Drôle de frimousse

Par Dukefleed
Dansons à Paris

Stanley Donen est connu et reconnu pour un film mythique, une référence de la comédie musicale « Chantons sous la pluie ». Pourtant celui-ci est son préféré. Jacques Demy n’est pas loin, le Technicolor éclatant avec ses couleurs chaudes irradie la pellicule. Mais qui enflamme encore plus la toile… la fraicheur d’Audrey Hepburn qui finit par voler la vedette à tous, même dans les parties dansées. Dans son numéro de duettiste avec la directrice du magazine « Quality », elle éteint totalement sa partenaire par sa virtuosité et sa fluidité. Dans les parties chantées, son timbre de voix se déploie pleinement : comédie, danse, chant ; son passé dans le music-hall éclate dans ce film. Concernant la voix, optez pour la VO, sa doublure française aux tonalités très jeune fille n’est pas à la hauteur. Seul Fred Astaire parvient à lui tenir la dragée haute sur les parties dansées. Cependant, c’est au niveau du scénario que les faiblesses se révèlent. Déjà, aujourd’hui, en période « MeToo », une histoire mettant en scène une jeune femme de 25 ans tombant sous le charme d’un homme de 30 ans son aîné serait le thème en lui-même du film. Ici c’est une évidence ; même à l’aune des années 2020, ceci est improbable ; on a du mal à voir ce que ces deux-là vont faire ensemble. De plus, qu’il y a un côté paternaliste chez hommes ; pire encore, la scène où le philosophe se sent le droit de profiter de sa jeune groupie passe très mal aujourd’hui. Autre époque autre mœurs. La narration est là essentiellement pour servir des numéros de music-hall par contre très bien chorégraphiés et écrits. Donc la visite de Paris devient un prétexte à amener les spectateurs américains dans les salles ; le traitement caricatural des français sert à démontrer la supériorité des américains ; l’opposition futilité de la mode et profondeur de la littérature est d’un simplisme éculé.

A voir tout de même pour des numéros de danses de haut vol, pour un rythme enlevé ; mais comme toujours essentiellement pour le numéro d’Audrey Hepburn.

Ma note: 12/20
Sorti en 1957