De Alex Garland
Avec Kirsten Dunst, Wagner Moura, Cailee Spaeny
Chronique : Civil War est l’un des premiers films à évoquer une possible guerre civile aux Etats-Unis, mais sans doute pas le dernier.
Alex Garland abandonne ses thématiques fantastiques pour livrer une œuvre dystopique qui sonne férocement vraie. Il plonge d’emblée son spectateur dans cette Amérique déchirée et l’invite à accompagner son petit groupe de journalistes pour rejoindre Washington et interviewer le Président avant qu’il ne soit trop tard. On ne sait rien du contexte, de l’enchainement des faits qui ont conduit à cette situation extrême. Garland ne nous livre pas les clés du conflit. On a même du mal à identifier les différents camps qui s’affrontent et les motivations de chacun. C’est sa force car cela confère à son film une puissance immersive incomparable, mais aussi sa faiblesse car cela limite forcément son message et sa portée politique.
Alors qu’on prend part à ce road movie et qu’on traverse ce qui reste des Etats-Unis, on découvre l’étendue du conflit, l’ampleur du chaos dans lequel le pays est plongé.
Le réalisateur embrasse le point de vue des reporters de guerre. Dans sa mise en scène d’abord, qu’il fige souvent brievement dans les clichés que prennent les photographes, ou lorsqu’il cherche les plans les plus forts et impactant (il les trouve souvent). Dans son rythme aussi qui traduit l’urgence et le danger permanent. Mais aussi dans la neutralité du point de vue, dont il ne s’écartera qu’une fois pour une scène terrifiante et glaçante d’effroi, d’une violence inouïe qui amorce un impressionnant dernier quart d’heure étouffant et haletant, donnant quelques clefs supplémentaires mais sans tout à fait nous éclairer sur la situation.
Civil War est aussi l’occasion de revoir au cinéma Kirsten Dunst dans un rôle à la hauteur de son talent, elle excelle en reporter de guerre à bout de souffle. A ses côté, un Wagner Moura très loin d’Escobar et tout aussi convainquant et la nouvelle sensation d’Hollywood Cailee Spaeny, qui nous éblouissait dans le Priscilla de Sofia Coppola (qui avait sublimé Dunst dans Virgin Suicide, un passage de témoin comme un symbole).
Alex Garland signe donc un film puissant dans son récit et son exécution mais aussi frustrant par son absence de parti pris.
Civil War est probablement né dans l’esprit de son auteur à force d’entendre cette petite musique qui gagne de plus en plus les plateaux de télévision, en particulier ceux des chaines d’opinion comme Fox News aux Etats-Unis, dont le moteur est d’opposer les gens et les monter les uns contre les autres. Des discours qui commencent à faire leur nid aussi en France dans des émissions de Cnews ou celles d’Hanouna par exemple… Ces genre d’incitation à la haine répétées associées à la vente d’armes légale peuvent former un cocktail explosif… Evidemment, la France n’autorisera jamais la vente libre d’armes à feux… bien sûr que non. Avez vous vu la Fièvre, la dernière série Canal (le même groupe que Cnews et Hanouna)?…
Synopsis : Une course effrénée à travers une Amérique fracturée qui, dans un futur proche, est plus que jamais sur le fil du rasoir.