Après avoir été remarqué pour ses deux courts métrages "Sons of Chaos" (2011) et "Broken" (2013), Mathieu Turi a pu se lancer réellement grâce à Xavier Gens, réalisateur entre autre de "The Divide" (2011) ou "Farang" (2023), qui a produit son premier long "Hostile" (2017) avant de poursuivre avec "Méandre" (2020). Malgré un accueil mitigé de ses deux premiers films avec ce nouveau projet le cinéaste y voit un troisième volet d'une trilogie : "C'est à la fois la fin d'un cycle et le début d'un autre. J'avais envie d'explorer la claustrophobie mais sous un angle différent - et contrairement à Méandre où tout le récit s'appuier sur la claustration d'un seul personnage, on a ici affaire à une bande. Je voulais aussi m'attacher à mon personnage qui intègre un groupe soit-disant soudé et montrer comment celui-ci va se disloquer, tout en inscrivant ce récit dans le contexte de la mine. Enfin, je souhaitais explorer le film de monstre, en lui donnant un traitement proche du cinéma américain des années 80 _ qui privilégie les effets physiques - et en faisant appel à des comédiens français identifiés qu'on découvre dan sun registre inédit pour eux." Mathieu Turi assume les casquettes de réalisateur-scénariste sur ce film fantastico-horrifique...
1956, dans le nord de la France, un groupe de mineurs de fond se voit obligé d'assumer une nouvelle mission éloignée de leur prérogative habituelle, à savoir conduire un professeur faire des prélèvements à mille mètre sous terre. Après un éboulement qui les empêche de remonter ils découvrent une crypte d'un autre temps... Le chef du groupe est incarné par Samuel Le Bihan qui a déjà abordé le genre en encore plus violent avec "Frontière(s)" (2007) de Xavier Gens justement, et qui avait délaissé le grand écran depuis "Les Yeux Jaunes du Crocodile" (2014) de Cécile Telerman jusqu'à son retour discret dans "Ma Langue au Chat" (2023) de la même réalisatrice. Citons ensuite Jean-Hugues Anglade vu entre autre dans "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche, "Super-Héros malgré Lui" (2021) de et avec Philippe Lacheau et "Vaincre ou Mourir" (2023) de Vincent Mottez et Paul Mignot, Amir El Kacem vu dans "Abdel et la Comtesse" (2018) de Isabelle Doval ou "Overdose" (2022) de Olivier Marchal, Thomas Solivérès vu dans "Edmond" (2019) de Alexis Michalik ou "Habib la Grande Aventure" (2022) de Benoît Mariage, Diego Martin vu dans "Mataharis" (2007) de Iciar Bollain, "Balle Perdue 2" (2022) de Guillaume Pierret ou "Nouveau Départ" (2023) de Philippe Lefebvre, Marc Riso vu dans "Notre tout Petit Petit Mariage" (2023) de Frédéric Quiring et "Veuillez nous excuser de la Gêne Occasionnée" (2023) de Olivier Van Hoofstadt, et enfin Bruno Sanches vu notamment dans "Opération Portugal" (2020) de Frank Cimière et "Petit Jésus" (2023) de Julien Rigoulot... Notons que le tournage s'est essentiellement déroulé dans une galerie de 5kms dans l'ancien site minier qui a déjà servi de décors pour le film "Germinal" (1993) de Claude Berri. Le prologue au Maroc est un brin inutile et superflu, mais l'immersion dans les mines est plutôt saisissante et d'un réalisme prometteur. Le début du film prend un bon rythme, la présentation des personnages et la mise en route de l'intrigue se font assez vite ce qui est un bon point comparé à la majeure partie de ce genre de films qui n'avancent à rien pendant près de la moitié du film. Le panel qui compose le groupe de mineurs est bon avec des acteurs impliqués et inspirés qui offrent chacun une performance solide dans des rôles auxquels ils n'ont pas l'habitude. Un petit bémol pour Jean-Hugues Anglade, le seul qui semble juste au minimum syndical.
La plongée dans les méandres de la mine comme autant d'artères souterraines est très réussie assumant parfaitement l'obscurité, en s'appliquant pour la lumière à rester au maximum avec les lampes frontales qui ajoutent au réalisme logique des lieux, et qui accentuent ainsi le côté anxiogène. Par contre le cinéaste avoue une forte influence de l'écrivain Lovecraft (ou sinon tous les réalisateurs peuvent y souscrire), qu'on peut comprendre mais qui n'est pas franchement probant dans son film qui reste une série B de genre plutôt simple et direct façon "Germinal" + "Alien". La première déception vient de la créature, dont le cinéaste précise qu'on la doit à l'artiste japonais Yoneyama Keisuke et dont il dit : "Il s'était lui-même inpiré du space jokey du premier ALIEN pour le côté osseux et très sec du visage et d'une divinité à plusieurs bras comme Shiva." Autant le dire direct, rien dans cette créature ne la rattache à quoi que ce soit d'humain, on aurait aimé plus de mythologie terrienne ce qui aurait expliquer un peu plus sa présence dans les entrailles des corons. De surcroît cette bestiole reste beaucoup trop immobile, presque aphatique comme certains effets spéciaux des années 80. Un comble. Plus dans le déroulement du récit on s'agacer de quelques invraisemblances faciles... ATTENTION SPOILERS !... comme un jeune marocain tout juste arrivé qui déchiffre sans soucis le carnet d'un scientifique, un scientifique qui serait assez inculte pour ne pas savoir que l'arabe se lit en sens inverse, sans compter un cheval blanc immaculé alors qu'il est dans les mines de charbon depuis toujours... FIN SPOILERS !... Mathieu Turi signe un film horrifique qui manque de cohérence entre son travail sur le réalisme des mines et le côté SF, des passages trop surréalistes (spoilers) pour assurer un minimum de sérieux, mais on aime le casting, leur jeu, l'atmosphère adéquate pesante et angoissante, le travail sur la lumière et cette fin efficace et maline même si on devine l'issue (la sortie) aussi vite qu'on la voit sur le carnet. Pas catastrophique loin de là mais décevant car des choix maladroits qui auraient pu (dû) être évités.
Note :
09/20