De Celine Song
Avec Greta Lee, Yoo Teo, John Magaro
Chronique : Past Lives est une très belle histoire d’amour empêchée et un conte moderne poignant sur le déracinement. Une relation marquée par les occasions manquées, contrariée par la distance ou le temps qui passe. Nora et Hae Sung étaient amoureux enfants, avant que Nora ne quitte la Corée. Ils reconnecteront virtuellement à leur vingtaine avant de reperdre le contact. Que reste-t-il du sentiment amoureux adolescent quand ils se retrouvent dix ans plus tard à New York, alors que Nora est mariée à Arthur ?
Avec une grâce infinie, Céline Song brasse des sentiments et des désirs contradictoires, des absences et des manques partiellement comblés, des regrets sûrement mais aussi des accomplissements.
La force des sentiments exprimés par Past Lives n’a d’égale que la simplicité des gestes et l’intensité des regards que filme la réalisatrice. Ceux de Nora et Hae Sung, bien sûr mais aussi, et peut-être même plus encore ceux d’Arthur, qui subit stoïquement ces retrouvailles. La mise en scène qui les balade entre Séoul et New-York, que Song filme merveilleusement bien, est d’une folle délicatesse et contraste avec la puissance émotionnelle qui traverse les personnages. Greta Lee, qu’on a récemment découvert dans The Morning Show, rayonne, laissant parfois poindre dans son apparente assurance une légère hésitation face à Yoo Teo, tout en fragilité et amère désillusion. On a l’impression de pouvoir lire dans leurs pensées tant ils sont expressifs.
Past Lives touche finalement à quelque chose d’universel, le fait de devoir se confronter au temps perdu et ce qu’on en fait pour le temps qui reste. Il le traite avec beaucoup de pudeur et un peu de mélancolie, c’est sûrement pour ça qu’il nous touche tant.
Synopsis : A 12 ans, Nora et Hae Sung sont amis d’enfance, amoureux platoniques. Les circonstances les séparent. A 20 ans, le hasard les reconnecte, pour un temps. A 30 ans, ils se retrouvent, adultes, confrontés à ce qu’ils auraient pu être, et à ce qu’ils pourraient devenir.