Arc narratif en 8 points

L'arc narratif en huit points est une structure fréquemment employée dans l'écriture narrative pour structurer l'intrigue d'une histoire. Popularisé par Nigel Watts dans son ouvrage Writing a Novel and Getting Published, cet arc narratif est un instrument dont l'autrice et l'auteur peuvent se servir pour garantir une évolution logique et malgré tout passionnante de leur récit, du commencement jusqu'à sa conclusion.

L'arc narratif en 8 points

1. Stasis : Il s'agit du point de départ de l'histoire, où la situation normale ou bien la condition avant le début de l'action est établie. C'est le monde normal (par contraste avec le monde spécial) dans lequel le protagoniste existe avant que l'histoire qui sera contée ne commence.

2. Trigger : Également connu sous le nom d'incident déclencheur, c'est un événement qui perturbe l'état de stase (par comparaison avec l'arrêt car dans le monde normal, le personnage n'évolue plus) et démarre ainsi l'action.
Il s'agit de l'élément initiateur qui lance le protagoniste dans l'aventure ou dans sa quête.

3. The Quest : Suite à l'incident déclencheur précédent, le protagoniste se lance dans une quête ( The Quest). Cette quête est l'objectif principal ou le but que le protagoniste vise à atteindre et constitue le fondement de l'histoire.

4. Surprise : Cette partie comprend une série d'événements qui maintiennent la lectrice et le lecteur intéressés et captivés. Ce sont les rebondissements et les obstacles que le protagoniste rencontre sur son chemin, qui ajoutent de la complexité au récit et mettent au défi le protagoniste.

5. Critical Choice : À un certain moment, le protagoniste est confronté à une décision majeure. Cette décision reflète souvent le développement de son caractère jusqu'à présent et constitue un revirement dans le récit car le résultat de ce choix a un impact significatif sur la direction et l'issue de l'histoire.

6. Climax : C'est le point le plus intense du récit, où les conséquences du choix critique ( Critical Choice) se concrétisent. C'est le moment de la plus grande tension, où le protagoniste affronte directement le conflit principal.

7. Reversal : Suite au climax, le renversement de situation est une conséquence qui change fondamentalement la situation du héros ou de l'héroïne. Ce Reversal implique souvent un changement de compréhension du monde ou une modification des circonstances du protagoniste, menant à la résolution du conflit principal.

8. Resolution : L'histoire se termine avec toutes les intrigues secondaires résolues. La résolution montre la nouvelle normalité pour le protagoniste, qui a été irrévocablement changé par son aventure. Cette nouvelle stase reflète le résultat de la quête du protagoniste et les leçons apprises.

Les structures narratives sont le pilier central de la narration comme une cheminée autour de laquelle la demeure est construite, guidant à la fois l'autrice et l'auteur autant qu'elles convient le lecteur et la lectrice au voyage d'un récit. Ces structures fournissent un cadre qui oriente la progression de l'histoire, en garantissant qu'elle reste prenante, cohérente et suffisamment évocatrice ou puissante pour marquer durablement les esprits.
Parmi les différents modèles narratifs, l'arc dramatique en huit points se distingue par sa polyvalence et son exhaustivité. Ce modèle décrit un schéma universel que les histoires peuvent suivre pour créer un arc narratif satisfaisant et captivant.

En se conformant à cette structure, les conteurs sont en mesure de maîtriser les complexités du développement de l'intrigue, de l'évolution des personnages et de l'expression des thèmes, renforçant ainsi la relation émotionnelle et intellectuelle avec leur lecteur/spectateur.

Stasis

En développant le concept de stase dans la structure narrative, il est essentiel de reconnaître que la stase sert de base au récit, offrant au lecteur/spectateur un aperçu du monde normal du protagoniste avant l'avènement du conflit central. La stase permet au lecteur/spectateur de comprendre l'état initial du héros ou de l'héroïne, y compris leurs désirs, leurs peurs et le contexte de leur vie quotidienne.

C'est la ligne de base à partir de laquelle tous les changements et défis émergeront. Par exemple, dans Le Hobbit de J.R.R. Tolkien, nous faisons la connaissance de Bilbon Sacquet qui incarne le hobbit modeste et heureux, vivant une vie de confort sans aucune inclination pour l'aventure ou le tumulte.
Cette existence paisible souligne l'importance de la perturbation qui suit, rendant le contraste plus frappant et le voyage à venir plus captivant. Cette phase ne consiste pas seulement à mettre en place une particularité topographique, mais aussi à présenter les personnages majeurs dans leur cadre naturel.

