Making Of (2024) de Cédric Khan

Après un film de procès historique qui a très bien été accueilli avec "Le Procès Goldman" (2023) le réalisateur Cédric Khan revient avec un film plus léger, une comédie qui reprend une thématique à la mode ces derniers temps, à savoir l'histoire d'un tournage qui part en vrille comme "Ca Tourne à Manhattan" (1994) de Tom DiCillo, "Tonnerre sous les Tropiques" (2008) de Ben Stiller ou plus récemment "Ca Tourne à Séoul ! Cobweb" (2023) de Kim Jee-Woon. Cédric Khan co-signe le scénario avec le duo Fanny Burdino et Samuel Doux qui ont signé les films "L'Economie du Couple" (2016) de Joachim Lafosse ou "Arthur Rambo" (2022) de Laurent Cantet, ils retrouvent leur réalisateur après "La Prière" (2018) et "Fête de Famille" (2019). Le cinéaste insiste pour dire qu'il s'agit d'un film sur le cinéma en tant que travail et non pas d'art ou de fantasme : "Cette distinction est très importante pour moi. Et beaucoup de choses que je raconte dans ce film pourraient sûrement se transposer ailleurs. Le cinéma est un microcosme social comme un autre et les rapports de classe qui s'y exercent, y sont similaires." L'histoire d'un film dans le film, le récit d'un tournage on pense logiquement à "La Nuit Américaine" (1973) de François Truffaut, plus récemment au drame "Même la Pluie" (2011) de Iciar Bollain, voir en plus délirant avec la comédie "Tonnerre sous les Tropiques" (2008) de et avec Ben Stiller mais Cédric Khan cite plutôt "Ca Tourne à Manhattan" (1995) de Tom DiCillo et le cinéma de Nanni Moretti... 

Simon, réalisateur expérimenté débute son nouveau tournage d'un film racontant la lutte d'ouvriers pour sauver leur usine de la fermeture. Mais entre les magouilles du producteur, des acteurs incontrôlables et des techniciens à cran le cinéaste va vite être dépassé par les événements. Le tournage devient infernal et son seul allié s'avère être le jeune figurant à qui il a confié la réalisation du making of... Le réalisateur du film est incarné par Denis Podalydès toujours aussi prolifique (entre théâtre et ciné comment fait-il ?!) avec entre autre ces derniers mois "Je verrai toujours vos Visages" (2023) de Jeanne Herry ou "Bernadette" (2023) de Léa Domenach et retrouve après "Chocolat" (2016) de Roschdy Zem le réalisateur-acteur Xavier Beauvois qui a réalisé dernièrement "Albatros" (2021). Citons ensuite la vedette Jonathan Cohen vu "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) de et avec Guillaume Canet et "Une Année Difficile" (2023) du duo Toledano-Nakache et retrouve après "Sentinelle" (2023) de Hugo Benamozig et David Caviglioli l'actrice Emmanuelle Bercot qui retrouve de son côté Cédric Khan après "Fête de Famille" (2019), Stefan Crepon qui retrouve également son réalisateur après "La Prière" (2018) et aperçu depuis dans "Peter Van Kant" (2022) de François Ozon et  "Le Sel des Larmes" (2020) de Philippe Garrel après lequel il retrouve sa partenaire  Souheila Yacoub vue depuis dans "Entre les Vagues" (2021) de Anaïs Volpé, "En Corps" (2022) de Cédric Klapisch et "Avant l'Effondrement" (2023) de Alice et Benoît Zeniter, Valérie Donzelli réalisatrice qui a joué pour les autres dernièrement dans "Madeleine Collins" (2021) de Antoine Barraud, "On est fait pour s'Entendre" (2021) de et avec Pascal Elbé et "Azuro" (2022) de Matthieu Rozé, puis enfin Emilia Dérou-Bernal  qui retrouve Cédric Khan après "Vie Sauvage" (2014)... Le film dans le film, où comment la production d'un drame social débute si mal que le tournage va forcément en pâtir, et peut-être prendre fin. Le tournage sur le combat d'ouvriers pour sauver leur usine renvoie naturellement au cinéma de Stéphane Brizé auquel on pense fortement, surtout "En Guerre" (2018).

Finalement la lutte de ces ouvriers va devenir un parallèle avec la situation des techniciens du tournage, c'est là la très bonne idée du film. Les personnages sont magnifiquement croqués, avec un casting idéal, mais si la caricature ou la satire fonctionne parfaitement avec les personnages c'est un peu moins probant sur certains passages du scénario. Ainsi les scènes de révoltes et de grèves des ouvriers du tournage prennent trop de place, inutilement longues elles vampirisent le tournage lui-même, et c'est ce qui nous intéresse. Les galères du tournage étant le sujet et le centre de cette comédie qui manque un peu de peps et de gags. On rit un peu, on sourit beaucoup mais pas dans un bon rythme et toujours mené par les mêmes acteurs (Cohen et Beauvois, Podalydès en moindre mesure) tandis que l'idylle est une fois de plus galvaudée. Par contre le côté film dans le film est très réussi, l'immersion est réaliste et plein d'acuité, on se dit que le pastiche n'est pas si forcé ! Il manque à cette comédie justement de la comédie plus assumée (rythme + gags), Cédric Khan est décidément plus à l'aise avec le drame. Néanmoins le film vaut le détour, on passe un bon moment à défaut d'atteindre le niveau des meilleurs films du genre.

Note :  

Making (2024) Cédric KhanMaking (2024) Cédric Khan

14/20