SYNOPSIS : La famille Spengler revient là où tout a commencé, l'emblématique caserne de pompiers de New York. Ils vont alors devoir faire équipe avec les membres originels de S.O.S. Fantômes, qui ont mis en place un laboratoire de recherche top secret pour faire passer la chasse aux fantômes à la vitesse supérieure. Lorsque la découverte d'un ancien artefact libère une armée de fantômes qui répand une menace de glace sur la ville, les deux équipes S.O.S. Fantômes doivent unir leurs forces pour protéger leur maison et sauver le monde d'une seconde ère glaciaire.
Moins de trois ans après S.O.S Fantômes : L'Héritage, voilà que sa suite directe débarque. Nous ne referons pas une présentation des films de la saga ni de comment ils s'imbriquent les uns par rapport aux autres, nous tenons cela pour acquis dans la mesure où la trame globale est assez linéaire. Pour nous, disons-le tout de suite, S.O.S. Fantômes n'a jamais été une grande saga et aucun des films ne s'est avéré être un magistral moment de bravoure. En revanche c'est bien évidemment culte et le concept de base est génial. C'est pourquoi en allant voir La Menace de glace nous ne nous attendions à rien de plus qu'une digne suite du très sympathique et respectueux L'Héritage, qui sans être marquant, demeurait vivace en réussissant à dépoussiérer le concept via un soft reboot qu'on sentait animé d'intentions loyales et touchantes. Via son synopsis cette Menace de glace avait d'ailleurs attisé notre curiosité puisqu'elle semblait injecter du neuf en élargissant la carte des possibilités. Et pourtant force est de constater que le mur de glace, cet opus l'a percuté de plein fouet. Comment cette suite de S.O.S. Fantômes a-t-elle pu se transformer à ce point en un si mauvais Marvel ?
Quelque part c'est assez triste. Lorsque l'Héritage avait été annoncé il y a quelques années on imaginait alors tout à fait se retrouver avec un film d'une qualité similaire à celle de La Menace de glace. Cela n'avait pourtant pas été le cas car le film s'était avéré comme nous l'avons vu assez bon. La bombe était finalement à retardement. Par où commencer ? Nous serions tentés de dire par les points positifs car cela sera plus rapide à passer en revue. Difficile pourtant d'en trouver pléthore. En premier lieu nous mettrons en avant Paul Rudd, toujours aussi sympathique quoiqu'il fasse et ce peu importe le taux de billevesées qui ont pu fuser en salle d'écriture pour structurer le personnage qu'il se retrouve à incarner. Il continue de jouer le gars cool un peu ringard (cette ambivalence dont il a le secret) à l'humour décalé et à la témérité vaillante, il donne à cet opus la fraîcheur qu'il avait déjà amené par le passé car il est doué pour cela. On aura toujours des difficultés à dire du mal de Pauld Rudd. On pourra aussi saluer quelques scènes d'action divertissantes qui cadencent le film, quand bien même elles s'imbriquent dans un gloubi-boulga d'idées à la ramasse ou simplement mal développées.
Côté points négatifs cependant, on ne sait plus où donner de la tête. Lorsque l'on regarde derrière, avec du recul, ce qui choque le plus c'est sûrement l'absence de consistance de presque tous les personnages. Nous ignorons si Bill Murray est venu uniquement pour cachetonner ou si les scénaristes n'avaient plus d'idées pour lui, mais du côté des anciens personnages (ceux d'avant l'Héritage) il est l'exemple le plus probant de la déchéance dont est saupoudré le film. Le personnage autant que l'acteur font peine à voir, sorte de spectre dont on se demande s'il ne finira pas aspiré par l'équipe qui finira par le confondre avec l'un des nombreux fantômes qui leur mènent la vie dure. Du côté des nouveaux personnages (ceux de l'Héritage) tout est plat à foison en dehors peut-être des interventions de Paul Rudd. On demeure étonnés de constater que le personnage de Finn Wolfhard n'a aucune ampleur, c'est bien simple s'il n'était pas là cela ne changerait rien. Quoi d'étonnant après tout ? Même si l'Héritage était un bon divertissement, il ne brillait déjà pas par le développement de ses protagonistes. A l'exception d'un : Phoebe ( Mckenna Grace) qui s'avérait très futée et bad ass. En sortant du film précédent on se souvient s'être dit " heureusement qu'elle était là ! ".
Mais alors que fait Phoebe dans cette suite ? Et bien n'y allons pas par quatre chemins, elle ne fait que des conneries. Nous comprenons bien pourquoi les scénaristes ont pu se dire qu'il pourrait être judicieux de lui faire emprunter ce chemin d'échecs (c'est littéralement elle qui manque de tuer le monde entier ici), après tout Phoebe est une enfant assez étrange et décalée depuis le début, mais plutôt que de capitaliser sur elle et sur sa force ils en ont fait un énorme boulet pour justifier la morale de fin. Quelle déception. Nous assistons alors à un véritable pugilat d'écriture à son sujet, le summum étant sa frêle amitié avec un fantôme (qu'on a bien cru devenir une romance, nous avons échappé au pire, on était à un poil du débordement) qui l'amène à faire une succession de choix tous plus débiles les uns que les autres. Phoebe est tombée au champ de bataille de l'écriture, il ne reste désormais plus qu'un cimetière de personnages. Et ce n'est pas sur Kumail Nanjiani qu'il faudra compter, lui qui semble s'être investi de la mission à long terme d'aller jouer le bouffon de service dans toutes les grosses licences d'Hollywood (sa présence dans Obi-Wan nous avait déjà mis la puce à l'oreille), ni sur le bad guy sorti tout droit d'un des pires DC Comics (oui, pas de raison de taper uniquement sur Marvel).
Cette suite a donc tous les symptômes de la sortie de route qui aurait pu être anticipée : vouloir faire plus gros et plus grand quitte à virer à la guignolerie, massacrer ses personnages, anciens comme nouveaux, en les exploitant stupidement ou en les laissant dans une transparence la plus totale, proposer une menace et un personnage comique qui lorgnent du côté des pires bouffonneries Marvel (avec les effets spéciaux au rabais qui vont avec), et assaisonner le tout d'une morale qui fait lever les yeux au ciel (pauvre Carrie Coon qui après avoir joué dans The Leftovers qui traitait habilement et intelligemment le thème de la famille, se retrouve dans une débilité marketing qui tente de le faire avec ses gros sabots). Définitivement le volet de trop (encore un) qui a réussi même à rendre antipathique le seul personnage fort qu'il avait. A un moment il faut savoir s'arrêter et ce ne sont pas les petits bonhommes en guimauve qui suffiront à brouiller les pistes du manque d'idées qui anime des intentions qui ne sont plus si loyales et désintéressées que ça.
Titre Original: GHOSTBUSTERS : FROZEN EMPIRE
Réalisé par: Gil Kenan
Casting : Paul Rudd, Carrie Coon, Finn Wolfhard
Sortie le: 10 avril 2024
PAS GÉNIAL