Ce Monde normal offre des aperçus sur leurs personnalités, leurs relations et leur potentiel de développement. À travers les interactions de Bilbon et la description de sa vie dans la Comté, Tolkien pose habilement les bases de l'arc dramatique de Bilbon, mettant en avant des traits qui évolueront au cours de l'intrigue.
En présentant les personnages dans leur monde ordinaire, l'histoire donne l'occasion au lecteur/spectateur de créer des liens émotionnels avec les personnages.. Comprendre d'où ils viennent, leurs valeurs et ce qu'ils considèrent comme normal aide à construire de l'empathie et un investissement dans leur parcours.

Le désir compréhensible de Bilbon pour une vie confortable et sa réticence initiale à s'aventurer dans l'inconnu ( le monde spécial) rendent ses aventures ultérieures et son évolution personnelle d'autant plus satisfaisantes. La phase de stase contient souvent de subtiles allusions ou préfigurations des défis à venir, préparant le terrain pour que se déroule une intrigue. La tranquillité de la vie de Bilbon dans la Comté, par exemple, est juxtaposée au monde vaste et dangereux de l'au-delà, évoqué par des légendes et des visiteurs tels que Gandalf.

Ce contraste enrichit le récit, créant une anticipation et une tension dramatique dès le début. Stasis peut également introduire ou faire allusion aux thèmes qui seront explorés tout au long du récit. La simplicité de la vie de Bilbon dans la Comté, conjuguée à l'aventure et aux complexités morales auxquelles il est confronté plus tard, ouvre la voie aux thèmes de courage, de la maturité et de l'idée que même les individus les plus improbables peuvent avoir un impact significatif sur le monde.
La stase n'est pas simplement un arrière-plan passif mais une partie dynamique et intégrante du processus de narration. Elle prépare le terrain pour toute la suite, rendant l'histoire plus riche en donnant plus de relief aux personnages, à l'environnement et aux idées principales.

Comprendre et travailler avec efficacité cette étape préalable et nécessaire peut considérablement améliorer l'expérience narrative, rendant le trajet du monde ordinaire au monde extraordinaire d'autant plus captivant et marquant.

Trigger

Le Trigger, ou l'incident déclencheur, représente un moment clé dans toute narration, agissant comme l'impulsion qui fait passer l'histoire de la phase de stase introductive au domaine du conflit et de l'action. Le Trigger est l'élément qui perturbe la vie ordinaire du héros ou de l'héroïne, les poussant vers des territoires inexplorés. Il s'agit d'une déviation de la norme qui nécessite une réponse. Dans Harry Potter à l'école des sorciers, l'arrivée de la lettre qui convoque Harry à Poudlard perturbe sa vie banale, bien que désagréable, chez les Dursley.
Elle marque le début de sa transition d'un garçon ordinaire à un garçon doté d'un héritage et d'un destin magiques. L'incident déclencheur donne au protagoniste une raison d'agir, ouvrant l'horizon d'un voyage émotionnel pour le protagoniste.

Cet incident peut se présenter sous la forme d'un défi, d'une menace ou d'une opportunité que le protagoniste ne peut ignorer. La réception par Harry de la lettre de Poudlard n'est pas juste une invitation à une école ; c'est une invitation à découvrir sa véritable identité, à trouver un endroit où il a sa place, et à se lancer dans un voyage de découverte de soi et d'aventure. Le Trigger est souvent le moment qui capte véritablement l'attention de la lectrice et du lecteur, leur promettant une histoire intrigante à venir.
Il soulève des questions et construit l'anticipation pour ce qui est à venir. La lettre mystérieuse que Harry reçoit, qui culminent dans la scène dramatique où Hagrid lui remet l'invitation, piquent la curiosité du lecteur/spectateur et donnent le ton pour une histoire remplie de mystère, de magie et d'aventure.

