Nora et Hae Sung, 12 ans, vivent leurs premiers émois amoureux à Séoul. Les parents de Nora vont chercher d’autres aspirations en migrant aux Etats-Unis ; Nora va tourner la page sur ces 12 premières années coréennes avec joie, elle aussi est attirée par la nouvelle vie s’offrant à elle. Tourner la page, en apparence. A 24 ans, via les réseaux sociaux, ces deux-là vont se retrouver, échanger ; et se perdre à nouveau ; leurs vies ne pouvant que se croiser mais pas s’unir. Et c’est 12 ans encore plus tard que la rencontre se produira et livrera un constat doux amère sur une relation rendue impossible par la migration.
Ce film m’a rappelé la trilogie de Richard Linklater qui, lui, suivait un couple sur 18 ans en 3 films espacés de 9 ans chacun (les « Before… »). Céline Song, dans un premier film très inspiré et à l’écriture d’une très grande finesse, décrit très bien le déracinement et la difficulté d’être immigré ; la douleur pour ceux qui partent, heurtés par la double culture ; et ceux qui restent, idéalisant l’autre dans une posture figée. Dans cette histoire, la jeune Nora, immigrée, est très loin de celle de ces 12 ans ; on change tous en 24 ans ; mais à l’épreuve de l’acculturation, l’évolution devient radicale. Son récit est d’une délicatesse inouïe et çà tient à un traitement touchant sur le grand amour platonique. Une phrase que j’ai lu à propos de ce film explique pourquoi c’est une romance des plus poignante de cette année : « Elle décrit avec justesse l’ivresse de la romance virtuelle et la nostalgie des premiers amours ». Dans une mise en scène sans génie ; si ce n’est son introduction maline et captivante portée par une voix-off ; elle capte à merveille toute la communication informelle de ces acteurs. Les gestes, postures, attitudes et surtout les regards résonnent plus forts que les mots. Il n’a pas la puissance de « In the mood for love » de Wong Kar Wai mais il a sa tendresse et sa justesse.
C’est assurément une des plus belle romance de l’année autour de nombreux thèmes cohabitant parfaitement : déracinement, amour impossible, nostalgie. Le personnage principal fait preuve d’une force incroyable entre acceptation de son histoire et acceptation du temps qui passe pour parvenir à toujours aller de l’avant. Une belle histoire humaine. Des mêmes studios américains « A24 » ; « Moonlight » livrait une histoire de vie tout aussi puissante.
A voir au chaud sous un plaid
Sorti en 2023
Ma note: 16/20