Petit conseil, si vous êtes enceinte et vivez une grossesse difficile, évitez d’aller voir Immaculée, qui donne tout son sens à l’expression « accoucher dans la douleur »…
Il faut dire que dans le film de Michael Mohan décrit une gestation assez particulière, puisque la maman n’a à priori jamais eu de relation sexuelle avec un garçon et est donc stupéfaite d’apprendre qu’elle attend un enfant. Comme elle est nonne dans un couvent coupé du monde et que le médecin confirme sa parfaite virginité, malgré son état, les autorités religieuses concluent qu’il s’agit là d’un miracle, d’une nouvelle Immaculée Conception. Et comme si porter le nouveau Messie n’était pas assez perturbant, des événements étranges à l’intérieur du couvent vont pousser la jeune femme à se poser beaucoup de questions sur sa condition et sur ceux qui l’entourent.
En même temps, depuis qu’elle a quitté son Amérique natale pour ce couvent italien, Cecilia (Sidney Sweeney) se sent assez mal à l’aise. Entre l’attitude plus que limite des douaniers italiens, qui trouvent ouvertement dommage qu’une aussi jolie fille rentre dans les ordres, l’accueil glacial de Soeur Isabella, l’une des nonnes chargée de l’aider à s’installer, l’attitude erratique des patientes dont elle doit s’occuper, d’anciennes religieuses en fin de vie, elle ne trouve pas dans ces lieux la “dolce vita” promise par le Père Tedeschi (Alvaro Morte). Rien d’étonnant à ce que, dès le premier soir, elle fasse un cauchemar terrifiant, qui donnerait à n’importe qui l’envie de fuir au plus vite les lieux.
Mais la jeune femme s’accroche, grâce notamment au soutien de Soeur Gwen (Benedetta Porcaroli), avec qui elle a sympathisé, et s’habitue peu à peu au rythme de vie du couvent… jusqu’à ce que nausées et évanouissements n’alertent sur son état.
Quand elle découvre qu’elle est enceinte, Cecilia ne comprend pas ce qui lui arrive. Elle est à la fois flattée d’avoir été choisie par le Tout-Puissant pour porter le divin enfant, et terrifiée de cette responsabilité. Mais elle s’inquiète encore plus des évènements dramatiques qui semblent se multiplier dans le couvent et de l’attitude étrange du Père Tedeschi et de la Mère supérieure, qui semblent la garder prisonnière des lieux. Elle va découvrir peu à peu les particularités de cet établissement, pas si catholique que cela…
Dans la première partie du film, le cinéaste réussit à créer un climat joliment angoissant, qui rappelle un peu l’ambiance du Rosemary’s baby de Polanski. Il fait monter la tension peu à peu, en brouillant les pistes. On se demande ce que cache ce couvent atypique. Une secte apocalyptique? Un loup sataniste déguisé en Agnus Dei? Des esprits maléfiques? Ceci est suffisamment intrigant pour avoir envie de connaître le dénouement.
La seconde partie, elle, verse dans le film d’horreur pur et dur, le grand guignol et recèle quelques scènes gore assez sauvages et provocatrices.
Ce dispositif devrait permettre à un large public d’y trouver son compte, du moins partiellement. A condition, évidemment, d’apprécier ce genre de film et d’avoir le coeur bien accroché. Evidemment, les spectateurs égarés, pensant assister à un film pieux façon Thérèse, seront moins à la fête – mais ils devraient se rendre compte de leur méprise dès la séquence pré-générique, qui donne le ton du film.
Immaculée
Immaculate
Réalisateur : Michael Mohan
Interprètes : Sidney Sweeney, Alvaro Morte, Benedetta Porcaroli, Dora Romano, Giorgio Colangeli, Simona Tabasco
Genre : Elle a fait un bébé toute seule
Origine : Etats-Unis
Durée : 1h29
Date de sortie France : 20 mars 2024
Contrepoints critiques :
”Cet excellent film déjoue tous les diagnostics, et s’impose ainsi comme un parfait compromis entre elevated horror et spectacle d’épouvante organique pour public du samedi soir.”
(Gilles Esposito – Mad Movies)
”Tous les poncifs de l’effroi sont là. (…) Dans cet ennui, on apprécie finalement l’accouchement final, grotesque et gore. Un soulagement pour tous.”
(Cécile Besse – Télérama)
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