En poussant le protagoniste à l'action, l'incident déclencheur donne une direction au récit. Il précise l'objectif ou la mission du héros et de l'héroïne, qu'il s'agisse de résoudre un problème, de réaliser un rêve ou de se lancer dans une quête. Pour Harry, la lettre de Poudlard est son premier pas vers un monde plus vaste, qui implique d'apprendre sur son passé, de faire face au mal et de forger sa destinée.
L'élément déclencheur introduit le conflit central de l'histoire, soit directement, soit en mettant en branle les événements qui y conduiront. Dans le cas de Harry, son entrée dans le monde des sorciers le confronte au conflit qui définira sa vie : la lutte contre Lord Voldemort. C'est le fondement de son voyage et des défis auxquels il devra faire face.

La réponse à l'incident déclencheur sert souvent de test initial pour l'héroïne et le héros, révélant leurs qualités, leurs fragilités et leurs capacités. La façon dont Harry réagit à la découverte de son héritage magique et au choix de fréquenter Poudlard met en lumière sa bravoure, son désir d'appartenance et sa bonté intrinsèque, des qualités qui seront ensuite développées et testées tout au long de la série.

The Quest

Suite au Trigger, le départ du protagoniste pour accomplir sa quête représente l'évolution du récit d'une simple perturbation du statu quo à une poursuite proactive d'un objectif ou d'une obtention spécifique.

La quête fournit au récit son élan et sa structure. C'est la charpente sur laquelle se déploie la narration, guidant le protagoniste à travers une enfilade d'événements, de défis et d'évolutions. Le voyage d'Ulysse pour retourner à Ithaque, semé d'innombrables obstacles, constitue l'armature narrative de L'Odyssée. Chaque épisode, depuis la rencontre avec le Cyclope jusqu'à la tentation des Sirènes, est une étape dans ce voyage plus vaste, donnant structure et direction à l'épopée.

La quête permet d'explorer les thématiques au cœur du récit. Le long voyage de Ulysse vers son foyer explore des thèmes tels que la persévérance, la loyauté, les conséquences de l'hubris et la quête d'identité. Dès lors qu'il rencontre des obstacles et fait des choix, ces éléments thématiques sont mis en avant, permettant une exploration plus précise des messages sous-jacents du récit. Les défis et obstacles rencontrés durant cette quête jouent le rôle de moteurs pour le développement et l'évolution du personnage car alors que Ulysse fait face aux épreuves de son voyage, ses expériences le déterminent, mettant à l'épreuve son endurance, sa sagesse et son leadership.

Cette transformation est essentielle au récit, car elle affecte non seulement la capacité du héros à atteindre son objectif, mais enrichit également l'histoire en illustrant la complexité de la nature humaine et le potentiel de changement qui lui est inhérent. Les efforts du protagoniste pour surmonter les obstacles et poursuivre sa quête maintiennent le lecteur/spectateur dans l'expectative. Le suspense et la tension dramatique générés par les revers et les victoires du héros font avancer l'histoire et maintiennent l'intérêt. Dans L'Odyssée, chaque rencontre périlleuse et chaque échappée intelligente captivent le lecteur et la lectrice, qui suivent les progrès de Ulysse vers son but ultime.

La quête introduit souvent le lecteur/spectateur dans le monde fictif de l'histoire, ses cultures, ses paysages et ses conflits. Le voyage de Ulysse à travers la Méditerranée expose le lecteur et la lectrice à une myriade de paysages et de personnages, chacun contribuant à la riche trame narrative de l'univers homérique.
Cette exploration de nouveaux environnements ajoute non seulement de la richesse au récit, mais fournit également un contexte dans lequel les thèmes et les personnages peuvent être explorés de manière plus détaillée.

La phase de la quête s'achemine vers le climax et la résolution de l'histoire. C'est l'accomplissement de la quête, qu'il s'agisse d'un succès, d'un échec ou d'une combinaison des deux, qui fournit au récit sa conclusion. Le retour éventuel du héros à Ithaque et la résolution des conflits qu'il y trouve mettent un point final à son périple, en résolvant l'arc narratif central et en apportant une certaine satisfaction au lecteur/spectateur.
Démêler les subtilités de la quête et son importance permet d'enrichir considérablement l'appréciation et l'analyse des structures narratives.

