RockNRolla (2008) de Guy Ritchie

Par Seleniecinema @SelenieCinema

5ème long métrage du britannique Guy Ritchie qui a débuté sur les chapeaux de roue avec "Arnaques, Crimes et Botanique" (1998) et son chef d'oeuvre "Snatch" (2000), avant malheureusement de se mettre en couple avec une certaine Madonna qui le pousse à commettre le navrant "À la Dérive" (2002) sans arriver à relever la tête avec l'échec "Revolver" (2005). Le réalisateur-scénariste a appris de ses erreurs pour finalement retourner à ce qui a fait son succès, le film de gangster choral à multiples tiroirs avec cette fois comme sujet de fond la spéculation immobiliére. Le cinéaste précise : "Je voulais évoquer la volonté de la nouvelle génération de malfrats d'investir le territoire de la vieille génération et d'en traiter les conséquences par la comédie." Pour ce nouveau projet qui se doit d'être un rebond nécessaire le cinéaste reçoit l'appui de Joel Silver, un des plus gros producteurs hollywoodiens qui est derrière entre autre les franchises "L'Arme Fatale" (1987-1998) de Richard Donner ou "Matrix" (1999-2003) des Wachowski. Malgré la force de frappe annoncée c'est malheureusement un nouvel échec, même s'il reste bénéficiaire engrangeant 26 millions de dollars au box-office Monde pour un budget de 18 millions dont un passage catastrophique en France avec seulement 81000 entrées. Finalement le rebond se fera mais après, Guy Ritchie et son producteur américain reviendront en force avec le dyptique "Sherlock Holmes" (2009-2011)... Caïd londonien, Lenny Cole travaille à l'ancienne et est devenu incontournable graissant la patte à tous ceux qui peuvent lui permettre de régner sur l'immobilier londonien. Malgré les avertissement de son bras droit Archy, qui lui rappelle que les temps changent, Lenny fait affaire avec Uri Omovich, Oligarque russe qui souhaite investir à Londres mais rien ne se passe comme prévu, Lenny a une épine dans le pied qui se nomme Johnny Quid son beau-fils rocker junkie tandis que une bande de petits malfrats tentent de sortir leur épingle du jeu...   

