FELLOW TRAVELERS (Canal +) – 15/20
« Love is dangerous » dit l’affiche de la série. Certainement quand on est queer dans les années 50… Fellow Travelers raconte sur quatre décennies une histoire de l’homosexualité, celle de Hawk et Tim. Les rendez-vous cachés, les soutiens souterrains, les suspicions à réfuter à grand coup de poses viriles, les mariages arrangeants…. Et souvent, lutter contre qui l’on est, trouver des stratagèmes pour être avec celui qu’on aime, parfois le trahir. Et affronter un virus mortel et dévastateur.
Matt Bodmer et Jonathan Bailey incarne ce couple maudit. A la séduction provocatrice et l’arrogante assurance de Bomer répond le charme maladroit de Bailey . L’alchimie est évidente.
Construit en flash-back, Fellow Travelers est éminemment politique (on n’en attendait pas moins du scénariste de Philadelphia), débutant aux premières heures du maccarthysme et se concluant alors que culmine l’épidémie de sida.
Tragique et crue, Fellow Travelers éclaire sur les dégâts effroyables causés par l’homophobie et le sida aux histoires d’amour gay des années 50 aux 80’s. Si elle n’atteint pas l’universalité dramatique d’Angels in America ou la force militante de It’s a Sin, séries de référence sur l’histoire LGBT+, elle n’en est pas moins belle, intense et bouleversante.
MASTERS OF THE AIR (AppleTV+) – 14/20
Apple s’offre avec Masters of the Air une série de prestige produite par Spielberg qui clôt le triptyque sur la 2ème guerre mondiale qu’il forme avec Band of Brothers et The Pacific. La direction artistique est aussi ambitieuse que grandiose et orchestre d’intenses et impressionnantes scènes de combats aériens. Formellement, c’est parfait et Masters of the Air nous immerge littéralement dans la brutalité du conflit et la réalité léthale de la guerre.
Dommage que la série manque un peu d’ampleur dramatique. C’est bête, mais le fait de ne pas pouvoir distinguer les personnages dans leur cockpit avec leur masque crée une distance et rend difficile de s’attacher à chacun deux (d’autant plus que la plupart ont une espérance de vie limitée). Il faut attendre les derniers épisodes pour que Masters of the Air délivre sur le fil du romanesque et de l’émotion. Elle est en tout cas formidablement portée par certains des jeunes loups les plus en vue d’Hollywood.
POLAR PARK (Arte) – 14/20
Série policière atypique, Polar Park est aussi amusante dans son ton qu’efficace dans son exécution. Elle déploie avec énergie une enquête mêlant meurtres et œuvres d’art, lançant ses personnages dans un jeu de piste macabre passionnant, doublé d’une quête personnelle pour l’écrivain en mal d’inspiration joué avec brio par Jean-Paul Rouve. L’ensemble du casting est par ailleurs excellent.
Le cadre enneigé et glacial de Mouthe (village le plus froid de France) rajoute à la singularité de Polar Park, qui mélange humour et whodunit avec une rigueur scénaristique jamais prise à défaut. Seul bémol, le dénouement assez peu surprenant s’étire sur deux épisodes, c’est un peu long. Mais Polar Park est une série française vraiment très recommandable.