Déjà auteur des films d'horreur "My Little Eye" (2002) de Marc Evans et "Gone" (2006) de Ringan Ledwidge, James Watkins signe une nouvelle histoire qu'il propose aux producteurs Richard Holmes et Christian Colbert qui étaient derrière le succès du genre "The Descent" (2005) de Neil Marshall. Les producteurs adorent le script mais reste perplexe quand le scénariste insiste pour en être également le réalisateur. Ce dernier signe un cout métrage pour prouver qu'il peut le faire, le résultat séduit effectivement les producteurs qui lui donnent carte blanche. Le réalisateur-scénariste avoue une forte influence des films "Les Chiens de Paille" (1971) de Sam Peckinpah et "Delivrance" (1972) de John Boorman, voulant "revenir à l'horreur basique qui a quelque chose de vraiment terrifiante et à la fois de sociologique, qui reste toujours connectés à la manière ou d'une autre. Ce ne sont pas des films avec des monstres." Si James Watkins va plus tard réaliser les films "La Dame en Noir" (2012) et "Bastille Day" (2016), il va surtout signer un autre scénario entre temps, ce sera "The Descent 2" (2009) de Jon Harris monteur de "Eden Lake", retrouvant ainsi une bonne partie du film dont les producteurs, mais aussi le chef décorateur et le maquilleur-prothésiste. Le film a été interdit au moins de 16 ans à sa sortie en salles... Après ses derniers cours, Jenny maîtresse d'école rejoint son conjoint Stephen pour passer un week-end en amoureux au bord d'un lac. A peine arriver ils constatent que l'accueil des riverains est particulier mais les premiers soucis arrivent en ayant un désaccord de bon voisinage avec une bande d'ado alors qu'ils sont au bord du lac. Stephen ne tient pas vraiment ses nerfs et tient à remettre ces jeunes en place, mais ces jeunes ne sont pas prêt à écouter et vont s'avérer plus dangereux que prévu...
Jenny la prof est incarnée par Kelly Reilly qui connaître une reconnaissance internationale avec le succès du dyptique "Sherlock Holmes" (2009-2011) de Guy Ritchie et qui retrouvera son réalisateur pour "Bastille Day" (2016), tandis que son compagnon est interprété par Michael Fassbender tout juste auréolé de sa performance dans "Hunger" (2008) de Steve McQueen et qui va confirmer avec "Fish Tank" (2009) de Andrea Arnold ou "Inglourious Basterds" (2009) de Quentin Tarantino. La bande d'ados est composée en grande partie de jeunes acteurs vus dans l'excellent "This is England" (2006) de Shane Meadows, d'abord Jack O'Connell qui sera surtout révélé en quelques mois des années plus tard avec "300 : la Naissance d'un Empire" (2014) de Noam Murro suite de "300" (2006) de Zack Snyder qui était justement le premier film de Michael Fassbender, le jeune acteur sera surtout remarqué dans "Les Poings contre les Murs" (2014) de David Mackenzie et "'71" (2014) de Yann Demange, suivent ensuite ses jeunes camarades Finn Atkins, Thomas Turgoose qui reprendra son rôle dans la série TV "This is England" (2011-2014), puis James Burrows qui retrouvera entre temps dans "Robin des Bois" (2010) de Ridley Scott son partenaire Bronson Webb qui avait connu une année 2008 décisive avec coup sur coup "The Dark Knight" (2008) de Christopher Nolan, "Rock'n Rolla" (2008) de Guy Ritchie, "Braquage à l'Anglaise" (2008) de Roger Donaldson et "The Club" (2008) de Neil Thompson. N'oublions pas un des adultes, joué par Shaun Dooley vu notamment dans "La Maison des Ombres" (2011) de Nick Murphy ou "Official secrets" (2020) de Gavin Hood avec entre temps des retrouvailles avec James Watkins sur "La Dame en Noir" (2012)... Un couple amoureux s'offre un week-end au bord d'un lac, rien de plus normal. Il croise un groupe de jeunes aussi irrespectueux qu'impoli, rien de plus normal. Ces jeunes rebelles vont s'avérer bien plus dangereux que la norme, et finalement rien de moins surprenant tant les faits divers nous apporte des exemples pas moins effrayants. Comme le dit le réalisateur-scénariste "Eden Lake n'est pas un fim d'horreur, cela ressemble plus à la vraie vie." Et il est vrai que c'est cette ligne jaune ténue qui laisse le film dans le plausible qui fait de ce film un thriller horrifique plus qu'un réel film d'horreur.
Le récit démarre assez vite, ne tombant pas dans l'écueil du long début ou on aurait pu suivre le couple dans son quotidien. Dès leur arrivée on remarque 2-3 choses qui laissent plus ou moins perplexe, d'abord ce lac qui n'a franchement rien de charmant, puis les riverains qui réagissent de façon agressive sans raison qui nous plonge direct dans l'univers des rednecks. La rencontre entre le couple et le groupe de jeunes est si commun, si déjà vu, que le récit sonne juste et vraie avec cette sensation aussi désagréable qu'agaçante devant un adulte qui se retrouve coincé devant un groupe de jeunes aussi peu "civiques" ; en effet, que faire tout en restant dans la "maturité" et/ou la légalité ?! La gênance est aussitôt palpable, puis évolue de façon aussi logique qu'efficace vers le malaise, l'angoisse, la peur...jusqu'à ce point de non retour où on se dit que ce n'est pas croyable, mais si, finalement. La partie le plus violente frôle le gore pur mais favorise néanmoins le hors champ et/ou la suggestion, reposant sur l'effroi et l'espoir des deux victimes. C'est aussi la partie où il y a quelques incohérences, non pas sur la violence action ou réaction, mais essentiellement sur des aspects techniques comme les vélos utilisés ou non, et le réseau téléphoniques en forêt. Le groupe d'ados reprend le panel logique et social (leader, fille, le timide, le suiveur...) mais l'idée qui reste la plus judicieuse et magnifiquement exploitée est le côté féministe de l'histoire. La prof est au départ en retrait, misant sur une certaine discrétion face à son homme qui cherche à assumer une virilité face à ces "gamins", mais quand le danger se confirme, que la violence est sanglante, l'homme devient un poids mort alors que la jeune prof va révéler une combativité sans doute inédite. En conclusion un survival façon "Sa Majesté les Mouches" (1954) de William Golding ancré dans une réalité terrifiante.
Note :