Surprise

La surprise dans la narration, particulièrement dans le contexte de la scénarisation, sert d'élément indispensable qui enrichit le récit et rive l'attention du lecteur/spectateur sur ce qu'il se passe, dit autrement, il ne s'ennuie pas.

Ce concept englobe un large spectre d'événements inattendus, de rebondissements et de développements de personnages qui défient les normes conventionnelles de narration et les anticipations de la lectrice et du lecteur. Ces éléments sont essentiels pour maintenir le récit dynamique et imprévisible, soutenant ainsi l'intérêt et l'investissement émotionnel. L'utilisation de la surprise met au défi le parcours du protagoniste, introduisant des obstacles imprévus, des révélations et des changements d'orientation. Cela complique non seulement le récit mais approfondit également l'arc dramatique des personnages, ce qui se traduit par un développement de leur personnalité mais aussi ce qui justifie une introspection et, dans certains cas, une transformation des valeurs ou des objectifs.

Cela reflète également la nature imprévisible de la réalité, où les résultats ne sont pas toujours ceux anticipés, renforçant ainsi la capacité d'identification à l'histoire et sa profondeur psychologique sans que le lecteur/spectateur ne ressente rien autre qu'une satisfaction, du plaisir à observer ce qu'il se passe.

L'exécution de Ned Stark dans Game of Thrones est un exemple d'utilisation de la surprise pour subvertir les attentes narratives. Ned Stark est initialement présenté comme le héros par excellence du récit, incarnant l'honneur, l'intégrité et le sens de la justice. Son exécution soudaine ne choque pas seulement le lecteur/spectateur, mais démantèle également la structure narrative traditionnelle où le héros et l'héroïne surmontent les obstacles pour parvenir à la victoire.
Cela indique que les tropes de héros conventionnels peuvent ne pas s'appliquer, et que n'importe qui peut trouver la mort, indépendamment de son statut moral ou social ou de son importance pour l'intrigue.

La disparition inattendue d'un personnage important dès le début de la série indique qu'aucun personnage n'est à l'abri, ce qui augmente considérablement les enjeux et la tension dramatique pour ce qu'il peut suivre. Ces espèces de caprice des événements laissent la lectrice et le lecteur vacillant sur le bord d'un précipice narratif, tandis que les remparts habituels qui protègent habituellement le protagoniste s'effondrent, rendant son sort incertain.
Les retombées de l'exécution de Ned Stark font avancer le récit et ont un impact sur de nombreux personnages et leurs motivations. Elles servent de facilitateur à la Guerre des Cinq Rois, influencent le processus de vengeance et d'indépendance de Arya Stark et consolident les Lannister en tant qu'antagonistes redoutables. Cet événement illustre la façon dont une simple surprise peut se répercuter sur l'ensemble de la narration, en affectant l'évolution des personnages, les alliances et l'orientation générale de l'histoire.

Incorporer la surprise dans un scénario nécessite un équilibre délicat. Elle doit paraître à la fois inattendue et inévitable après réflexion, en adhérant à la logique interne du récit et aux motivations des personnages. Lorsqu'elle est effectuée efficacement, elle peut élever un récit du conte conventionnel à une expérience mémorable, captivante et stimulante intellectuellement.
La solution réside dans la compréhension des attentes établies par le genre, la structure narrative et les arcs dramatiques des personnages, puis en s'en écartant de manière réfléchie de façon à ajouter de la profondeur et de la complexité à l'histoire la rendant moins superficielle, plus agréable.

Critical Choice

La Haine réalisé par Mathieu Kassovitz illustre avec force la manière dont un moment charnière peut révéler les valeurs fondamentales d'un personnage et influencer radicalement la trajectoire du récit, à l'instar de la position éthique prise par Atticus Finch dans Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. La Haine se déroule au lendemain d'une émeute dans la banlieue parisienne et met en scène trois jeunes amis d'origines ethniques différentes : Vinz, juif, Saïd, arabe et Hubert, africain.
Le choix critique ( Critical Choice) de La Haine tourne autour de Vinz, qui trouve l'arme perdue d'un policier pendant les émeutes. Vinz promet de tuer un policier si son ami Abdel, qui a été brutalement tabassé par la police, meurt de ses blessures. Cette promesse met en place le choix critique auquel Vinz est confronté, reflétant sa colère et son désir de vengeance face à l'oppression systémique et aux brutalités policières subies par sa communauté.

