Après deux décennies de films dit "sérieux" après notamment les récents "I... comme Icare" (1979) et "Mille Milliards de Dollars" (1982), le réalisateur Henri Verneuil revient à la comédie mais aussi à la 2nde Guerre Mondiale et avec sa star Jean-Paul Belmondo vingt ans après "Week-End à Zuydcoote" (1964). Par là même, le réalisateur-scénariste retrouve aussi le fameux Michel Audiard pour leur 8ème collaboration depuis "La Française et l'Amour" (1960) et leur 4ème en trio avec Bebel après "Un Singe en Hiver" (1962), "Cent Mille Dollars au Soleil" (1964) et "Le Corps de mon Ennemi" (1976). À noter que ce film est le dernier écrit par Audiard qui sort en salles de son vivant, suivront à titre posthume "La Cage aux Folles 3" (1985) de Georges Lautner et "On ne Meurt que Deux Fois" (1985) de Jacques Deray. Le projet est une adaptation du roman éponyme (1968) de Pierre Siniac, auteur rarement adapté ne suivra qu'un autre film plus tard avec "Monsieur Cauchemar" (2015) de Jean-Pierre Mocky. Le romancier est également co-scénariste aux côtés de Verneuil et Audiard. Pour l'anecdote, malgré l'oeuvre original des similitudes avec le film hollywoodien "De l'Or pour les Braves" (1970) de Brian G. Hutton ont parfois assimilé le film comme un remake de ce dernier. Pour info, le terme "morfalou" désigne une personne dotée d'un appétit vorace. Surfant sur le succès du moment, le publiciste René Chateau a élaboré une affiche qui lorgne clairement sur celle de "Rambo" (1982) de Ted Kotcheff ce qui déplaisait à Belmondo mais devant l'insistance du publiciste la star céda finalement. Le film est un énième succès pour le trio Verneuil-Audiard-Belmondo avec plus de 3,6 millions d'entrées France qui reste le dernier grand succès populaire de l'acteur avant une série d'échecs et l'exception de "Itinéraire d'un Enfant Gâté" (1988) de Claude Lelouch et ses 3,2 millions d'entrées... 1943 en Afrique du Nord, un convoi de la Légion Etrangère est chargé de récupérer six milliards en lingots d'or avant que ce trésor ne tombe entre les mains des allemands de l'Afrikakorps. Mais après des combats les légionnaires se retrouvent à quatre seulement, isolés l'appât du gain fait oublier leur devoir à trois d'entre eux, faisant face au sens patriotique de leur adjudant tandis que bientôt le directeur de la banque et sa jolie femme viennent à participer à cette lutte intestine...
Le sergent est incarné par Jean-Paul Belmondo qui retrouve donc son réalisateur et son scénariste après plusieurs collaborations, et retrouvent aussi plusieurs de ses camarades dont Michel Constantin alias l'adjudant qu'il retrouve après "Un Nommé La Rocca" (1961) de Jean Becker et son remake "La Soumoune" (1972) de José Giovanni, et vu entre autre dans "Le Trou" (1959) de Jacques Becker ou "Le Deuxième Souffle" (1966) de Jean-Pierre Melville, les deux autres légionnaires sont joués par Michel Creton remarqué dans "Les Bronzés" (1978) de Patrice Leconte et qui retrouvera Belmondo dans "Le Solitaire" (1987) de Jacques Deray, puis Jacques Villeret alors en pleine ascension après "La Soupe aux Choux" (1981) de Jean Girault, "Papy fait de la Résistance" (1983) de Jean-Marie Poiré et retrouvera Belmondo dans "Hold-Up" (1985) de Alexandre Arcady et Verneuil pour "588, rue Paradis" (1992). Le banquier est interprété par François Pirot qui retrouve(ra) Belmondo également dans "Le Corps de mon Ennemi" (1976) de Verneuil et "L'Inconnu dans la Maison" (1992) de Georges Lautner, tandis que son épouse est jouée Marie Laforêt qui retrouve