Le caïd est incarné par Tom Wilkinson vu dans "The Full Monty" (1997) de Peter Cattaneo, "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" (2004) de Michel Gondry ou "Le Rêve de Cassandre" (2007) de Woody Allen. Le chef de la bande est joué par Gerard Butler qui monte alors en puissance après "La Dame de Windsor" (1997) de John Madden, "Le Fantôme de l'Opera" (2004) de Joel Schumacher et surtout "300" (2006) de Zack Snyder. Le bras droit de Lenny est joué par Mark Strong qui retrouve et retrouvera son réalisateur avec "Revolver" (2005) et "Sherlock Holmes" (2009), et idem entre "Amour et Conséquences" (2006) de Ed Blum et "La Taupe" (2011) de Tomas Alfredson il retrouve son partenaire Tom Hardy qui de son côté retrouve après "La Chute du Faucon Noir" (2001) de Ridley Scott l'acteur Jeremy Piven vu dans "Mise à Prix" (2006) de Joe Carnahan et "Le Royaume" (2007) de Peter Berg, puis Hardy explose avec "Bronson" (2008) de Nicolas Winding Refn dans lequel il retrouvera Matt King vu plus tard dans "We Want Sex Equality" (2010) de Nigel Cole ou "Paddington" (2014) de Paul King. Citons ensuite Ludacris rappeur révélé dans "2 Fast 2 Furious" (2003) de John Singleton et qui poursuivra après une petite absence dans la saga "Fast and Furious" (2011-2023), il retrouve après "Collision" (2004) de Paul Haggis l'actrice Thandine Newton vue dans "Mission Impossible 2" (2000) de John Woo ou "La Vérité sur Charlie" (2002) de Jonathan Demme et retrouvera juste après dans "2012" (2009) de Roland Emmerich l'acteur Jimi Mistry révélé dans "Fish and Chips" (1999) de Damien O'Donnell et vu dans "Blood Diamond" (2006) de Edward Zwick, Nonso Anozie vu dans "Reviens-Moi" (2007) de Joe Wright ou "Be Happy" (2008) de Mike Leigh et retrouvera dans "Brighton Rock" (2010) de Rowan Joffé son partenaire Geoff Bell qui retrouvera Guy Ritchie dans "Le Roi Arthur : la Légende d'Excalibur" (2017), retrouve Tom Wilkinson après "La Jeune Fille à la Perle" (2003) de Peter Webber et retrouvera aussi après "Cheval de Guerre" (2011) de Steven Spielberg l'acteur Toby Kebbell, remarqué dans "Alexandre" (2004) de Oliver Stone et "Control" (2007) de Anton Corbijn, qui lui-même retrouvera Wilkinson dans "La Conspiration" (2011) de Robert Redford, puis retrouvera dans "Prince of Persia : les Sables du Temps" (2010) de Mike Newell la sublime inconnue Gemma Arterton tout juste révélée dans "St Trinian's" (2007) de Oliver Parker avant de confirmer en James Bond Girl dans "Quantum of Solace" (2008) de Marc Forster et "Good Morning England" (2009) de Richard Curtis. Puis enfin citons Idris Elba vu juste avant dans "American Gangster" (2007) de Ridley Scott avant d'incarner Heimdall dans le MCU à partir de "Thor" (2011) de Kenneth Branagh, et enfin l'oligarque joué par Karel Roden vu dans "Blade II" (2002) et "Hellboy" (2004) tous deux de Guillermo Del Toro ou encore "La Mort dans la Peau" (2004) de paul Greengrass... Notons pour l'anecdote que Tom Hardy porte comme surnom dans le film le même qu'un certain Jason Statham dans "Braquage à l'Italienne" (2003) de F. Gary Gray, et rappelons que Statham a été révélé par les premiers films de Guy Ritchie... Le film met en place les différentes facettes de la pègre londonienne, les gentils bad boys, le Parrain entrepreneur, le rockeur junkie et l'oligarque post-soviétique dans un scénario alambiqué où tous se croisent et s'entrecoisent dans un récit rock'n roll dont témoigne une B.O. géniale avec entre autre The Sonics, Wanda Jackson, The Clash, Flash and the Pan ou encore Lou Reed. Et évidemment n'oublions pas le titre lui-même expliqué par Gerard Butler ainsi : "Il y a la pur Rocknrolla : sex, drugs & rock'n roll. Et il y a le RocknRolla moderne. Ce n'est pas forcément un Rolling Stone ou un vrai rocker. Mais c'est quelqu'un qui vit dans le moment, à fond. Quelqu'un qui se fout de tout et prend du bon temps. Avec des femmes, de la drogue, en voyageant... Ou qui s'éclate simplement en tenant des trucs. C'est dur à définir mais c'est évident quand vous en voyez un."... 

Le scénario est une fois de plus une merveille de cohérence, sorte de "Snatch" un poil plus sage dans sa construction narrative mais qui offre une pertinence sociale (la bulle immobilière + l'arrivée des nouveaux riches russes) et quelques scènes d'anthologie qui restent toujours des moments aussi fun que jouissifs. On notera surtout la course-poursuite pédestre vraiment dingue avec en prime un colosse russe qui n'est pas sans rappeler un certain Vladimir Poutine (prémonition ?!!), une torture aux écrevisses (inspirée d'un loisir réel d'une amie du réalisateur !), puis une scène d'amour vite fait bien fait qui ne se prend pas au sérieux ; anecdote réjouissante sur cette dernière, Butler étant malade et gavé de vitamine B12 par Madonna (alors encore madame Guy Ritchie) Thandine Newton refusait plus d'intimité avec son partenaire, ça tombait bien le réalisateur n'était pas complètement inspiré à la base et il a eu l'idée ingénieuse de ce montage comme un simulacre puisque les deux acteurs n'étaient pas dans le même lit ! Malgré l'échec du film le réalisateur signe bel et bien un excellent polar qui forme une trilogie officieuse cohérente avec "Arnaques, Crimes et Botanique" (1998) et son chef d'oeuvre "Snatch" (2000). Et pour finir citons le célèbre critique américain Roger Ebert : "Les acteurs britanniques aiment jouer les gangsters autant que les acteurs américains aiment jouer les cow-boys, et c'est toujours agréable de voir les gens s'amuser." Un film qui mérite qu'on y revienne.

Note :    

 

15/20