La décision de Vinz d'utiliser ou non l'arme à feu devient un dilemme moral central du récit, mettant en évidence son conflit intérieur et les influences de son environnement et de ses pairs. Ce choix est fondamental pour le propos des auteurs, car il détermine non seulement le destin de Vinz, mais sert également de commentaire sur le cycle de la violence et de la vengeance qui affecte la vie des protagonistes et de leur communauté.

Le film crée une tension autour de cette décision, amenant le lecteur/spectateur à se demander ce qu'il ferait à la place de Vinz et l'incitant à réfléchir aux implications plus larges d'un tel choix sur la justice sociale et l'intégrité personnelle. Hubert, qui a connu des injustices similaires, sert de contrepoint moral à Vinz, prônant la non-violence et illustrant l'exploration du film sur la façon dont les individus réagissent différemment à l'oppression.

Le moment du climax, où Vinz décide finalement de ne pas utiliser l'arme, met en lumière un moment de lucidité et d'éveil moral, avant que le film ne prenne une tournure tragique, renforçant le message selon lequel il est difficile de briser le cycle de la violence. La Haine utilise donc brillamment le motif du choix critique pour approfondir les thèmes de tensions raciales, de la justice et des conséquences d'une vengeance.
Ce récit force le lecteur/spectateur à se confronter à la complexité de telles décisions et à leurs effets considérables sur les individus et les communautés, tout comme le roman de Harper Lee incite la lectrice et le lecteur à réfléchir sur les constructions sociétales de la moralité et de la justice à travers la décision de Atticus Finch.

Le Climax

La Vie des Autres réalisé par Florian Henckel von Donnersmarck offre une illustration convaincante de la manière dont le climax sert de conclusion narrative, entrelaçant les dynamiques complexes de suspense, de drame et de confrontation morale d'une manière qui impacte profondément la résolution de l'histoire et la vie des personnages. La vie des autres se déroule à Berlin-Est pendant les années 1980, avant la chute du mur de Berlin. Il se concentre sur la vie d'un dramaturge à succès, Georg Dreyman, et de sa petite amie actrice, Christa-Maria Sieland, qui sont secrètement surveillés par la Stasi, la police secrète est-allemande.

L'officier assigné à leur dossier est le capitaine Gerd Wiesler, un agent de la Stasi initialement loyal qui commence à remettre en question l'éthique de son travail et le régime qu'il sert alors qu'il devient de plus en plus impliqué dans la vie des personnes qu'il espionne. Le climax du film est magistralement construit, enveloppant la tension et le conflit qui se sont construits tout au long du récit. Il se produit lorsque Wiesler, qui a subi une transformation significative de l'agent loyal au protecteur silencieux, doit prendre une décision critique.
Dreyman est sur le point d'être capturé par la Stasi en raison de son implication dans la publication d'un article à l'Ouest sur les taux de suicide en Allemagne de l'Est, que l'État veut garder secret. Wiesler apprend une descente prévue dans l'appartement de Dreyman, lui donnant ce pouvoir soudain d'autoriser l'arrestation de Dreyman et une punition probablement sévère, ou bien d'intervenir indirectement et de l'empêcher, trahissant ainsi ses devoirs envers la Stasi.

La tension atteint son zénith lorsque Wiesler, dans un moment de jugement moral, choisit de protéger Dreyman, falsifiant les journaux de surveillance et supprimant toute preuve du manuscrit de l'article. Cet acte de défi contre le régime oppressif qu'il a autrefois servi change non seulement la vie de Dreyman et Sieland mais marque également la confrontation ultime de Wiesler avec le système ainsi que sa rédemption personnelle.

Reversal

Le concept de renversement de situation (Reversal) dans le contexte de l'arc dramatique en huit points est un élément indispensable qui modifie de manière spectaculaire la direction du récit et le parcours du héros ou de l'héroïne.
C'est un moment qui met au défi les croyances, situations ou objectifs antérieurs des personnages, conduisant à un changement significatif ou à une prise de conscience. Cet axe narratif ne concerne pas seulement la modification de la direction du récit, mais aussi enrichit les aspects émotionnels et les thèmes convoqués.

