De Alexander Payne
Avec Paul Giamatti, Da’vine Joy Randolph, Dominic Sessa
Chronique : En situant Winter Break au début des années 70, Alexandre Payne nous offre une comédie douce-amère vintage irrésistible et une étude de personnages aussi riche qu’enthousiasmante. Et il ne le fait pas qu’à travers son scénario, mais aussi grâce à une mise en scène et une direction artistique qui empruntent les codes des grands classiques de l’époque, du grain épais de l’image à la photographie rétro, en passant par les lents fondus entre les scènes. Payne va même jusqu’à utiliser le logo Universal d’alors. Cela contribue sans doute à conférer à Winter Break le même capital sympathie et la même force tranquille que ses inspirations.
Winter Break raconte comment, dans un collège anglais, un vieux professeur cynique, misanthrope et autoritaire va devoir chaperonner un étudiant resté seul pour les fêtes de fin d’année, secondé par la responsable des cuisines de l’internat qui vient de perdre son fils unique au Vietnam.
Au fil des jours, ces trois personnages vont confronter leurs solitudes, abaisser leurs défenses et progressivement s’ouvrir aux autres. On les découvre plus vulnérables, plus empathiques aussi. La vie ne les a pas épargnés mais leurs blessures vont les rapprocher. Ils vont guérir, un peu, au contact les uns des autres.
Alexander Payne confirme son talent pour cerner l’individu, retranscrire à l’écran la complexité des sentiments qui le traverse et rendre évidentes les interactions entre ses personnages
Grâce à des dialogues d’un naturel confondant, aussi drôles que touchants, le lien qui va désormais unir Angus, M. Hunman et Mary va se matérialiser à l’écran, sans grands effets, juste avec quelques regards et des mots balbutiés.
L’alchimie qui opère entre les comédiens joue aussi beaucoup dans la fluidité et la véracité du récit. Leur connexion émotionnelle est palpable et se renforce au fil des minutes.
Paul Giamatti se voit offrir l’un de ses plus beaux rôles. Il est monstrueux de nuances entre intransigeance, causticité et compassion bien dissimulée. Le débutant Dominic Sessa, étonnant de maturité, épate en étudiant provocateur et insolent. Mais c’est Da’Vine Joy Randolph qui emporte notre cœur. Sa Mary est une boule d’émotion toute en retenu, bouleversante de bout en bout.
La justesse du trio fait passer les 2h15 de Winter Break en un clin d’œil, balançant entre tristesse sourde et bouffées d’humanité. Et la très jolie musique folk rajoute encore à la mélancolie du moment que l’on passe avec eux.
Tendre, moelleux et réconfortant, Winter Break est un très beau film de Noël.
Synopsis : Hiver 1970 : M. Hunham est professeur d’histoire ancienne dans un prestigieux lycée d’enseignement privé pour garçons de la Nouvelle-Angleterre. Pédant et bourru, il n’est apprécié ni de ses élèves ni de ses collègues. Alors que Noël approche, M. Hunham est prié de rester sur le campus pour surveiller la poignée de pensionnaires consignés sur place. Il n’en restera bientôt qu’un : Angus, un élève de 1ere aussi doué qu’insubordonné. Trop récemment endeuillée par la mort de son fils au Vietnam, Mary, la cuisinière de l’établissement, préfère rester à l’écart des fêtes. Elle vient compléter ce trio improbable.