Belmondo pour leur 3ème film sur 4 ensemble avec "La Chasse à l'Homme" (1964) de Edouard Molinaro, "Flic ou Voyou" (1979) et "Joyeuses Pâques" (1984) tous deux de Georges Lautner. Citons ensuite Matthias Habich surtout remarqué plus tard dans "Stalingrad" (2001) de Jean-Jacques Annaud, "La Chute" (2004) de Olivier Hirschbiegel ou "The Reader" (2008) de Stephen Daldry, Maurice Auzel ex-boxeur pro qui est devenu un proche collaborateur de Bebel depuis "Un Nommé La Rocca" (1961) à "Les Misérables" (1995) de Claude Lelouch, Michel Beaune qui retrouve aussi Bebel entre "L'Héritier" (1973) de Philippe Labro et "Itinéraire d'une Enfant Gâté" (1988) de Claude Lelouch, Caroline Silhol vue dans "la Vie est un Roman" (1982) de Alain Resnais, "Vivement Dimanche !" (1983) de François Truffaut ou "Tenue de Soirée" (1986) de Bertrand Blier, Pierre Semmler vu dans "Le Crabe-Tambour" (1977) de Pierre Schoendoerffer, "Trois Hommes à Abattre" (1980) de Jacques Deray et retrouvant Bebel après "L'As des As" (1982) de Gérard Oury, Gérard Buhr aperçu dans "La Main au Collet" (1955) de Alfred Hitchcock, et qui retrouve le trio Belmondo-Audiard-Verneuil respectivement après "Léon Morin, Prêtre" (1961) de Jean-Pierre Melville, "Le Pacha" (1968) de Georges Lautner et "Le Clan des Siciliens" (1969), et enfin Robert Lombard vu dans "Notre-Dame de Paris" (1956) de Jean Delannoy, "Les Espions" (1957) de Henri-Georges Clouzot et retrouvant Audiard après "Une Veuve en Or" (1969)... Niveau reconstitution d'époque et historique le film est un guyère dont la liste des trous, coquilles, erreurs et/ou maladresses serait fastidieux mais on peut citer le fait que la ville de El Ksour existe, que le film se déroule en avril 1943 ville qui était déjà évacué par les allemands depuis longtemps sans compter que cette ville est trop éloignée de la mer pour être un port. Par là même il est fait référence à Rommel alors que le général allemand n'est plus en Afrique depuis des semaines. On peut aussi tiquer sur un char (le SK-105 Kürassier pour les amateurs) n'est conçu qu'en 1967, où qu'il est techniquement impossible de mettre 10 tonnes d'or dans un char, tandis qu'on reste perplexe sur une banque aussi importante dans une ville aussi modeste. Tous ces détails n'auraient sans doute pas autant d'importance si le reste du film était réussi.
Malheureusement, le film est sans aucun doute un des plus médiocres du trio Verneuil-Audiard-Belmondo. D'abord il y a un soucis de rythme qui est d'autant plus flagrant que l'abattage de Belmondo ne cache pas l'ennui qui semble peser sur le jeu des acteurs. Villeret est presque bon pour la sieste, Constantin fait le job, Creton semble le seul à fond, les seconds rôles ne sont pas assez étoffé pour réellement donner de la consistance même pas aidé par les dialogues. Un comble, signé Audiard pourtant les dialogues sont souvent sans inspiration exception faite de quelques fulgurances car rarement l'auteur aura offert aussi peu de répliques cultes. Seules nous resteront : les gentils "Oh toi Dysenterie fais pas chier les autres !" et "Il y a des circonstances où il vaut mieux voir arriver un mauvais français qu'un bon allemand." et surtout l'énorme "C'est bien la première fois qu'il fait des étincelles avec sa bite."... Le scénario manque clairement d'idées, de rebondissements digne, trop classique et qui repose trop sur des personnages peu intéressants que les acteurs ont bien du mal à faire exister. Le show Bebel lui même est un peu réchauffé mais ça se regarde comme on dit.
Note :