Ce projet est avant tout poussé par un certain Hal B. Wallis, une des plus grands producteurs de son époque notamment derrière les films de Michael Curtiz dont le chef d'oeuvre "Casablanca" (1942). Le projet a pu prendre son envol surtout grâce à l'association de deux des plus grandes stars, Burt Lancaster et Kirk Douglas qui acceptèrent pour clore leur contrat respectif avec Wallis et ainsi prendre leur indépendance. Le film conte de façon très libre la fameuse fusillade de Ok Corral à Tombstone (Tout savoir ICI !), une des histoires vraies les plus mythiques de la Conquête de l'Ouest. Jusque là le cinéma a plus ou moins abordé l'Histoire par les protagonistes mais le duel et l'affaire ont été abordé uniquement dans "La Poursuite Infernale" (1944) de John Ford, et bien plus tard avec le face à face "Wyatt Earp" (1994) de Lawrence Kasdan et "Tombstone" (1993) de George Pan Cosmatos. Pour ce projet le producteur a chois le réalisateur John Sturges, spécialiste du western entre "Coup de Fouet en Retour" (1956) et "Le Trésor du Pendu" (1958) et avant son apogée avec "Les Sept Mercenaires" (1960) et en attendant son "Sept Secondes en Enfer" (1967), suite officieuse de "... Ok Corral" ! Le scénario est tiré d'un article de presse de Georges Scullin, adapté et écrit par Leon Uris, romancier qui a adapté son propre roman juste avant avec "Le Cri de la Victoire" (1955) de Raoul Walsh, et qui sera surtout remarqué avec son autre roman écrit juste après avant d'être porté sur grand écran, ce sera "Exodus" (1960) de Otto Preminger, sans compter plus tard encore son roman "Topaz" (1967) qui deviendra le film "L'Etau" (1969) de Alfred Hitchcock. Hal B. Wallis réunit une équipe de talent, entre autre notons les choix de Charles Lang comme Directeur Photo et Dimitri Tiomkin comme compositeur, tous deux des sommités dans leur domaine. A noter qu'il vaut mieux favoriser la V.O., ne serait-ce que pour éviter un changement de noms aussi inutiles qu'incongrus, les Earp devenant notamment les Thorpe (?!)... Shérif de Dodge City, Wyatt Earp arrive à Fort Griffin où il pense retrouver la bande des Clanton mais il ne peut que constater que son confrère les a laissé quitter la ville. Lors de son séjour il croise Doc Holliday un joueur pro qui a le don d'attirer les ennuis. Apparemment les Clanton se seraient dirigés vers Tombstone, Wyatt Earp se rend donc là-bas où il va retrouver son frère qui y est le shérif. Les Earp maitiennent la loi sur le secteur de Tombstone jusqu'à ce que l'un des frères se fassent tuer. Cette fois les Earp acceptent un duel ultime entre eux et les Clanton...
Le shérif Wyatt Earp est interprété par Burt Lancaster star depuis "Les Tueurs" (1946) de Robert Siodmak et confirmé avec entre autre "Tant qu'il y aura des Hommes" (1953) de Fred Zinnemann ou "Trapèze" (1956) de Carol Reed, tandis que Doc Holliday est incarné par Kirk Douglas star depuis "L'Emprise du Crime" (1946) de Lewis Milestone puis confirmé avec "Les Ensorcelés" (1952) de Vincente Minnelli ou "L'Homme qui n'a pas d'Etoile" (1955) de King Vidor, les deux acteurs se retrouvent après "L'Homme aux Abois" (1948) de Byron Haskin, et qui se retrouveront encore à cinq reprises jusqu'à "Coup Double" (1986) de Jeff Kanew. Côté Earp, il y a les frères joués par DeForest Kelley qui tourne entre "L'Arbre de Vie" (1957) et "L'Homme aux Colts d'Or" (1959) tous deux de Edward Dmytryk, qui retrouvera John Sturges dans "Le Trésor du Pendu" (1958) et qui sera surtout connu pour la franchise "Star Trek" (1966-1991) de la série TV au long métrage cinéma, John Hudson vu dans "Quatre Etranges Cavaliers" (1954) de Allan Dwan ou "Le Cercle Infernal" (1955) de Henry Hathaway, puis un adjoint joué par Earl Holliman vu dans "La Lance Brisée" (1954) de Edward Dmytryk, "La Peur au Ventre" (1955) de Stuart Heisler et qui retrouvera Sturges et Kirk Douglas pour "Le Dernier Train de Gun Hill" (1959), la belle de saloon est jouée par Rhonda Fleming vue dans "La Maison du Docteur Edwardes" (1945) de Alfred Hitchcock et vue dans "Le Tueur s'est Evadé" (1956) de Budd Boetticher ou "La Cinquième Victime" (1956) de Fritz Lang, tandis que la compagne de Doc Holliday est jouée par Jo Van Fleet vue dans "A l'Est d'Eden" (1955) de Elia Kazan, "La Rose Tatouée" (1955) et "Une Femme