Nouveau film de Thea Sharrock après des films comme "Avant Toi" (2016) ou "Le Seul et Unique Ivan" (2020). Le projet est une adaptation libre autour d'un fait divers réel qui avait fait son petit scandale dans l'Angleterre des années 1920. Le scénario est signé de Jonny Sweet acteur aperçu entre autre dans les séries TV "Babylon" (2014) ou "Loaded" (2017) et qui a écrit le scénario de la série TV "Gap Year" (2017). Rappelons que le sujet des lettres anonymes est souvent au cinéma un prétexte ou un paramètre parmi tant d'autres, rares sont les films qui racontent un récit centré sur cette tradition malsaine, citons le plus connu avec "le Corbeau" (1943) de Henri-Georges Clouzot... 1920, dans la petite cité balnéaire de Littlehampton, Edith Swan reçoit une lettre anonymes truffées d'injures. Bientôt d'autres lettres arrivent et bientôt la rumeur court que ces lettres seraient l'oeuvre de sa voisine, Rose Gooding une irlandaise connue pour son esprit libre et son langage fleuri. L'affaire prend de plus en plus d'ampleur au point où Rose risque de perdre la garde de sa fille. Une policière, Gladys Moss s'investit et est déterminée à trouver le fin mot de l'histoire... 

La victime Edith Swan est incarnée par la talentueuse Olivia Colman vue entre autre dans "Tyrannosaur" (2011) de Paddy Considine, "The Lobster" (2015) et surtout "La Favorite" (2018) tous deux de Yorgos Lanthimos, "The Father" (2020) de Florian Zeller ou "Empire of Light" (2023) de Sam Mendes, tandis que sa voisine Rose Gooding est jouée par Jessie Buckley vue dans "Wild Rose" (2018) de Tom Harper, "Miss Revolution" (2020) de Philippa Lowthorpe, "Women Talking" (2022) de Sarah Polley ou "Men" (2022) de Alex Garland. Citons ensuite Anjana Vasan aperçu dans "Cyrano" (2021) de Joe Wright, Joanna Scanlan vue entre autre dans "In the Loop" (2009) de Armandi Iannucci, "Mémoires de Jeunesse" (2014) de James Kent ou "Tulip Fever" (2017) de Justin Chadwick, Gemma Jones vue dans "Rocketman" (2019) de Dexter Fletcher, "Ammonite" (2020) de Francis Lee et "Emily" (2022) de Frances O'Coonor, Malachi Kirby vu dans des séries TV dont "The Devils" (2020-2022) ou le film "The Chef" (2022) de Philip Barantini, Lolly Adefope vu dans des séries TV dont "Ghosts" (2021-2023) et récemment dans le film "Saltburn" (2022) de Emerald Fennell, Eileen Atkins vue notamment dans "Petits Meurtres à l'Anglaise" (2010) de Jonathan Lynn, "Sublimes Créatures" (2013) de Richard LaGranavese ou "Magic in the Moonlight" (2014) de Woody Allen, Timothy Spall vu récemment dans "Spencer" (2021) de Pablo Larrain et "The Pale Blue Eye" (2022) de Scott Cooper, Hugh Skinner vu dans "Le Bal de l'Enfer" (2022) de Jessica M. Thompson et qui retrouve son partenaire Richard Goulding qui se retrouvent après la série TV "The Windsors" (2016-2020), Paul Chahidi vu dans "La Mort de Staline" (2017) de Armando Iannucci et "Coup de Théâtre" (2022) de Tom George, puis enfin Jason Watkins vu dans les films "My Lady" (2018) de Richard Eyre et "L'Homme qui tua Don Quichotte" (2018) de Terry Gilliam ou la série TV "MacDonald & Dodds" (2020-2022)... Précisons que l'histoire est véridique, s'est réellement déroulée à Littlehampton, que le personnage de la femme policier a existé comme étant la première inspectrice en Angleterre même si son origine est elle fictive, à l'instar du scénario. En effet le film reste une fiction, la grande majorité du récit est imaginée. Nous plongeons dans le quotidien d'une petite ville anglaise juste après la fin de 14-18, au sein d'une communauté encore très bigote. Un petit village où il n'est donc pas facile d'être hors norme, c'est ainsi que la seule citoyenne irlandaise est évidemment la meilleure coupable après l'envoie de lettres d'insultes anonymes.

Mais malheureusement les choix démagogiques retirent un peu de réalisme au contexte politico-social, car l'irlandaise gouailleuse est facilement visée ou pointée du doigt alors que son compagnon noir n'a jamais un soucis, même la policière est rabaissée à son sexe mais jamais à ses origines ce qui paraît improbable dans une province juste après la Première Guerre Mondiale. Mais le pire est la crédibilité même de l'intrigue dès les premières lettres : comment est-ce possible que les parents n'aient jamais reconnus l'écriture ?! Dommage cette grossière erreur narrative gâche un peu le film qui méritait un peu plus de soin à la cohérence de cette affaire pourtant simple. Heureusement le film à des atouts de poids, des personnages bien croqués et des interprètes inspirés. Olivia Colman en bigote engoncée par un père autoritaire, Jessie Buckley en irlandaise pure souche trop libre et indépendante, mais aussi ce père joué par un Timothy Spall parfaitement infect et cette policière Anjana Vasan qui se bat pour exister dans un milieu aussi patriarcal et misogyne. Ils sauvent le film. En conclusion une comédie british divertissante, qui ne manque pas d'acuité sur la société qui n'a pas si changée finalement, qui pêche par une intrigue peu soignée mais qui passe grâce à des acteurs formiables dont un duo Colman-Buckley au diapason. Un très bon moment.

Note :