Dans Orgueil et Préjugés, le renversement est magistralement exécuté à travers l'évolution des perceptions de Elizabeth Bennet concernant Darcy. Initialement, Elizabeth nourrit de forts préjugés contre Darcy, le percevant comme arrogant et indigne d'admiration en raison d'une série de malentendus et de rapports biaisés sur sa personnalité. Cependant, le récit atteint un point de renversement critique lorsque Elizabeth reçoit une lettre de Darcy, expliquant ses actions et révélant des aspects de son caractère jusque-là inconnus d'elle.
Cette lettre sert d'amorce pour le changement d'opinion de Elizabeth, transformant sa compréhension de Darcy et d'elle-même. L'évolution psychologique de Elizabeth est un moment significatif du développement de son personnage. Au début du roman, Elizabeth est présentée comme étant prompte à juger et pleine de préjugés, en particulier envers Darcy, qu'elle trouve initialement arrogant et orgueilleux. Cependant, à mesure que l'intrigue progresse, Elizabeth apprend à surmonter ses préjugés et à voir au-delà des premières impressions.

Cette transformation n'est pas seulement le résultat de ses sentiments naissants pour Darcy, mais aussi d'une prise de conscience de soi croissante accompagnée de son empathie envers autrui. Le parcours de Elizabeth, de ses préjugés à un regard plus lucide sur le monde, est un thème central du roman.
Il souligne l'importance du retour sur soi et de la capacité à changer d'opinions basées sur de nouvelles informations et expériences. Cette transfiguration n'est pas seulement limitée à Elizabeth, mais se reflète également chez d'autres personnages tels que Darcy et Wickham, qui subissent aussi des changements significatifs tout au long du récit.

Pour tous ces personnages, il s'agit de prendre conscience des complexités de la vie. Pour la lectrice et le lecteur, le renversement est un moment de forte implication émotionnelle et intellectuelle. Il les encourage à reconsidérer leurs propres jugements et attentes aux côtés de Elizabeth, rendant le déroulement du récit à la fois surprenant et satisfaisant, provoquant cette catharsis qui n'est certes plus celle des temps antiques et qui accompagne néanmoins la satisfaction que l'on tire d'un tel Reversal.

Incorporer un renversement comme dans Orgueil et Préjugés nécessite une préparation et une exécution minutieuses. La solution est de semer ce renversement dès le début du récit, à travers le développement des personnages, des allusions à des vérités latentes qui seront plus tard dévoilées et la construction de malentendus ou conflits crédibles.
Ensuite, la révélation ou l'événement qui déclenche le renversement doit être à la fois plausible et influençant vraiment le sentiment du lecteur/spectateur en mettant au défi l'héroïne ou le héros. Cela garantit que le renversement avance non seulement l'intrigue mais enrichit également le contenu thématique et la profondeur émotionnelle de l'histoire, en faisant un moment pivot dans l'arc narratif.

Resolution

Le concept de conclusion (Resolution) dans l'arc dramatique en huit points joue un rôle indispensable dans l'architecture de la narration, agissant comme la clé de voûte qui assure la cohésion de l'arc narratif. Dans l'élaboration d'une histoire, le dénouement est le point où tous les fils convergent, où le voyage tumultueux d'un héros ou d'une héroïne initié par une situation initiale ou une stase (caractérisée par sa stabilité ou son équilibre) trouve son dénouement.

Ce voyage, marqué par une série de défis, de conflits, de transformations et de révélations, traverse certes un paysage riche en obstacles mais accompagnés de maturité, pour aboutir à ce moment charnière qu'est la conclusion.

La résolution va au-delà du simple fait de mettre fin à l'histoire. Il s'agit d'un aboutissement artistique qui doit susciter chez la lectrice et le lecteur un sentiment de plénitude et de satisfaction. Il ne s'agit pas seulement de conclure l'intrigue ou de s'assurer que toutes les questions ont trouvé une réponse ; il s'agit d'affirmer la valeur du périple héroïque, les changements subis par les personnages et les explorations thématiques amorcées dès le début.

Ce dénouement est un miroir qui reflète l'essence du récit et qui montre comment les expériences et les décisions des personnages ont irrévocablement modifié leur monde et leur personne car dans une conclusion finement élaborée, les conséquences des actions et des décisions des personnages tout au long de l'intrigue sont pleinement réalisées et reconnues.

