De Mona Achache
Avec Marion Cotillard, Marie Bunel, Marie-Christine Adam
Chronique : Exercice de style atypique et fascinant, Little Girl Blue oscille entre documentaire, théâtre et auto-fiction. Le film de Mona Achache ne ressemble surtout qu’à lui-même. La réalisatrice met en scène des souvenirs et des témoignages d’un passé qui la hante, le sien mais plus loin encore ceux de sa mère et de sa grand-mère. Ecrits, lettres, photos, enregistrements, films vidéo, elle s’empare d’un matériel source riche et varié pour créer un puzzle mental et familial d’une inventivité étourdissante et proposer un montage visuel et sonore de plus en plus complexe et dense au fur et à mesure qu’on appréhende la psyché de sa mère. Le dispositif, d’abord sommaire, s’enrichit progressivement de divers accessoires et de décors de cinéma dont Marion Cotillard va prendre possession avec une aisance impressionnante.
La comédienne livre une leçon d’acting magistrale. Elle s’efface progressivement et littéralement derrière le personnage de Carole Achache, nous offrant au passage un aperçu de son épatant travail de construction dont nous sommes les témoins stupéfaits.
Et ce n’est pas un vain effet. Elle imite, interprète, singe, lip sink, jusqu’à créer la troublante impression pour Mona Achache d’être face à sa mère. Elle peut alors enfin la confronter et faire ressurgir ce passé douloureux et abîmé par la violence et la misogynie sourde des hommes de leurs vies. Le spectateur assiste sidéré au récit d’une transmission impossible et des ravages sur trois génération de femmes d’une malédiction que la jeune réalisatrice tente de briser à travers ce témoignage puissant et impudique. Vertigineux.
Synopsis : À la mort de sa mère, Mona Achache découvre des milliers de photos, de lettres et d’enregistrements, mais ces secrets enfouis résistent à l’énigme de sa disparition. Alors par la puissance du cinéma et la grâce de l’incarnation, elle décide de la ressusciter pour rejouer sa vie et la comprendre.