Nouveau long métrage de Thierry Binisti, qui oeuvre surtout à la télévision notamment avec plusieurs films historiques mais on lui doit aussi pour le grand écran les films "L'Outremangeur" (2003) ou "Une Bouteille à la Mer" (2012). Le film se nourrit beaucoup de Sophie Gueydon qui a passé beaucoup de temps au sein d'association à Paris d'abord, puis dans le secteur de Calais. Logiquement cette dernière est donc passée à l'écriture pour sa première expérience en tant que telle après avoir été actrice vue notamment dans "Les Nouveaux Tricheurs" (1987) de Michael Shock, "La Poudre aux Yeux" (1995) de Maurice Dugowson ou "Le Veilleur" (2003) de Frédéric Brival, puis également par Pierre Chosson qui a écrit pour "La Vie Rêvée des Anges" (1998) de Erick Zonka, "Les Liens du Sang" (2008) et "La Mer à Boire" (2012) tous deux de Jacques Maillot ou "Hippocrate" (2014) de Thomas Lilti...
Natacha 25 ans jeune mère célibataire galère pour élever son jeune fils Enzo. Walid migrant irakien galère de son côté pour trouver le moyen de passer en Angleterre. Le hasard d'une rencontre, un malentendu, Natacha et Walid décident de s'allier pour organiser une filière artisanale de passages clandestins outre-Manche mais malgré les avertissements de Walid, Natacha va vite s'apercevoir que ce n'est pas sans danger... La jeune mère est incarnée par Alice Isaaz vue dans "Une Belle Course" (2022) de Christian Carion, "Couleurs de l'Incendie" (2022) de et avec Clovis Cornillac et tout récemment dans "Apaches" (2023) de Romain Quirot. Le jeune irakien est joué par Adam Bessa révélé dans "Les Bienheureux" (2017) de Sofia Djama, remarqué dans les films de guerre "Mosul" (2019) de Matthew Michael Carnahan et "Tyler Rake" (2020) de Sam Hargrave, puis vu dans "Haute Couture" (2021) de Sophie Ohayon et "Harka " (2022) de Lotfy Nathan. L'enfant de Natacha est interprété par le tout jeune Ilan Debrabant déjà expérimenté après notamment "Nous Finirons Ensemble" (2019) de Guillaume Canet, "10 Jours sans Maman" (2020) de Ludovic Bernard et surtout "Le Trésor du Petit Nicolas" (2021) de Julien Rappeneau. Citons ensuite Catherine Salée vue dans "Inexorable" (2021) de Fabrice Du Welz, "Ils sont Vivants" (2021) de Jérémie Elkaïm et "Maria Rêve" (2022) de Lauriane Escaffre, puis enfin Carole Franck qui retrouve le scénariste Pierre Chosson après "Les Liens du Sang" (2008), "La Mer à Boire" (2012) et "Hippocrate" (2014) et vue récemment dans "Pour la France" (2023) de Rachid Hami... On se retrouve dans le Nord, la "Jungle" communément appelée durant des années par les médias où les migrants tentent par tous les moyens de passer en Angleterre. Deux individus vont se croiser, se trouver un point d'entente qui va amener à un contrat tacite. Les décors sont parfaitement choisis et utilisés (des éléments et lieux réels mais laissés à l'abandon depuis des années remis en service pour le film), un joli casting, et surtout faire se confronter deux mondes à la fois très différents mais assez proches sur 2-3 points pour créer la rencontre et l'entente. Ainsi le migrant Walid/Bessa va se faire une toute petite place auprès de Natacha/Isaaz, les deux sont démunis, piégés, sans ressources ou presque jusqu'à ce que le prix du passage amène à l'appât du gain qu'on croit toujours facile et à porter de main.
L'intrigue reste intéressante car complètement plausible même si on est un peu agacé par les éléments premiers tels que nous sont montrés ces deux personnages... ATTENTION SPOILERS !... en effet, Walid/Bessa monte sur ses grands chevaux car il n'est pas assez dégueulasses pour devenir passeur, des passeurs qu'ils jugent alors comme des êtres abjects et dangereux mais le devient pourtant très vite et sans trop d'état d'âmes, Natacha/Isazz a un boulot, un fils, soutenu par une mère présente mais est une voleuse tandis que le passé commun Natacha et sa mère reste dans un flou facile qui pose des questions sans réponses et qui finalement n'apporte rien à l'intrigue principale... FIN SPOILERS !... Par contre le réalisateur évite l'écueil de l'idylle habituel, ce qui paraît logique tant leur but est différent, tant cela permet de rester cohérent avec leur contrat de base. Par contre, on n'est pas complètement séduit par le jeu de Adam Bessa surtout dans les instants émotion, pas crédible quand il pleure surtout, par contre Alice Isaaz est épatante, à la fois battante et looseuse, paumée et forte et ce même si on aurait aimé une raison ou excuse plus valable pour expliquer le passage à l'acte. Un film ancré dans le réel, quasi docu-fiction avec un brin de polar et quelques bons moments de tension qui s'offre une fin optimiste sans qu'on y croit trop. Un bon moment.
Note :