Voici une comédie méconnue malgré un casting assez exceptionnel. Le film est réalisé par Pierre Chevalier lui-même assez méconue malgré quelques succès comme "Les Impures" (1954), "Fernand Clochard" (1957) ou "Le Bon Roi Dagobert" (1963), un réalisateur qui s'orientera avec les années 70 vers les films érotiques. Pour ce nouveau projet, il adapte en fait les oeuvres autour de "Une famille bien française" (50-60) signée du dessinateur Jean Bellus et qui se focalise justement sur le personnage de Clémentine. Le scénario est signé de Bellus lui-même, en collaboration avec le réalisateur, mais aussi avec Raymond Caillava auteur de sept films de Raoul André entre 1954 et 1957 mais aussi de "Horizons sans Fin" (1953) de Jean Dréville et "Cigarettes, Whisky et P'tites Pépées" (1959) de Maurice Regamey, Michel Fermaud qui écrira plus tard "L'Homme qui aimait les Femmes" (1977) de François Truffaut et "L'Homme à Femmes" (1983) de Blake Edwards, puis enfinavec Jean-Rosé Richer qui vient de se faire remarquer pour le scénario de "L'Eau à la Bouche" (1959) de Jacques Doniol-Valcroze... Monsieur Bellus, cadre dans une maison de textile est aux anges quand son ingénieur réussit par accident à mettre au point un tissu élastique révolutionnaire. Le directeur lui fait alors un pont d'or alors qu'au même moment son ingénieur li avoue qu'il a perdu la formule. Mais la promotion de ce tissu est lancée et un défilé de miss est organisé avec à l'honneur la propre fille de monsieur Bellus mais c'est la catastrophe quand on s'aperçoit que le tissu s'avère transparent quand il est vu à travers une photographie ou télévision...
Le casting est composé d'acteurs solides et populaires, très prolifiques qui ont pour la plupart déjà tourné ensemble ou qui tourneront encore plusieurs fois ensemble. Dans le rôle titre il y a France Anglade remarquée peu de temps avant dans "La Dénonciation" (1962) de Jacques Doniol-Valcroze et "Les Dimanches de Ville d'Avray" (1962) de Serge Bourguignon.Ses parents sont joués par Adrienne Servante surtout connue pour son rôle dans "Mon Oncle" (1958) de et avec Jacques Tati, et Pierre Doris justement vu dans "Cigarettes, Whisky et P'tites Pépées" (1959) et qui retrouve Pierre Chevalier juste après "Le Bon Roi Dagobert" (1963) après lequel il retrouve ses partenaires Jacques Dufilho et Michel Galabru qui se retrouvent eux aussi après "La Guerre des Boutons" (1962) de Yves Robert. Citons ensuite Philippe Noiret qui retrouve Dufilho après "Zazie dans le Métro" (1960) de Louis Malle et Pierre Doris après "La Porteuse de Pain" (1963) de Maurice Cloche à l'instar de Max Montavon acteur récurrent chez Georges Franju qui retrouve après "Babette s'en va-t-en Guerre" (1959) de Christian-Jaque l'inénarrable Noël Roquevert qui est aussi dans "Réglements de Comptes" (1963) de Pierre Chevalier et dans "L'Assassin habite au 21" (1942) de Henri-Georges Clouzot après lesquels il retrouve un autre acteur particulièrement prolifique Jean Tessier qui était également dans "Le Bon Roi Dagobert" (1963), il retrouve aussi après "Les Vierges" (1963) de Jean-Pierre Mocky l'acteur Francis Blanche qui retrouve aussi plusieurs camarades après "Babette s'en va-t-en Guerre" (1959), "Cigarettes, Whisky et P'tites Pépées" (1959), ou son propre film "Tartarin de Tarascon" (1962) où jouait Jean Richard qui retrouve Pierre Chevalier après "En Bordée" (1958), et qui retrouve ses partenaires cités plus haut dans "La Guerre des Boutons" (1962), et qui retrouve après "La Belle Américaine" (1961) de Robert Dhéry et "Bébert et l'Omnibus" (1963) de Yves Robert l'acteur Michel Serrault qui retrouve de son côté Francis Blanche après "Ah ! Les Belles Bacchantes" (1954) de Jean Loubignac, puis Noël Roquevert après "Les Diaboliques" (1954) de Henri-Georges Clouzot... On est dans une comédie typique de la période fin des années 50-débute des années 60 où les moeurs se libéraient et permettaient un peu plus de légèreté et de nudité (dans la limite di raisonnable !). Une petite idée originale, des situations saugrenues, et surtout une brochette de personnages truculents servis par des dialogues qui font mouche.
Au départ ça manque un peu de fluidité, c'est un peu statique, un peu trop théâtral mais dès l'apparition de Galabru alias l'ingénieur clope au bec en plein labo le côté burlesque s'impose et se confirme. Le rythme est bien mené avec des gags réguliers souvent plus ou moins drôles mais qui arrachent à minima un sourire du tableau qui se décroche au bronzage intégral en passant par l'évasion en brouette ou la drague à l'insu du plein gré de la fille Bellus incarnée avec malice par une France Anglade aussi jolie qu'adorable. Mais le tout repose avant tout sur une galerie de personnages savoureux, outre l'ingénieur Galabru, on adore l'huissier qui constate le bronzage de Miss alias Serrault, le concierge alias Roquevert et surtout la bonne espagnole alias Dufilho qui aura sans doute inspiré un certain Darry Cowl dans "Pas sur la Bouche" (2003) de Alain Resnais. On apprécie aussi cette partie érotico-soft, aux côtés surannés aujourd'hui mais qui rappelle aussi qu'on peut faire sourire sans vulgarité en restant évasif ou sans trop en montrer. Par contre la partie chanson est un peu ridicule le doublage étant vraiment à côté de la plaque. Pierre Chevalier signe une comédie populaire ou le cabotinage est au service d'un récit légèrement saugrenu, légèrement grivois, qui ne se prend jamais au sérieux. Un bon moment.
Note :