L'Odyssée du Sous-Marin Nerka (1958) de Robert Wise

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Les films de sous-marins sont un sous-genre en soi qui a marqué le Septième Art de quelques grands films, un sous-genre abordé par votre serviteur avec plusieurs dossiers Sous-Marins (dont la partie 39-45 ICI !). Cette production Hecht-Hill-Lancaster est logiquement porté par la star qui confie à Robert Wise, réalisateur de "Nous avons Gagné ce Soir" (1949) ou "Je Veux Vivre !" (1958) mais qui n'a pas encore signé ses plus grands chefs d'oeuvre comme "West Side Story" (1961) et "La Canonnière du Yang-Tsé" (1966). Le film est adapté du roman "Run Silent, Run Deep" (1955) de Edward Latimer Beach Jr. qui fut tout de même officiers de sous-marins et l'un des plus décorés de l'U.S. Navy. Le scénario est signé de John Gay issu de la télévision mais qui confirmera avec plus tard les scénarios de films comme "Les Quatre Cavaliers de l'Apocalypse" (1962) de Vincente Minnelli, "Les Révoltés du Bounty" (1962) de Lewis Milestone ou "Soldat Bleu" (1970) de Ralph Nelson... En 1942, durant la guerre du Pacifique, le sous-marin du commandant Richardson est coulé par le sous-marin japonais l"Akikaze. Plusieurs mois plus tard, on lui confie le commandement d'un nouveau sous-marin le Nerka au détriment du lieutenant Bledsoe qui devient devient donc son second. Bientôt de retour en mission, Richardson est obnubilé cherche l'occasion de sa vengeance contre l'Akikaze...

Le commandant Richardson est interprété par Clark Gable star de "New-York-Miami" (1934) de Frank Capra, "Les Révoltés du Bounty" (1935) de Frank Lloyd et "Autant en Emporte le Vent" (1939) de Victor Fleming qui est alors en fin de carrière, à seulement 4 films de son ultime chef d'oeuvre "The Misfits" (1961) de John Huston. Le Lieutenant Bledsoe est incarné par le producteur-acteur Burt Lancaster qui retrouve son meilleur ami Nick Cravat avec qui il tournera six films de "La Flèche et le Flambeau" (1950) de Jacques Tourneur à "Fureur Apache" (1972) de Robert Aldrich, Lancaster retrouvera  juste après dans "Elmer Gantry le Charlatan" (1960) de Richard Brooks l'acteur Joe Maross vu plus tard dans "Le Clan des Irréductibles" (1970) de Paul Newman ou "Notre Agent à Salzbourg" (1972) de Lee H. Katzin, tandis qu'il retrouve après le chef d'oeuvre "Tant qu'il y aura des Hommes" (1957) de Fred Zinnemann l'acteur Jack Warden vu aussi dans "Douze Hommes en Colère" (1957) de Sidney Lumet où jouait également Rudy Bond vu auparavant dans "Un Tramway nommé Désir" (1951) et "Sur les Quais" (1954) tous deux de Elia Kazan. Citons encore Brad Dexter qui sera surtout connu pour "Les 7 Mercenaires" (1960) de John Sturges, Don Rickles vu plus tard dans "De l'Or pour les Braves" (1970) de Brian G. Hutton ou "Casino" (1995) de Martin Scorcese, Mary LaRoche révélée juste avant dans "Le Bal des Cinglés" (1957) de Richard Quine et "The Lineup" (1958) de Don Siegel, Joel Fluellen vu dans "La Loi du Seigneur" (1956) de William Wyler, "La Poursuite Impitoyable" (1966) de Arthur Penn ou "Pendez-les Haut et Court" (1968) de Ted Post, et enfin Ken Lynch vu dans deux grands chefs d'oeuvre juste après dans "Autopsie d'un Meurtre" (1959) de Otto Preminger et "La Mort aux Trousses" (1959) de Alfred Hitchcock... Le film a la chance de reposer sur un matériau d'origine solide, l'auteur sait de quoi il parle et ça se ressent avec en prime une production qui a reçu le soutien logistique de l'U.S. Navy. Les sous-marins ne sont pas en carton pâte, on ressent la promiscuité inhérente aux insubmersibles, les catégories de sous-marins Akikaze et Momo existaient réellement (même si l'Akikaze reste ici un destin romancé), et on apprend même des détails qui n'en sont pas comme d'appendre que le premier navire d'un convoi était généralement un leurre à un fond plat, où que la tactique de face qu'on voit dans le film a vraiment été utilisée.

Le film débute avec un canevas éculé d'une rivalité entre un officier et son subordonné mais cette fois on ne tombe pas dans l'écueil du gentil et bon officier contre le méchant et mauvais supérieur, la relation s'avère plus subtile, aussi bien sur le fond que sur la forme ; pas de bagarre, de cris, de disputes mais des insinuations, des silences et du dialogue, tandis que les acteurs ne surjouent jamais ni dans la lutte ni dans le rapprochement, on reste soldat avant tout. Cette relation qui reste à chaque instant professionnelle, liée à un réalisme soigné au sein du sous-marin facilité aisément l'immersion. On aime la légèreté du petit rituel avec la pin'up, les petits détails techniques qui ajoutent au réalisme ambiant, on aime le bon équilibre entre l'humain et l'action et surtout cette fin qui évite le happy end viril. Les effets spéciaux sont évidemment dépassés aujourd'hui mais reste pour l'époque d'une efficacité certaine. Un film sous-marin très réussi qui reste un des grands films du genre à voir et à conseiller.

Note :                 

16/20

Merci à notre partenaire Rimini Editions pour ce coffret pour un travail remarquable sur l'image et le son !