LA FIÈVRE S01 (Canal) – 08/20
Terriblement caricaturale, parfois même totalement à côté de son sujet, la Fièvre échoue lourdement à traduire la réalité qu’elle est censée décrire, que ce soit celle d’un club de football pro (surtout) ou celle des médias (tourner chez Canal n’est pas gage de réalisme). C’est d’autant plus frustrant que ses créateurs avaient excellé dans leur retranscription du monde politique dans Baron Noir. Enorme déception donc au regard des précédentes Créations Originales Canal.
Le ton général de la série sonne faux, jusqu’au personnage de Sam, dont l’instabilité mentale liée à son statut HPI (on a compris), le débit de parole et le langage très littéraire ont du mal à convaincre (malgré tout le talent de Nina Meurisse). La série est plus habile quand elle traite des réseaux sociaux, de leur impact social et comment les manipuler. Elle n’hésite cependant pas à enfoncer des portes ouvertes pour rendre compte des luttes d’opinion en ligne qui polarisent la société et exacerbent les crispations communautaires. Mais cette photographie d’une société fracturée et prête à s’embraser, bien que très parcellaire, est intéressant d’un point de vue dramatique, on peut accorder ça à la série. Cette polarisation est incarnée par deux figures féminines située aux extrêmes, Kenza pour les indigéniste (la découverte Lou-Adriana Bouziouane) et la standupeuse Marie Kinsky pour les souverainistes (Ana Girardot, parfaite en simili Marion Maréchal), dont l’inimité avec Sam sert de fil rouge à la série.
Malheureusement, les personnages sont trop grossièrement construits, les dialogues trop écrits et manquant de naturel, le jeu d’acteur trop approximatif et la mise en scène trop quelconque pour compenser un évident manque de moyen (les scène de foule sont vraiment gênantes… )
Le scénario multiplie par ailleurs les invraisemblances, le point d’orgue étant sans doute cette idée de club de Ligue 1 géré en coopérative en mode bisounours (mais le débat final n’est pas mal non plus)… En conclusion, la Fièvre retombe bien vite…
MAIS! (car il y a un mais) … si saison 2 il y a, elle semble se recentrer sur quelque chose de plus solide. Et elle, elle est plutôt prometteuse.
INVINCIBLE S02 (PrimeVideo) – 14/20
Ce n’est pas toujours facile de s’y retrouver avec tant d’intrigues qui se croisent. Mais le destin de Mark, aka Invincible, et son rapport au père est notre boussole pour se repérer dans cette série super-héroïque singulière, ultra violente mais pas gratuite, marquée par les traumas familiaux et le poids des responsabilités.
Si le rapprochement avec The Boys est évident, Invincible n’a pas son cynisme, elle est moins « fun », délivre plus d’empathie avec ses personnages. Une remarquable série d’animation pour adulte.
PALM ROYALE S01 (AppleTV+) – 13/20
Comédie rétro chic cornaquée par Kristen Wiig, Palm Royale nous plonge avec bonheur et causticité dans l’Amérique chic et bourgeoise des années 70 à Palm Beach, fief des familles aisées de Californie et parfait miroir aux alouettes.
Maxine tente de se faire une place parmi les dames de la haute société de la ville et pour cela doit feindre d’être millionnaire sans avoir un sou, et elle est prête à tout. C’est évidemment un excellent ressort de comédie dont Wiig s’empare avec délectation, bien soutenu par les actrices composant le club des maitresses des lieux où trône Allison Jalley en toute superficialité.
Glamour, piquante et drôle, à défaut d’être particulièrement marquante, Palm Royale a tout pour vous faire passer un bon moment.