Yannick

YannickEloge du spectateur « moyen »

Quentin Dupieux, l’OVNI du cinéma français, s’associe avec l’acteur qui potentiellement pourrait aussi le devenir, Raphaël Quenard. Avec un film encore totalement barré d’à peine plus 1 heure, c’est aussi sa marque de fabrique, il nous emmène dans son monde très atypique pour une comédie plus noire qu’à son habitude en sondant très certainement son propre subconscient. Et si Quentin Dupieux ennuyait son public, c’est bien la question qu’il se pose dans ce huis clos. Confiné dans un théâtre, les comédiens jouant une pièce médiocre se retrouve pris en otage par un spectateur révolté de perdre son temps et son argent devant une bouse. On rit beaucoup mais plus jaune que devant les autres Dupieux ; c’est un film de névrosé. D’un démarrage cocasse et décalé, il parvient à installer de manière crescendo un véritable malaise ; et Raphaël Quenard , avec un jeu toujours aussi habité, en est la pièce maitresse. Son écriture est aussi ciselée que des lames de rasoir, les répliques relancent à chaque fois la dynamique de la narration.

Ce film pose frontalement la question de la place de chacun dans le spectacle : comédiens et publics ; et si les règles étaient transgressées. Mais aussi, les questions de mépris de classe ; que connaissent les masses populaires à la culture ? Le bon goût est l’apanage des artistes, ce film relève une forme de vanité, d’entre soi. Toutes ces questions lancées en pâture, c’est plus une satire qu’une comédie au final.

Dupieux on aime ou on n’aime pas ; j’ai choisi mon camp… Il ne laisse par contre jamais indifférent.

Sorti en 2023

Ma note: 15/20