De Marco Bellocchio
Avec Enea Sala, Leonardo Maltese, Paolo Pierobon
Chronique : L’Enlèvement est drame historique au classicisme soyeux et élégant derrière lequel se cache un pamphlet politique furieusement d’actualité, qui dénonce l’obscurantisme religieux et l’absurdité des dogmes.
Bellocchio raconte l’improbable rapt par l’église catholique d’un enfant juif de 7 ans soupçonné d’avoir été baptisé par sa nourrice alors qu’il était encore bébé. Selon la loi pontifical Edgardo va devoir vivre séparé des siens pour recevoir une éducation catholique auprès du Pape. A moins qu’eux-mêmes ne se convertissent.
Le réalisateur filme autant le combat perdu d’avance des parents du garçon pour le récupérer que son endoctrinement qui ajoute à la séparation physique l’éloignement spirituel.
Sa mise en scène baroque offre des plans somptueux qui sont autant de tableaux d’époque. Certains, splendides, semblent même éclairés à la bougie. Elle est accompagnée d’une musique d’orchestre assourdissante qui cadence le récit et lui donne des airs d’opéra tragique.
La reconstruction de l’Italie de la fin du 19ème siècle est quant à elle irréprochable.
Le film se fait malgré tout rattrapé par son style parfois chargé et compassé lorsqu’il s’agit de faire émerger l’émotion. La portée politique du film et la condamnation du fanatisme religieux aussi essentielles soient-elles finissent par prendre le pas sur le drame familial.
L’enlèvement est formellement prodigieux, moralement saisissant mais un peu trop didactique pour créer une réelle empathie envers ses personnages.
Synopsis : En 1858, dans le quartier juif de Bologne, les soldats du Pape font irruption chez la famille Mortara. Sur ordre du cardinal, ils sont venus prendre Edgardo, leur fils de sept ans. L’enfant aurait été baptisé en secret par sa nourrice étant bébé et la loi pontificale est indiscutable : il doit recevoir une éducation catholique. Les parents d’Edgardo, bouleversés, vont tout faire pour récupérer leur fils. Soutenus par l’opinion publique de l’Italie libérale et la communauté juive internationale, le combat des Mortara prend vite une dimension politique. Mais l’Église et le Pape refusent de rendre l’enfant, pour asseoir un pouvoir de plus en plus vacillant…