Sophia s’ennuie dans son couple intello-citadin. Mais lors d’une visite de chantier dans son chalet au bord d’un lac québécois, elle rencontre Sylvain, en charge des travaux. Suite à cette rencontre, sa vie va retrouver de l’élan mais ça va être aussi un beau chantier. Un énième film parlant de l’amour, du désir, de l’ennui dans le couple, du besoin de peps et de renouveau, de l’histoire d’amour entravée par le milieu social ; c’est bien cela, mais on n’est ni chez Woody Allen ni chez Douglas Sirk. La grande nouveauté, c’est la manière dont cette histoire romantique est traitée avec des détournements du genre à foison ; Monia Chokri, pour son 3ème film frappe un grand coup. C’est d’une drôlerie incroyable, mais aussi d’une profondeur réelle ; l’écriture est fine, virevoltante et crue ; on rit beaucoup mais la petite musique de fond est bien plus amère, mélancolique et profonde qu’il n’y parait le film avançant. Le regard posé sur ses personnages par la réalisatrice est juste et tendre et ils le lui rendent bien. Magali Lépine-Blondeau et Pierre-Yves Cardinal sont d’une fraicheur joyeuse ; mais les seconds rôles, aussi petits soit ils, sont bien ciselés ; les mères des trois protagonistes principaux sont des personnages délicieux, chacune dans leur genre. En parlant de genre, en mode comédie sur fond de conflit de classes, « Simple comme Sylvain » a des accents de « Pas son genre » ; excepté qu’il est loin de traiter uniquement de ce sujet. Et pour conclure, Monia Chokri joue avec sa caméra pour notre plus grand plaisir et produit uniquement par le jeu du cadrage au pouvoir comique et mélo du film. La scène de la rencontre entre Sophia et Sylvain est en des nombreux bijoux du film en la matière. Ses zooms avant un poil rétro sont toujours bien dosés et à propos.
Un très bon moment de cinéma qui égaye mais fait aussi grincer des dents.
Sorti en 2023
Ma note: 17/20