Ce projet de film historique est avant tout celui de Gabrielle Tana productrice entre autre de "The Duchess" (2008) de Saul Dibb, "Philomena" (2013) de Stephen Frears ou "Noureev" (2019) de Ralph Fiennes. La productrice a pu lire les épreuves d'un roman historique qui allait devenir "Le Jeu de la Reine" (2012) de Elizabeth Fremantle et donc avant la sortie littéraire la productrice avait posé une option sur les droits d'adaptation sur l'histoire de Catherine Parr (Tout savoir ICI !), dernière épouse et Reine du barbe bleu anglais le fameux le roi d'Angleterre Henri VIII (Tout savoir ICI !). Etonamment, cette reine qui a su survivre à son époux est la seule sur les six épouses du roi qui aura été aussi peu porté sur grand écran. En effet, Catherine Parr a été représenté au cinéma uniquement dans "la Vie Privée d'Henry VIII" (1933) de Alexander Korda, un peu plus souvent sur petit écran mais de façon moindre que ces consoeurs Ann Boleyn ou Jeanne Seymour. La productrice a choisi comme réalisateur le brésilien Karim Aïnouz connu pour les films "Le Ciel de Suely" (2006) ou "La Vie Invisible d'Euridice Gusmao" (2019) qui, après de nombreuses recherches, le cinéaste a choisi de se focaliser sur les derniers mois de vie du Roi, après déjà quelques années d'union. Le réalisateur précise : "Le Jeu de la Reine dresse le portrait d'un personnage inédit sur grand écran jusqu'à présent. Le film décrit les derniers mois de la survie de Catherine Parr en tant que Reine d'Angleterre, et par conséquent les derniers mois d'Henri VIII en tant que Roi. Catherine Parr est une femme qui a osé rêver, alors qu'elle était enfermée dans une relation abusive." Le scénario est signé des soeurs Jessica et Henrietta Ashworth qui ont auparavant le film "Tell It to the Bees" (2018) de Annabel Jankel... 1546, déjà trois années que Catherine Parr est l'épouse du roi Henri VIII. La Reine a démontré qu'elle est une femme "extrêmement brillante, cultivée et émancipée" malgré un époux qui reste un homme dangereux qui a déjà fait exécuté ou répudié ses précédentes épouses. Alors que la santé de Henri VIII se détériore la Reine tente de déjouer les pièges de la Cour et de garder la confiance de son époux...
La Reine Catherine Parr est jouée par Alicia Vikander qui retrouve le costume après déjà plusieurs films d'époque comme "Royal Affair" (2012) de Nikolaj Arcel, "Tulip Fever" (2017) de Justin Chadwick ou "The Green Knight" (2021) de David Lowery ou "Anna Karénine" (2012) de Joe Wright après lequel elle retrouve son partenaire alias Henri VIII incarné par Jude Law qui n'est pas en reste avec les rôles en costume dont "Le Roi Arthur : la Légende d'Excalibur" (2017) de Guy Ritchie, "Les Animaux Fantastiques : les Secrets de Dumbledore" (2022) de David Yates ou "Peter Pan et Wendy" (2023) de David Lowery, et retrouve après le dyptique "Sherlock Holmes" (2009-2011) de Guy Ritchie l'acteur Eddie Marsan acteur fétiche de ce réalisateur avec aussi "The Gentlemen" (2020), "Un Homme en Colère" (2021) et "Operation Fortune : Ruse de Guerre" (2022). Citons ensuite Sam Riley vu entre autre dans "Suite Française" (2014) de Saul Dibb, "The Dark Valley" (2014) de Andreas Prochaska, "Free Fire" (2016) et "Rebecca" (2020) tous deux de Ben Wheatley, Simon Russell Beale vu notamment dans "La Mort de Staline" (2017) de Armando Iannucci, "La Ruse" (2022) de John Madden ou "The Outfit" (2022) de Graham Moore et qui retrouve l'époque du milieu 16ème siècle en Angleterre après "Marie Stuart, Reine d'Ecosse" (2018) de Josie Rourke, Ruby Bentall aperçue dans "Robin des Bois" (2010) de Ridley Scott, "Mr. Turner" (2014) de Mike Leigh ou "Miss Revolution" (2020) de Philippa Lowthorpe, Erin Doherty surtout vue dans des séries TV dont "The Crown" (2019-2020) et "Call the Midwife - les Héroïnes de l'Ombre" (2012-2017) après laquelle elle retrouve sa partenaire Bryony Hannah apparue dans l'excellent "Le Dernier Duel" (2021) de Ridley Scott, puis enfin Patsy Ferran vue dans la série TV "Jamestown : les Conquérantes" (2017-2019) et le film "Vivre" (2022) de Oliver Hermanus... Le parti pris de se focaliser sur les derniers mois de Henri VIII oblige à certaines précisions en ouverture de film pour les néophytes ce qui n'empêche pas une immersion totale au sein de la cour royale d'Angletterre avec des décors soignés et des costumes magnifiques tout en instaurant une certaine austérité, ce qui manque sans doute d'un peu de flamboyance ; à l'instar de François Ier en France la cour de Henri VIII était connu pour son faste, mais peut-être est-ce aussi pour souligner le déclin, la fin d'un règne. Evidemment, la reconstitution d'époque est de grande valeur, encore faut-il que le scénario soit historiquement aussi riche que fidèle. Clairement le film l'est au départ, l'année 1546 et l'affaire Anne Askew est bien décrite par son ampleur même si la relation avec la reine dans le film reste en réalité sujette à caution.
Etonnament, le personnage de Askew tend à disparaître au fil du récit ce qui est peu cohérent au vu de l'importance qu'on lui donne au début. Mais ensuit, effectivement, c'est bel et bien la reine Catherine Parr qu'on savoure à suivre dans les méandres de la cour, et qui tente surtout de survivre face au roi, roi à l'origine prince beau fort et athlétique devenu un ogre répugnant et dangereux. Alicia Vikander offre toute sa finesse et sa douceur à son personnage, belle et intelligente reine qui fait montre de toute sa malice humaine et politique pour convaincre son époux de sa loyauté. Mais le plus impressionnant reste Jude Law, métamorphosé en Barbe Bleue abject et mourant mais toujours tyrannique et imprévisible. Mais le soucis est que le film vire de plus en plus vers un film de fiction oubliant du même coup que la vérité historique (encore et toujours !) n'avait nul besoin d'artifice. L'histoire du collier est déjà une invention (façon les ferrets de la Reine avec Les Trois Mousquetaires), mais le pire arrive avec le dernier acte, complètement faux sur le fond (historique) et même grotesque sur la forme. Cette conclusion gâche tout alors que le film était jusque là plutôt réussi avec un effort sur la véracité des faits, notamment sur les personnages et les coulisses du pouvoir. Un film qui reste intéressant si on oublie pas que les 10 dernières minutes sont tout simplement fausses.
Note :