Reality (2023) de Tina Satter

Par Seleniecinema @SelenieCinema

A ne pas confondre avec "Reality" (2012) de Matteo Garrone ou même "Realité" (2014) de Quentin Dupieux... Premier long métrage et même première oeuvre de la réalisatrice-scénariste Tina Satter qui co-écrit son scénario avec un autre inconnu James Paul Dallas. Ils s'inspirent d'une histoire vraie récent, l'affaire Reality Winner (Tout savoir ICI !). Une affaire qui inspire puisqu'un autre projet est en cours, "Winner" (2023) de Susanna Fogel qui sera traîté via une comédie noire... Le 3 juin 2017, Reality jeune linguiste cryptologue pour la US Air Force est arrêtée par le FBI à son domicile. La jeune femme ne comprend pas, ou ne semble pas comprendre ce qui se passe. Elle est aussitôt interrogée par des agents qui passe au crible sa jeune vie et ses débuts dans les services de renseignements. Mais pourquoi le FBI s'intéresse-t-elle à elle ?! Qui est-elle vraiment ?!...

Reality Winner est incarnée par Sydney Sweeney remarquée dans "The Ward" (2010) de John Carpenter, aperçue ensuite dans "Under the Silver Lake" (2018) de David Robert Mitchell, "Once Upon a Time in Hollywood" (2019) de Quentin Tarantino et surtout connue pour la série TV "Euphoria" (2019-...). Les agent du FBI sont joués par Josh Hamilton vu notamment dans "Away We Go" (2009) de Sam Mendes, "Manchester by the Sea" (2016) de Kenneth Lonergan, "The Meyerowitz Stories" (2017) de Noah Baumbach ou "Tesla" (2020) de Michael Almereyda, Marchant Davis révélé dans "Le Jour viendra Où..." (2020) de Chris Morris et vu ensuite dans "A Journal for Jordan" (2022) de Denzel Washington, Benny Elledge aperçu dans de nombreuses séries TV et courts métrages la plupart inconnus chez nous, puis John Way vu dans "Sweet Sunshine" (2020) de Craig McMahon, "A Love Song" (2022) de Max Walker-Silverman et "Master" (2022) de Mariama Diallo... Le film débute comme un docu-fiction particulièrement fidèle à la réalité des faits et c'ets peu de le dire puisque tous les dialogues du film sont directement retranscrit des enregistrements audios lors de la perquisition et de l'interpellation ce qui donne un cachet forcément hyperréaliste et donne une crédibilité certaine.

L'arrivée des agents du FBI est assez impressionnant, loin des habitudes hollywoodiennes on est loin de l'esbroufe et du spectaculaire avec des agents en pleine maîtrise, de soi mais aussi et surtout de l'approche psychologique du sujet. Transposer un fait réel aussi précisément est aussi le risque de tomber dans quelque chose de trop documentaire, trop figé, trop didactique comme récemment en France avec "Le Procès Goldman" (2023) de Cédric Khan. Mais heureusement la mise en scène de Tina Satter est inspirée en soulignant les regards fuyants, les silences ou les non-dits. Les plans larges sur les agents du FBI, leurs échanges plus ou moins calculés font face à une jeune femme seule, relativement paumée engoncée dans des plans plus serrés. Le récit est entrecoupé aussi d'intermèdes sur les bandes enregistreuses, ou des ellipses pour matérialiser la perte de contrôle de Reality. Des idées judicieuses et cohérentes avec les émotions forcément confuses de la jeune femme. La forme permet d'habiller un fond passionnant, entre les méthodes du FBI et les causes et conséquences des agissements de Reality, avec en prime des acteurs impeccables, les deux acteurs agents du FBI mais aussi et surtout Sydney Sweeney épatante, surtout connue jusqu'ici en jouant la pin-up, et qui prouve là qu'elle est une véritable actrice, subtile, juste et même émouvante. Un film qui tient en haleine alors même qu'on en connaît l'issue, une vraie bonne surprise.

Note :                 

16/20