Cette prise de conscience ne se limite pas aux seuls résultats physiques, mais s'étend aux transformations émotionnelles et psychologiques subies par les personnages. Le lecteur/spectateur assiste à l'aboutissement des arcs dramatiques des personnages, dans lesquels leur épanouissement le cas échéant, les leçons apprises et le prix à payer pour leurs choix sont mis à nu.

Les questions thématiques posées tout au long du récit trouvent un écho dans la résolution. Que ces questions reçoivent une réponse explicite, qu'elles soient laissées ouvertes à l'interprétation ou qu'elles soient abordées à travers les implications du dénouement, elles contribuent à la profondeur et à la richesse du récit. Ce dénouement devient ainsi un espace où le rythme thématique de l'histoire est soit amplifié, soit subtilement reconnu, laissant une impression durable sur le lecteur et la lectrice.

Il est important de noter que cette étape de Resolution offre une conclusion non pas en effaçant les complexités et les nuances introduites tout au long du récit, mais en les reconnaissant. Elle présente une vérité narrative qui résonne avec le sens de la réalité du lecteur et de la lectrice où toutes les questions n'ont pas de réponses simples, et où toutes les fins ne sont pas sans équivoque, heureuses ou sombres. Au contraire, Resolution construit ces complexités dans une conclusion qui semble authentique et fidèle à l'esprit de l'histoire.

Par essence, l'étape de Resolution est l'endroit où le parcours narratif est explicitement reconnu et célébré, où ses leçons sont cristallisées et où ses questions thématiques sont envisagées. C'est là que les charges émotionnelles, thématiques et morales du récit sont livrées, garantissant que l'histoire reste dans l'esprit et le cœur du lecteur/spectateur longtemps après que la dernière page a été tournée ou que la scène finale s'est éteinte.

Dans la trilogie du Seigneur des anneaux, la fin est un exemple parfait de la manière dont on peut conclure une histoire de manière satisfaisante. Après toutes les grandes batailles, la destruction de l'anneau et la défaite de Sauron, les personnages rentrent enfin chez eux.
C'est comme un grand soupir de soulagement après un long et intense voyage. La dimension épique de l'histoire est toujours présente, mais nous pouvons également voir comment les événements ont affecté les personnages personnellement. C'est un excellent équilibre entre le collectif et l'intimité, qui donne à la résolution de l'affaire un caractère à la fois important et significatif.

Ce retour au foyer n'est pas seulement un retour physique, mais aussi un retour symbolique, qui marque la transition entre l'aventure et une forme de stase, même si celle-ci a été irrévocablement modifiée par les événements de l'histoire. Les personnages, en particulier les hobbits, reviennent en tant que héros qui ont mûri au-delà de leurs perspectives provinciales initiales. Ils ont affronté des dangers inimaginables et ont été profondément transformés. Cette évolution est un élément essentiel de la résolution, car elle montre le passage de ce qu'ils étaient à ce qu'ils sont devenus.

Les thèmes du pouvoir, de la corruption, de l'amitié, du sacrifice et de la bataille entre le bien et le mal ont été construits tout au long du récit. Dans ce dénouement, ces thèmes sont amenés à leur fin logique. Le rétablissement de la paix dans la Terre du Milieu et le retour des personnages signifient le triomphe du bien sur le mal et le rétablissement de l'ordre naturel. Pour la lectrice et le lecteur, la résolution offre une réponse à la question de savoir s'il est possible de trouver un équilibre entre le bien et le mal. Fondamentalement, la fin leur donne un sentiment d'achèvement et de satisfaction. C'est comme une grande récompense émotionnelle qui règle tous les détails et vous laisse un sentiment de satisfaction car, en effet, le fait de voir les personnages rentrer dans leur foyer et les conséquences de leur voyage sur leur vie procure un sentiment d'accomplissement et de satisfaction.
Cela rassure le lecteur/spectateur sur le fait que les luttes en valaient la peine, soulignant la valeur de la persévérance et du courage.

Si le dénouement conclut l'histoire, il prépare également l'avenir des personnages. Leurs vies se poursuivront au-delà des pages du livre, modifiées par leurs expériences. Cet aspect prospectif ajoute de la profondeur à la résolution, suggérant que la vie continue, enrichie par le voyage.