Voici donc une énième originalité de Hollywood, poursuivre une franchise à succès en espérant que les billets verts s'entassent une nouvelle fois. Ainsi, dès 2017 le PDG de Lionsgate exprime sa volonté de relancer la saga "Hunger Games" (2012-2015) et pour cela crée aussitôt une writers room où plusieurs scénaristes maisons planchent sur différents concepts. La chance sourit puisque l'autrice des romans Suzanne Collins écrit un prequel et qu'elle accepte de collaborer avec Lionsgate pour préparer l'adaptation cinéma dans la foulée, ce qui est annoncé dès 2019. On fait appel à nouveaux au réalisateur Francis Lawrence, qui a signé les trois derniers opus l'exception donc du premier, et qui a entre temps réalisé "Red Sparrow" (2018) et "La Petite Nemo et le monde des Rêves" (2022). Ainsi il signe l'adaptation du roman éponyme (2020) de Suzanne Collins, dont le scénario est écrit par Michael Arndt, oscarisé pour "Little Miss Sunshine" (2006) de Valerie Faris et Jonathan Dayton, qui revient donc sur la franchise après "Hunger Games : l'Embrasement" (2013) de Francis Lawrence, qui en a profité pour écrire "Star Wars VII : le Réveil de la Force" (2015) de J.J. Abrams et "The Greatest Showman" (2017) de Michael Gracey, il collabore à l'écriture avec Michael Lesslie scénariste des films "Macbeth" (2015) et "Assassin's Creed" (2016) tous deux de Justin Kurzel. Ce film est donc le 5ème opus de la saga mais est un préquel centré sur le personnage de Coriolanus Snow (incarné par Donald Sutherland dans les films précédents) plusieurs décennies auparavant. Notons que le réalisateur, la romancière sont co-producteurs avec Nina Jacobson déjà derrière les précédents opus... 60 ans avant les aventures de Katnis Evergreen... le jeune Coriolanus est le dernier espoir de sa lignée depuis que sa famille autrefois riche et fière est tombée en disgrâce dans un Capitole d'après-guerre. A l'approche des 10ème Hunger Games, il est désigné à contrecoeur mentor de Lucy Gray Baird, originaire du District 12 la plus pauvre et méprisé de Panem. Mais lorsque qu'il s'aperçoit que le charme de la demoiselle a captivé le public, l'ambitieux Coriolanus y voit l'opportunité de changer de destin. Il va alors tout faire pour qu'elle gagne effectivement ces Hunger Games...
Après le plus âgé Donald Sutherland, le personnage de Coriolanus est cette fois incarné par le méconnu Tom Blyth acteur britannique aperçu de loin dans "Robin des Bois" (2010) de Ridley Scott, ou dans "Benediction" (2021) de Terence Davies avant d'être remarqué dans la série TV "Billy the Kid" (2022). Sa protégée est interprétée par Rachel Zegler révélation du remake "West Side Story" (2021) de Steven Spielberg et vue depuis dans "Shazam ! La Rage des Dieux" (2023) de David F. Sandberg. La prêtresse de Panem est incarnée par Viola Davis, habituée à l'autorité depuis son rôle de Amanada Waller dans les deux "Suicide Squad" (2016-2012) repris pour "Black Adam" (2022) de Jaume Collet-Serra, et vue depuis dans "The Woman King" (2022) de Gina Prince-Bythewood et "Air" (2023) de et avec Ben Affleck. N'oublions pas la soeur de Coriolanus jouée par Hunter Schafer top model révélée à l'écran dans la série TV "Euphoria" (2019-...) et dont la seule expérience sur grand écran est d'avoir prêtée sa voix pour le film d'animation "Belle" (2021) de Mamoru Hosoda. Citons ensuite Josh Andres Rivera qui retrouve sa partenaire de "West Side Story" (2021), Jason Schwartzman vu dernièrement dans "The French Dispatch" (2021) et "Asteroid City" (2023) tous deux de son ami Wes Anderson, Peter Dinklage vu dans "Cyrano" (2021) de Joe Wright, "The Toxic Avenger" (2022) de Macon Blair puis en prêtant sa voix dans "Transformers : Rise of the Beasts" (2023) de Steven Caple Jr., Mackenzie Lansing aperçue récemment dans "The Creator" (2023) de Gareth Edwards, et enfin Laurel Marsden aperçue dans "L'Exorciste du Vatican" (2023) de Julius Avery... Commençons pas la douloureuse, la durée du film est à l'image de sont titre, inutilement long ! On peut facilement retirer 20mn du film dû à quelques longueurs et ce prologue lui aussi 100% inutile. Le début est marqué par plusieurs passages peu compréhensibles ou peu cohérents et cela va de Lucy Gray qui est décrite comme pauvre et "famélique" alors qu'elle est charmante, pimpante avec une jolie robe colorée, à ces décisions géo-politiques qui vont dans tous les sens sans réels bonnes raisons ou même sans réels sens politiques..
Mais petit à petit on s'intéresse à ce duo improbable, d'un côté l'ambitieux Coriolanus/Blyth à la fois doux et ambigu, sincère et complexe bref partagé entre son fond qu'on devine bon et ses objectifs qui amènent forcément à des décisions difficiles, de l'autre Lucy Gray/Zegler pauvre petite du District 12 mais à l'instinct de survie élevé et qui sait parfaitement manipuler autrui par ses charmes physiques mais aussi vocaux. La ruse est un de leur point commun mai ont-ils justement trouvé leur alter ego en la matière ?! Si ils sont attirés l'un par l'autre ils n'hésitent pas non plus à se servir de l'autre aussi, mais jusqu'où et surtout à quel point leurs ambitions et/ou leurs intérêts peuvent-ils parasiter leurs sentiments ?! En tous cas les deux personnages sont psychologiquement beaucoup plus intéressants que la Katniss des films précédents qui était la jeune fille intelligente, courageuse, vertueuse et belle bref trop parfaite et finalement lisse. Ca fait un bien fou ! La dimension musicale pourrait vite agacer, mais finalement les chansons (dont "The Hanging Tree" de Katniss Evergreen) sont bien intégrés dans le récit et offre ainsi une partie lyrique qui n'est pas déplaisant. Le film est chapitré, avec une construction narrative qui se distingue judicieusement du film original, ici il ne s'agit pas essentiellement du jeu Hunger Games et de l'arène mais d'une fresque plus ample. Alors qu'on sait d'ores et déjà qu'il y aura des suites, on apprécie le fait qu'il ne tombe pas dans l'écueil du film "pour attendre" qui tourne en rond. Le récit avance, avec des rebondissements importants et une vraie évolution des personnages. Pour un spin-off ou prequel, un film qui s'avère une bonne surprise, surtout grâce à deux personnages principaux assez riches et inédits (pas de héroïsation à outrance) pour donner un nouvel élan à cette histoire.
Note :