins, la sincérité de l'ensemble force le respect, et dans la forme il réussit encore magnifiquement à lier le ton grinçant à une fantaisie doux-dingue pour un équilibre idéal entre le fond et la forme. C'est donc un peu poussif parfois mais l'artiste parvient une fois de plus à nous emporter dans sa fable moderne et pertinente.

Note :                 

14/20