en Enfer" (1955) tous deux de Daniel Mann et retrouvera dans "Luke la Main Froide" (1967) de Stuart Rosenberg le jeune Dennis Hopper alias Billy Clanton, vu dans "La Fureur de Vivre" (1955) de Nicholas Ray et qui retrouve Earl Holliman après "La Peur au Ventre" (1955) et "Géant" (1956) de George Stevens avant de devenir une star des années plus tard avec notamment le choc "Easy Rider" (1969) de lui-même. Parmi le clan Clanton citons John Ireland qui a la particularité d'avoir été Billy Clanton dans "La Poursuite Infernale" (1946), mais aussi d'être le coupable de "J'ai tué Jesse James" (1949) de Samuel Fuller et retrouvera Kirk Douglas dans "Spartacus" (1960) de Stanley Kubrick, puis citons Lyle Bettger vu dans "Sous le plus Grand Chapiteau du Monde" (1952) de Cecil B. De Mille ou plus tard dans "Nevada Smith" (1966) de Henry Hathaway sur lequel il retrouvera Ted De Corsia qui retrouve et retrouvera Kirk Douglas entre "20000 Lieues sous les Mers" (1954) de Richard Fleischer et "Spartacus" (1960), Citons encore Frank Faylen vu dans "Le Poison" (1945) de Billy Wilder ou "La Vie est Belle" (1946) de Frank Capra, Whit Bissell qui retrouvera son réalisateur pour "La Proie des Vautours" (1959), "Les Sept Mercenaires" (1960) et "Sur la Piste de la Grande Caravane" (1965), Kenneth Tobey vu dans "L'Attaque de la Malle Poste" (1951) de Henry Hathaway ou "Bigamie" (1953) de et avec Ida Lupino, George Mathews vu dans "L'Homme au Bras d'Or" (1954) de Otto Preminger ou "La Dernière Caravane" (1956) de Delmer Daves, puis n'oublions pas des "gueules" cultes, Brian G. Hutton qui retrouvera une partie de l'équipe dans "Le Dernier Train de Gun Hill" (1959) avant de devenir lui-même réalisateur avec les films de guerre "Quand les Aigles Attaquent" (1968) et "De l'Or pour les Braves" (1970), Jack Elam vu dans un grand nombre de westerns avec Burt Lancaster dans "Vera Cruz" (1954) de Robert Aldrich ou avec Kirk Douglas dans "L'Homme qui n'a pas d'Etoile" (1955) avant un sommet mythique dans "Il était une fois dans l'Ouest" (1968) de Sergio Leone, et il retrouve après "Le Train sifflera Trois Fois" (1952) de Fred Zinnemann son partenaire Lee Van Cleef vu dans "Bravados" (1958) de Henry King ou "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962) de John Ford avant d'être réellement reconnu à partir de "Et pour Quelques Dollars de Plus" (1965) de Sergio Leone... Le film est scindé en deux parties. La première à Fort Griffin, où Wyatt Earp et Doc Holliday posent les bases d'une amitié singulière, mais qui permet aussi d'apprendre à connaître les deux hommes. Earp en homme de loi qui n'hésite pas à franchir la ligne jaune si cela est nécessaire pour que justice soit faite, Holliday qui reste un mâle alpha infect avec sa conjointe peut-être que la souffrance qu'il endure en est la cause. Holliday pourrait être surnommé "trompe la mort". Lancaster impose son charisme naturel pour le héros de l'Ouest, tandis que Douglas offre une performance plus marquante avec un teint blafard du mort en sursis.
D'ailleurs si les deux stars offrent un duo mythique le reste du casting n'est pas en reste surtout avec les gueules Elam, Van Cleef et Hopper, tandis que si Jo Van Fleet joue une femme amoureuse mais paumée Rhonda Fleming est sans doute un peu sous-exploitée. La seconde partie entre plus dans le vif du sujet, où comment la dernière ligne droite vers le duel entre les deux clans Earp et Clanton. Le scénario évite soigneusement l'action gratuite, préférant les séquences fortes où les émotions et/ou les dialogues imposent un montée sous tension. On pense à Doc Holliday qui prend sur lui de ne pas tuer l'homme qui lui jette un verre au visage, Doc Holliday aussi qui use des mots comme autant de coups de canif envers celle qui s'occupe pourtant de lui... Puis arrive la fusillade, éloignée de la réalité des faits pour privilégier le panache car comme le dira un journaliste à la fin de "L'Homme qui tua Liberty Valance" (1962), "quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende !" John Sturges signe un western d'anthologie porté par un duo d'acteur au diapason, tous les ingrédients sont réunis pour servir une histoire prenante au service de la mythologie de cette fin de Conquête de l'Ouest. Un grand moment cinoche.
Note :
18/20