Immaculée (2024) de Michael Mohan

Par Seleniecinema @SelenieCinema

Un film d'horreur qui n'est pas siglé Blumhouse, mais qui est le nouveau projet d'une star en devenir qui a pris sa carrière en main puisque c'est Sydney Sweeney qui produit ce film dont elle tient le premier rôle via sa société de production Fifty-Fifty Films créée en 2020 qui lui a permis de sortir de l'ombre. L'actrice a auditionné pour ce projet dès 2014 alors qu'elle était encore inconnue. Mais le film ne se fera pas mais elle gardera cette idée en tête. Désormais plus connue, l'actrice devenue productrice a relancé le projet et a joint Andrew Lobel pour réécrire le scénario, et a choisi comme réalisateur Michael Mohan réalisateur avec qui elle a déjà collaboré puisqu'il est le créateur de la série TV "Everything Sucks !" (2018) avant de tourner le film "Voyeurs" (2021)... Cecilia, jeune religieuse américaine s'exile en Italie et s'installe dans un couvent isolé en campagne. L'accueil est chaleureux mais rapidement des événements de plus en plus terribles arrivent au sein de la communauté. Petit à petit Cecilia comprend que sa nouvelle demeure abrite un sinistre secret... 

La jeune religieuse américaine est donc incarnée par Sydney Sweeney, aperçue dans plusieurs films durant une décennie comme "Under the Silver Lake" (2018) de David Robert Mitchell ou "Once Upon a Time in Hollywood" (2019) de Quentin Tarantino avant sa révélation télé avec la série TV "Euphoria" (2019-2023), et surtout d'être enfin remarqué pour son talent sur grand écran avec l'excellent mais passé inaperçu "Reality" (2023) de Tina Satter et vue ensuite dans le succès avec la Rom Com "Tout Sauf Moi" (2024) de Will Gluck et l'échec malheureusement cuisant de la superproduction "Madame Web" (2024) de S.J. Clarkson. Elle est entouré d'un casting essentiellement italien avec Simona Tabasco vue dans "Perez" (2014) de Edoardo De Angelis, "I Babysitter" (2016) de Giovanni Bognetti ou "Les Liens qui nous Unissent" (2020) de Daniele Luchetti, Alvaro Morte surtout vu à la télévision exception fait de trois longs métrages "Lola, la Pelicula" (2007) de Miguel Hermoso, "Mirage" (2018) de Oriol Paulo et "La Maleta" (2022) de Jorge Dorado, Benedetta Porcaroli vue dans "Perfetti Sconosciuti" (2016) de Paolo Genovese, "Sept Femmes" (2021) de Alessandro Genovesi ou "Le Colibri" (2022) de Francesca Archibugi, Dora Romano vue dans la série TV "L'Amie Prodigieuse" (2018-2020), puis dans les films "Pour Toujours" (2022) de Ferzan Özpetek ou "Mafia Mama" (2023) de Catherine Hardwicke, et enfin Giorgio Colangeli vu dans "Le Dîner" (1998) de Ettore Scola, "Il Divo" (2008) de Paolo Sorrentino ou "La Nostra Vita" (2010) de Daniele Luchetti... Le prologue est particulièrement efficace dans l'effroi et pose aussi quelques questions puisque souvent le Mal est incarné par une entité forcément démoniaque, du moins on s'en doute quand la religion est en cause. Ensuite forcément on rencontre soeur Cecilia/Sweeney, jeune nonne américaine s'exilant en Italie et qui se fait remarquer pour sa beauté diaphane et une jeunesse qui est devenue rare dans les couvents de l'Eglise catholique. On est forcément d'accord avec les douaniers !

L'arrivée au couvent est un instant assez magique via des décors sont magnifiques on se croirait dans un musée et/ou un couvent de luxe jusqu'au dîner loin d'être raccord avec la pauvreté inhérente aux voeux chrétiens. Parallèlement pourtant le climax est très pesant, anxiogène, voir menaçant avec des ombres aux masques rouges bien intrigantes. Visuellement c'est somptueux, oscillant constamment et intelligemment entre des plans à l'imagerie religieuse de toute beauté et des passages malsains voir terrifiants. Mais le film favorise l'ambiance horrifique sans abuser des jump scares qui restent parcimonieux. La première heure est donc assez contemplative, distillant petit à petit un environnement insidieux et vénéneux jusqu'à ce twist parfaitement amené et qui fait monter la pression tant on perçoit soudain le grand final. Le récit se fait autant féministe (la soeur s'éveille soudain à une sorte d'instinct de survie du sexe faible) que anti-clérical (la religion comme cause d'abomination !). La beauté diaphane et "immaculée" évolue alors de l'ingénue à la battante pleine de rage. Sydney Sweeney porte son film de bout en bout et offre une nouvelle facette de son talent pour un film d'horreur qui surprend même si on peut penser qu'il est un peu long à se mettre en place. Résultat, un film esthétiquement hypnotique, d'abord lancinant avant un dernier acte surprenant et spectaculaire même si l'issue de soeur Cecilia est un peu too much. Une bonne surprise.

Note :                 

14/20