Malgré un premier long métrage de fiction avec "The Motel Life" (2012) le réalisateur Gabe Polsky signe là seulement son deuxième film de fiction après quelques années où il s'est surtout fait remarqué pour ses documentaires "Red Army" (2015), "Red Penguins" (2020) et "À la Recherche de l'Excellence" (2021). Pour ce nouveau projet le producteur-réaliateur-scénariste retrouve son producteur Liam Satre-Meloy qui se fait scénariste pour ce film adapté du roman éponyme (1960) de John Edward Williams qui raconte une ultime chasse au bison (Tout savoir ICI !). Gabe Polsky a reçu le soutien de sa star, Nicolas Cage qui s'est investi comme co-producteur. Le sujet est plutôt rare au cinéma, on peut citer "La Dernière Chasse" (1956) de Richard Brooks et "Le Bison Blanc" (1977) de Jack Lee Thompson. Précisons qu'étonnament le film est interdit au moins de 17 ans non accompagné aux Etats-Unis, et interdit au moins de 10 ans en France...
1874, Will Andrews, fils de pasteur abandonne ses études à Harvard et se rend à la ville de Butcher's Crossing, centre du commerce des peaux de bisons. Il veut découvrir l'Ouest sauvage et voit en la chasse au bison une expérience aussi romantique qu'aventureuse. Après que McDonald, une connaissance de son père lui refuse son aide il rencontre Miller qui accepte sous la condition que Will finance les frais. Ce dernier accepte séduit par le projet de Miller qui connaîtrait un col isolé où se trouverait l'un des derniers grands troupeaux de bisons. Si le troupeau existe bel et bien, l'aventure va s'avérer bien plus dangereuse que prévue... Le jeune étudiant avide d'aventure est interprété par Fred Hechinger acteur encore méconnu aperçu dans "La Femme à la Fenêtre" (2021) de Joe Wright, et qui retrouve le far-west après "La Mission" (2020) de Paul Greengrass et "The Pale Blue Eye" (2022) de Scott Cooper. Miller, le chasseur de bison expérimenté est incarné par le caméléon Nicolas Cage déjà remarqué cette année dans "Renfield" (2023) de Chris McKay et "Dream Scenario" (2023) de Kristoffer Borgli, il retrouve après "Leaving Las Vegas" (1995) de Mike Figgis, "Rock" (1996) de Michael Bay et "Kick-Ass" (2010) de Matthew Vaughn son partenaire Xander Berkeley vu plus récemment dans "Proud Mary" (2018) de Babak Najafi ou "City of Lies" (2018) de Brad Furman. Citons ensuite Jeremy Bobb vu entre autre dans "Quand vient la Nuit" (2014) de Michael R. Roskam, "Under the Silver Lake" (2018) de David Robert Mitchell ou "Les Baronnes" (2019) de Andrea Berloff, Paul Raci vu dans "Sound of Metal" (2021) de Darius Marder et "The Mother" (2023) de Niki Caro, Rachel Keller vue dans "In the Shadow of the Moon" (2019) de Jim Mickle et "Le Pire Voisin au Monde" (2022) de Marc Forster... Bon, disons-le de suite, il n'est nullement question d'un bison légendaire dans ce film, il ne s'agit pas non plus d'une quête initiatique et/ou philosophique, le film est un western désenchanté et crépusculaire pour ne pas dire funeste mais loin des classiques du genre pour un réalisme cru du massacre des bisons, un génocide plus effrayant et sanglant que celui même des amérindiens qui les vénéraient. Un jeune "pied-tendre" de l'Est vient donc se déniaiser et goûter à l'aventure du far-west et tuer des bisons lui semble une attraction idéale, la bourse pleine un chasseur expérimenté voit là l'occasion de satisfaire sa passion du meurtre facile et de s'enrichir rapidement.
Le scénario est plus malin qu'au premier abord ; un premier chasseur lui refuse l'expédition mais lui propose une chasse moins risquée et on se dit qu'il a une bonne tête de serpent pour devenir un antagoniste dangereux idéal, puis le personnage de Miller/Cage a une évolution psychologique intéressante qui va focaliser l'intérêt du récit. L'acteur prouve une fois de plus qu'il reste un géant, cette fois il n'est pas dans l'auto-dérision ou le cabotinage, il est un chasseur dépendant à une adrénaline sans risque direct. Par contre, le "pied-tendre" s'avère un peu inutile ou plutôt sous-exploité, l'acteur manque de présence face aux "gueules" qui l'entourent. Le film est scindé en trois parties, la chasse (le massacre plutôt) en elle-même où chacun va petit à petit se révéler, l'hiver qui va exacerber les tensions puis le retour où toute l'ironie du monde va démontrer la bêtise d'un système qui s'annonce les prémices d'un capitalisme futur. La chasse est une folie meurtrière, un simple travail ou une prise de conscience, cette partie rappelle l'horreur des faits (rester jusqu'au générique de fin !). L'hiver impose une hibernation en huis clos, cette partie est humainement la plus intéressante tandis qu'on passe presque au thriller. Le retour est aussi le retour de bâton, ou le coup du sort qui aurait pu être plus cynique encore. Ce western pêche surtout par une mise en scène un peu trop classique, un peu trop statique, on aurait pu avoir un côté plus contemplatif sur les bisons et les paysages au départ pur aller vers une sorte de Film Noir amer et cynique vers la fin. On salue le travail sur le réalisme, les bisons sont vrais, la production ayant collaboré en intelligence avec les amérindiens qui gèrent les bisons aujourd'hui. Résultat un drame humain bien foutu auquel il manque juste un peu plus de passion et de chair.
Note :
14/20