Voilà un film qui embrasse avec une grande maitrise scénaristique la Grand Histoire et les destins individuels. 1996 en Serbie, les étudiants manifestent contre l’annulation abusive d’une élection ; çà a mis le feu aux poudres, ils aspirent alors à une véritable transition démocratique. Stefan, 16 ans,est déchiré entre une mère pour laquelle il voue un amour inconditionnel mais qui est aussi la porte-parole du gouvernement de Milosevic et les aspirations révolutionnaires et de renversement du régime porté par sa génération.
Et peu importe que ayez ou non connaissance du contexte géopolitique dans cette partie des Balkans ; le cœur du film est la relation mère-fils et le dilemme auquel est confronté cet adolescent ; entre loyauté filiale et naissance de convictions politiques. Vladimir Perisic s’est associé au scénario à la talentueuse française Alice Winocour pour conter avec beaucoup de talent cette histoire d’émancipation.
Vladimir Perisic pour une mise en scène très réfléchie joue des plans avec beaucoup de maestria pour illustrer l’évolution de la relation mère-fils. Les cadres sont précis et montre bien le goulot d’étranglement dans lequel cette belle relation s’enfonce. Le choix aussi du 16mm donne au film une patine un peu vieillotte qui pourrait laisser penser à un film d’époque et qui lui confère parfois un aspect documentaire rendant crédible de bout en bout cette histoire.
Et pour porter le rôle phare, le jeune Jovan Givic, repéré dans une piscine de waterpolo, est toujours juste pour son premier film qui lui valut à Cannes, le prix de la révélation lors de la semaine de la critique.
Seule ombre au tableau selon moi, pourquoi choisir cette fin là ? Il y avait 4 pistes possibles pour conclure le film, même certaines aussi dramatiques que celle retenue : l’amour sauveur, l’acte de rébellion tragique, … Alors pourquoi choisir ce final perturbant n’apportant rien de plus cette histoire passionnante ?
Beau film bien construit et plein de belles intentions ; à découvrir.
Sorti en 2023
Ma note: 15/20