Premier long métrage pour Victoria Musiedlak après un scénario signé pour le film "Ma Mère, le Crabe et Moi" (2017) de Yann Samuell et son court métrage "L'Affaire du Siècle" (2018). La réalisatrice-scénariste a eu l'idée en constatant le changement et l'évolution d'une jeune femme de son entourage qui était devenue avocate : "Comme Nora dans Première Affaire, cette jeune fille vivait chez sa mère. Elle était timide et débutante, et s'est retrouvée à vingt-cinq ans, envoyée en catastrophe aux Sables d'Olonne, à défendre un grand-père accusé d'inceste sur ses deux petites filles. Je l'ai vue se métamorphoser. La jeune fille que je connaissais est devenue une femme plus affirmée, indépendante mais aussi plus nerveuse. Comme la plupart des jeunes avocats, ce métier avait profondément modifié sa personnalité. D'un point de vue philosophique, rousseauiste, j'ai toujours trouvé passionnant l'impact que la fonction sociale a sur un individu." La cinéaste s'est évidemment beaucoup documentée, et s'est a priori beaucoup intéressée au procès-verbal d'audition : "Les procès-verbaux me renvoyaient à la psychanalyse : la vie entière d'une personne se trouve étalée sur le papier. Secrets, textos, emploi du temps, tout ce qu'elle a voulu cacher refait surface. Le temps d'écoute et de parole sont notifiés, les pauses, comme chez les psy. Et, comme chez les Lacaniens, l'entretien se termine sur une phrase clé : "Allez réfléchir, on se retrouve plus tard". Ca m'a beaucoup plu." Victoria Musiedlak précise plusieurs influences dont les documentaires de Raymond Depardon, puis les films "Autopsie d'un Meurtre" (1959) de Otto Preminger, "La Vérité" (1960) de Henri-Georges Clouzot, "Mother" (2009) de Bong Joon-Ho, "Faute d'Amour" (2017) de Andrey Zvyagintsev et "The Third Murder" (2018) de Hirokazu Kore-Eda... Jeune avocate fraîchement diplômée, Nora a l'impression de n'avoir rien vécu mais elle sait qu'elle va devoir apprendre vite quand elle doit gérer sa première affaire pénale. De sa première garde à vue au suivi de l'instruction, Nora découvre la cruauté du monde, d'abord dans sa vie professionnelle mais qui va également impacter sa vie privée...
La jeune avocate est incarnée par Noée Abita révélation de "Ava" (2017) de Léa Mysius et vue entre autre dans "Le Grand Bain" (2018) de Gilles Lellouche, "Slalom" (2020) de Charlène Favier ou "Maria Rêve" (2022) de Lauriane Escaffre et Yvonnick Muller. Citons ensuite Anders Danielsen Lie remarqué dans "Oslo, 31 Août" (2011) de Joachim Trier et vu récemment dans "Bergman Island" (2021) de Mia Hansen-Love et "Julie (en 12 Chapitre)" (2021) de Joachim Trier, Alexis Neises dans son premier rôle, François Morel vu dernièrement dans "La Grande Magie" (2022) de et avec Noémie Lvovsky, "Comme une Louve" (2023) de Caroline Glorion et "La Fiancée du Pirate" (2023) de et avec Yolande Moreau, Louise Chevillotte vue dans "L'Evénement" (2021) de Audrey Diwan, "A mon Seul Désir" (2022) de Lucie Borleteau et "Un Silence" (2024) de Joachim Lafosse, Chad Chenouga avant tout réalisateur de "De toutes mes Forces" (2017) et "Le Principal" (2023), Saadia Bentaïeb vue dernièrement dans "Le Règne Animal" (2023) de Thomas Cailley, "L'Air de la Mer rend Libre" (2023) de Nadir Moknèche et retrouve après "Quelques Jours pas Plus" (2024) de Julie Navarro l'acteur Andranic Manet vu dans "Eiffel" (2021) de Martin Bourboulon, "Playlist" (2021) de Nine Antico et retrouve aussi après "Vacances" (2022) de Béatrice de Staël et Léo Wolfenstein sa partenaire Valérie Trajanovski qui y était surtout directrice de casting... Premier bon point, on salue le choix de l'actrice principale, Noée Abita qui a l'âge parfait et cohérent avec son personnage et qui a effectivement un physique qui fait plus jeune, et où on ressent une certaine fragilité ou une réserve qui permet de faire évoluer de façon probante comme l'explique d'ailleurs la cinéaste : "Menue, très dessinée, avec de grands yeux expressifs, une voix fluette... Noée avait cette grande jeunesse et à la fois, c'est une fille qui a une maturité étonnante. Elle est très intelligente, a une personnalité marquée, un point de vue particulier et construit sur la vie. Ce contraste m'intéressait chez elle."... Effectivement, d'emblée on on pense à sa jeunesse, son apparente fragilité alors qu'elle passe des affaires de cols blancs au pire crime qui soit comme un dépucelage... professionnel !
Dès les premières minutes on ne sait pas si on doit sourire de sa naïveté ou de sa stupidité comme demandé sa route alors qu'elle a un GPS ; est-ce un maladresse d'écriture de la part des scénaristes ou est-ce justement voulu ?! Et finalement Nora/Abita s'avère en effet très enfantine, comme si elle était vierge de la vie qui l'entoure comme le montre sa première garde à vue ou le fait qu'elle se rend au rendez-vous du policier. Par contre il y a bel et bien des incohérences techniques dont la plus grossière est le fait qu'il est strictement impossible qu'un brigadier soit promu commissaire. Le fait de faire de Nora une petite adolescente ingénue qui ne connaît rien au monde est sans doute un peu trop facile voir même surréaliste à ce point, rappelons qu'elle a tout de même 26 ans et qu'elle est avocate et qu'il est difficile de croire à autant d'innocence. Néanmoins, le passage des affaires financières au droit criminel est probant, où comment la violence psychologique est de passer aux affaires de paperasses à la cruauté primaire d'un fait divers. Mais le côté oie blanche n'est pas le pire, le pire reste la liaison amoureuse qui prend beaucoup trop de place dans le récit au point qu'on frôle le hors sujet. Noée Abita est merveilleuse, offre toute la fraîcheur à l'avocate débutante et l'affaire criminelle est bien amenée et décrite et le propos reste assez intéressant pour qu'on s'y attarde.
Note :
13/20