SYNOPSIS : En l'an 1327, dans une abbaye bénédictine du nord de l'Italie, le moine franciscain Guillaume de Baskerville, accompagné du jeune novice Adso, vient enquêter sur des morts mystérieuses qui frappent la confrérie. Le secret semble résider dans la bibliothèque, où le vieux Jorge de Burgos garde jalousement un livre jugé maudit.
Près de 5 millions d'entrées en France, le César du meilleur film étranger en 1987, un rôle majeur dans la carrière de Sean Connery, un thriller médiéval dont la reconstitution est d'une chirurgicale précision. Les prémices du succès populaire étaient évidentes, car déjà le best-seller éponyme d' Umberto Eco paru en 1980 fut un succès planétaire de libraire avec ses 17 millions d'exemplaires vendus. Un roman dont Jean-Jacques Annaud est selon ses propres mots " tombé amoureux ", et il a alors fait la plus puissante des cours à Umberto Eco pour le convaincre de l'intérêt de l'adaptation sur grand écran. La grandiloquence du projet fera entrer Le nom de la rose dans la légende. Et puis, c'est l'addiction de Jean-Jacques Annaud à une certaine idée de la vérité filmée, jusqu'à se renseigner sur la couleur des cochons à l'époque, ou encore comment étaient chaussés les franciscains.
Dès les premiers plans, Sean Connery est tout en assurance et en certitude alors que Christian Slater lui est en candeur et en craintes. La question lancinante et horrifique sera de savoir si le diable a élu domicile dans cette abbaye. La caméra de Jean-Jacques Annaud aime le spectaculaire, alors le réalisateur nous positionne comme le troisième enquêteur dans une enquête immersive, qui va nous capter et jamais nous lâcher. " C'est élémentaire " dira à son second Guillaume de Baskerville. Une double référence sans ambages à Sherlock Holmes de Sir Arthur Conan Doyle. Le constant sens de la déduction viendra parachever l'évidence de la parabole. La brume lourde, les interminables montagnes, le souffle comme subliminal d'un air irrespirable, les chants religieux, les plans longs et serrés sur des vraies gueules d'églises, ces tronches bien flippantes d'homme de foi plus que jamais isolés. La permanence des jeux d'ombre et de lumière à la torche, donnent à la mise en scène une couleur jaunâtre qui glace le spectateur. C'est bien cet ensemble qui apporte cet incomparable relief énigmatique au Nom de la rose. Les gargouilles se confondent avec ces visages durs de pierre des frères et n'inspirent qu'inquiétude dans cette atmosphère mythique propice à la plus angoissante des enquêtes. C'est toute une mise en scène millimétrée et esthétisante qui a fait entrer le film mystique dans le mythe cinématographique !!
L'histoire quant à elle, si dans son intrigue s'avère parfois tortueuse et labyrinthique, voire un tantinet répétitive, tant l'effet huit clos d'enfermement anxiogène est massif, tient également sur la force du duo de héros. Le lien entre le juvénile Adso et son maître De Baskerville ne verse jamais dans le cliché de la transmission du vieux singe au jeune chien fou, sans doute précisément car leurs psychologies respectives jouissent d'une forme de complexité suffisante pour contourner les lourdeurs du genre. Et puis finalement, sans en dire trop pour les martiens qui ne l'auraient pas encore vu, la clé de cette folle intrigue n'est pas autre chose qu'une histoire d'humour.
Ajoutons-y forcément un brin de spiritualité, et surtout une inquisition bien sentie contre... l'inquisition, celle qui comme Le nom de la rose nous parle d'une bibliothèque interdite, pour substituer au dogme religieux dans sa pire expression, le poids de la culture et du progressisme. Également une poignante histoire d'amour avec une scène de sexe terriblement torride et c'est l'efficacité de la palette qui est complète. Au casting, Le cinéaste ne voulait pas forcément de Sean Connery, dont il pensait initialement que l'image de l'icône 007 allait écraser De Baskerville, qui se voulait " une fusion de l'intellectuel médiéval Guillaume d'Occam et de Sherlock Holmes. " Sauf qu'après 5 pages d'une première lecture, pour Jean-Jacques Annaud, Sean Connery était devenu de Baskerville. Comme une évidence pour lui, qui l'est ensuite devenue pour nous. Et clairement le pari est réussi tant l'acteur écossais trouve ici l'un de ses plus beaux rôles, avec une implication et un professionnalisme qui crève l'écran. Son visage est en nous. Dans le rôle du jeune premier, Christian Slater alors âgé de 17 ans, grâce au rôle de Adso verra le cinéma avec un grand C lui ouvrir toutes ses portes. D'une beauté incandescente, si le rôle est un brin stéréotypé, le potentiel entraperçu est clairement énorme. Le nom de la rose est d'une clinique efficacité, fidèle aux habitudes de son cinéaste. Du grand cinéma populaire et spectaculaire, qui se regarde avec le même plaisir, et encore assurément pendant des décennies !
Titre Original: LE NOM DE LA ROSE
Réalisé par: Jean-Jacques Annaud
Sortie le: 21 Février 2024
Distribué par: Les Acacias