Après ses polars "Police Python 357" (1976), "La Menace" (1977) et son chef d'oeuvre "Série Noire" (1979) le réalisateur Alain Corneau poursuit sur le genre thriller/polar et assume sa filiation avec son maître favori, un certain Jean-Pierre Melville. Pour ce projet le réalisateur-scénariste Alain Corneau co-signe le scénario avec Michel Grisolia qui venait de signer "Flic ou Voyou" (1979) de Georges Lautner et "Je vous Aime" (1980) de Claude Berri et qui deviendra un fidèle du réalisateur Francis Girod... Noël Durieux, ex-truand, rangé des affaires, dirige désormais un haras avec son épouse Nicole. Mais son passé ressurgit quand Mickey, un malfrat au sang chaud s'impose pour se réfugier chez lui sur les conseils d'un ancien complice. Mais quand Mickey voit Noël discuter avec l'inspecteur Sarlat, il s'imagine que Noël est en train de le dénoncer et fuit. Mickey devient comme un chien enragé et perdu, hésitant à se venger tout en tentant de fuir définitivement..
Noël est incarné par Yves Montand qui retrouve Corneau après "Police Python 357" (1976), "La Menace" (1977), et retrouve après "Le Sauvage" (1975) de Jean-Paul Rappeneau sa partenaire Catherine Deneuve, qui de son côté retrouve donc Gérard Depardieu sur la même que "Le Dernier Métro" (1980) de François Truffaut et "Je vous Aime" (1980) de Claude Berri, ce dernier retrouve également Montand après "Vincent, François, Paul... et les autres" (1974) de Claude Sautet et surtout qui se retrouveront dans "Jean de Florette" (1986) de Claude Berri. Citons ensuite le commissaire joué par Michel Galabru acteur estampillé comique mais qui a aussi prouvé qu'il était bien plus que ça entre autre dans "Section Spéciale" (1974) de Costa Gravas après lequel il retrouve donc Yves Montand et surtout pour sa performance dans "Le Juge et l'Assassin" (1976) de Bertrand Tavernier. Citons encore Gérard Lanvin apparu auparavant dans "L'Aile ou la Cuisse" (1976) de Claude Zidi ou "Vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine" (1977) de et avec Coluche et qui deviendra une star avec "Marche à l'Ombre" (1984) de et avec Michel Blanc ou "Les Spécialistes" (1985) de Patrice Leconte, Richard Anconina en début de carrière apparu dans "Inspecteur la bavure" (1980) de Claude Zidi, qiu retrouve après "Asphalte" (1981) de Denis Amar son partenaire Etienne Chicot qui est aussi à la même période à l'affiche de "Hôtel des Amériques" (1981) de André Téchiné avec Catherine Deneuve, puis Pierre Forget qui retrouve Depardieu après "L'Affaire Dominici" (1973) de Claude Bernard-Aubert et vu dans "Un Sac de Billes" (1975) de Jacques Doillon ou "L'Adolescente" (1979) de Jeanne Moreau, Jean-Claude Dauphin qui retrouve Montand après "Le Hasard et la Violence" (1974) de Philippe Labro et qui sera dans le film "Le Deuxième Souffle" (2007) de Alain Corneau remake éponyme du chef d'oeuvre (1966) de Jean-Pierre Melville, Jean Rougerie qui retrouve Depardieu après "Buffet Froid" (1979) de Bertrand Blier vu auparavant dans "Lacombe Lucien" (1974) de Louis Malle ou "Que la Fête commence..." (1975) de Bertrand Tavernier, et enfin Christian Marquand vu entre autre dans "La Belle et la Bête" (1946) de Jean Cocteau, "Et Dieu... créa la Femme" (1956) de Roger Vadim ou "Apocalypse Now" (1979) de Francis Ford Coppola... Le film se situe avec intelligence à la croisée des chemins, entre deux époques, de cinéma et de genres mais aussi dans le banditisme.
En effet, en 1981, Melville est parti, le Nouvel Hollywood a tout bousculé, Montand est déjà un vétéran face à un Depardieu en pleine ascension, ils incarnent deux facettes du banditisme, Montand à l'ancienne à la façon d'un Gabin ou d'un Ventura chez Henri Verneuil ou José Giovanni, tandis que Depardieu annonce la fin d'un certain code de l'honneur, une jeunesse façon chien fou et individualiste comme la guerre des gangs qui ensanglante alors Paris et Marseille la fin des années 70 et durant les années 80. Corneau signe alors une histoire complètement contemporaine à la croisée des époque et des styles. Il matérialise même cette fracture par les décors et le statut social, mettant face à face les quartiers huppés ou le haras face aux banlieues modestes et les quartiers désoeuvrés, où comment les ex-truands qui ont su plus ou moins gérer leurs affaires voient arriver une jeunesse sans repères qui pensent révolutionner le Milieu. C'est sur ces points que Corneau signe un polar solide et prenant, ancré dans un réalisme abrupt, la partie banditisme qui fait face en quelque sorte à la partie flic de "La Guerre des Polices" (1979) de Robin Davis. En prime un casting impeccable, avec Galabru en flic démissionnaire, Lanvin en flic plein d'abnégation, Deneuve en femme fatale et dévouée, Montand en vieux briscard et surtout un Depardieu aux yeux exorbités d'un gangster dépassé dans la folie apparente cache mal sa peur et sa perdition. La tragédie est évidente et méritait un succès plus important en salles qui n'atteint pas 1,8 millions d'entrées France ce qui reste au vu du casting un accueil mitigé mais il est aussi à l'époque le plus gros succès de Alain Corneau ce qui lui permettra de réaliser "Fort Saganne" (1984) où il retrouvera le duo Depardieu-Deneuve...
Note :
16/20