Retour de Edouard Bergeon après son remarqué "Au Nom de la Terre" (2019), fondateur de la chaîne dédiée au monde agricole au bien manger et à la ruralité, le cinéaste poursuit sur la thématique en repoussant les frontières. Il a eu l'idée en lisant un article de presse sur le blocage d'une raffinerie par des agriculteurs : "Les agriculteurs français avaient été incités par le gouvernement, via des primes, à cultiver du palme pour produire du biocarburant et les importations d'huile de palme allaient faire baisser les cours de marché de l'huile française. La colère de ces agriculteurs qui se sentaient floués a résonné en moi." Le réalisateur-scénariste retrouve après son premier film Emmanuel Courcol, scénariste fidèle entre autre de Philippe Lioret avec les films "Mademoiselle" (2001), "L'Equipier" (2004), "Je vais Bien, ne t'en Fais pas" (2006), "Welcome" (2009) et "Toutes nos Envies" (2011). Vu le sujet du film, il a été impossible de tourner en Indonésie, la production s'est donc posé en Thaïlande, pays qui est pourtant aussi un des plus grands producteurs d'huile de palme...
Jeune homme brillant, Martin est injustement condamné à mort en Indonésie après un voyage où il voulait dénoncer les ravages de l'exploitation de l'huile de palme. Sa mère Carole se lance alors dans un combat inégal contre les industriels mais aussi contre tout un système corrompu pour tenter de sauver son fils en révélant la vérité écologique derrière cette condamnation... La maman est jouée par Alexandra Lamy vue dernièrement dans "Zodi et Téhu, Frères du Désert" (2023) de Eric Barbier et "La Chambre des Merveilles" (2023) de Lisa Azuelos, tandis que son fils condamné est joué par Félix Moati vu dans "Wahou !" (2023) de et avec Bruno Podalydès et "Voleuses" (2023) de et avec Mélanie Laurent. Citons ensuite Sofian Khammes qui retrouve son scénariste Emmanuel Courcol après son film "Un Triomphe" (2020) et vu depuis dans "Novembre" (2022) de Cédric Jimenez, "Normale" (2023) de Olivier Babinet ou "Le Processus de Paix" (2023) de Ilan Klipper, Julie Chen révélée dans "Astérix et Obélix : l'Empire du Milieu" (2023) de et avec Guillaume Canet, Antoine Bertrand acteur québecois vu dans "Au Revoir le Bonheur" (2021) de Ken Scott et "J'adore ce que vous Faites" (2022) de Philippe Guillard, puis Philippe Torreton qui était justement dans "L'Equipier" (2004) de Lioret, et vu plus récemment dans "Simone, le Voyage du Siècle" (2021) de Olivier Dahan et "Gueules Noires" (2023) de Mathieu Turi... D'emblée on a bien du mal à croire que Felix Moati est étudiant, on s'interroge sur le lien (en effet !) entre anthropologie et sa lutte contre la déforestation, et on reste perplexe par ce jeune homme qui part en Indonésie sans l'aide réelle d'une ONG ou d'une quelconque organisation ; le mec se la joue solo façon Rambo écolo. Invraisemblable. Mais on veut y croire, la planète vaut le coup ! Le speech est en fait un mix entre "Midnight Express" (1978) de Alan Parker et "Les Algues Vertes" (2023) de Pierre Jolivet mais le scénario se prend un peu les pieds dans le tapis.
Le soucis repose sur le départ de l'intrigue, alors que le film veut s'imposer comme militant bobo contre l'exploitation de l'huile de palme le côté polar/thriller dévie maladroitement... ATTENTION SPOILERS !... Martin Landreau/Moati se fait piégé pour un vidéo témoin d'un meurtre, et non pas parce qu'il dénonce et/ou voit quelque chose plus directement lié à l'huile de palme. Un meurtre reste un meurtre et il est presque hors propos car lié trop indirectement avec l'huile de palme... FIN SPOILERS !... On aurait donc préféré un départ d'intrigue avec un enjeu plus directement lié aux magouilles politico-soco-financières autour des exploitations et de l'industrie de l'huile de palme. De surcroît, on est agacé par le procès, ou comment le Martin/Moati se la joue grand justicier écolo au point d'être bête à manger du foin (faut voir comment il sabote lui-même sa défense tant il croit que la justice indonésienne est la même que les autres !). Le scénario s'avère bancal car frôle le hors sujet à force d'insister sur un meurtre dont on se fout un peu et finalement l'huile de palme ne sert que de vitrine alors même qu'il devrait être le fil conducteur. Ne parlons pas de ficelles qui forment des cordes (le québecois et son caribou et juste après un chasseur privilégié, la gueule des témoins au procès, la militante héroïne qui ne se cache pas puis finalement si, l'étudiant qui pense que ses co-détenus l'espionnent et parlent français...), sans compter 5mn d'un personnage (joué par monsieur Torreton) pour un monologue hyper démago et caricatural pour bien expliqué les choses autour de l'huile de palme... Ou pas car ce monologue pourrait parfaitement servir pour les géants pharmaceutiques, ou les magnats du pétrole etc... Plein de choses intéressantes avec des acteurs qui y croient mais au final ça manque de cohérences et de tension, on dirait un téléfilm de luxe car à l'évidence Edouard Bergeon n'est ni Costa Gravas, ni Michael Mann ni Oliver Stone... En conclusion, un film tout juste intéressant de par son sujet important et actuel mais sera vite oublié car manque de puissance émotionnelle et servi par une mise en scène trop scolaire. Dommage...
Note :
11/20