Frères (2024) de Olivier Casas

Nouveau film de Olivier Casas après "Baby Phone" (2017). Le réalisateur-scénariste co-écrit son scénario avec son frère Simon Casas qui prêtait sa voix sur le court métrage "Baby Phone" (2014) de son frère et avec un inconnu Cyril Maurin. L'idée du film est venu au cinéaste après sa rencontre avec Michel de Robert, qui lui a raconté un pan de sa vie assez étonnant : son histoire vraie et celle de son frère, celle de deux jeunes garçons de 5 et 7 ans qui, abandonnés par leur mère en 1948, se sont enfuis en forêt où ils ont survécu sept années... Michel, architecte, doit quitter précipitamment famille et travail pour partir au Canada où il pense retrouver son frère aîné qui pourrait décider de partir définitivement. Il retrouve ainsi Patrick dans une cabane isolée dans le grand nord canadien. Les deux frères se retrouvent seuls et se remémorent un secret pesant, lorsqu'ils étaient deux jeunes frères de 5 et 7 ans ont été placés à la fin de la Seconde Guerre Mondiale alors que leur mère semble se moquer de leur destin. Malheureusement, par peur, les deux frères fuient et se retrouvent en forêt, isolés, où ils vont apprendre à survivre. Depuis pourtant cette période de leur vie est devenue un secret lourd à porter... 

Michel de Robert est incarné par Yvan Attal vu récemment dans "La Syndicaliste" (2023) de Jean-Paul Salomé et son film "Un Coup de Dés" (2023), puis retrouve après son autre film "Les Choses Humaines" (2021) dans lequel il a fait tourner son partenaire Mathieu Kassovitz qui joue le frère aîné Patrice, l'acteur a été vu dernièrement dans "L'Astronaute" (2022) de et avec Nicolas Giraud, "Visions" (2023) de Yann Gozlan et "Les Rois de la Piste" (2023) de Thierry Klifa. Notons que les jeunes Michel/Attal sont joués par Victor Escoudé-Oury et Viggo Ferreira-Redier, tandis que les jeunes Patrice/Kassovitz sont joués par Enzo Bonnet et Fernand Texier. Marielle de Robert est incarnée par Alma Jodorowski vue entre autre dans "Juillet Août" (2016) de Diastème, "L'Ennemi" (2020) de Stephan Streker et retrouve Yvan Attal après "Un Coup de Dés" (2024)... Le scénario alterne constamment entre les années 1947-1954 et aujourd'hui, ou plutôt vers les années 1990 au vu de l'âge des personnages cinquantenaires ; d'ailleurs précisons que Yvan Attal est deux années plus âgé que Mathieu Kassovitz mais que dans le film le plus jeune joue l'aîné. Dès le début un encart nous rappelle qu'il s'agit d'une histoire vraie, ce qui est toujours un bonus émotionnel qui fait mouche surtout quand ça touche des enfants. En parallèle donc on suit l'aventure hors normes des deux gamins durant sept années, et deux frères cinquantenaires à un tournant de leur destin qui vont s'offrir une sorte d'introspection finale. Le premier soucis est qu'on nous parle de plusieurs années en maison de correction sans qu'on en ait aucune information valable, et qu'on nous parle d'un voyage au Canada il y a 30 ans donc environ 20 ans après leur expérience forestière sans qu'on sache le comment du pourquoi. Ce qui interpelle c'est qu'au vu de leur enfance (sept années isolées durant les années les plus importantes dans l'éducation et l'évolution d'un enfant, plus des années d'adolescence en maison de correction) on se demande comment les deux enfants sont devenus des nantis bourgeois à la situation sociale aussi élevée ?! D'ailleurs on se dit qu'heureusement pour eux, car un ouvrier ou un petit fermier ne pourrait jamais se payer quelques mois de vacances loin de tout au fin fond du Canada... 

Par là même, quelques passages agacent un chouïa, subjectivement comme ces grands enfants adultes (environ 20 ans) qui font les capricieux pignou alors qu'ils savent que leur père et leur oncle ont des soucis (cette ingratitude est juste infecte), plus techniquement ces plans des deux gosses qui s'amusent dans la rivière répétitifs et redondants. D'ailleurs ces grosses cordes larmoyantes vont faire les gros effets dans la dernière partie patho en multipliant les plans en flash-backs sur ces deux gamins forcément touchants pour être sûr d'émouvoir aux larmes (si possible) le spectateur. Ca manque de finesse et de subtilité. Au fil du récit on s'interroge aussi sur la véracité des des faits, car oui, comment croire à la survie aussi "tranquille" sur sept années d'enfants de seulement 5 et 7 ans ?! Comment croire à un enfant de 5 ans qui construit une cabane aussi élaborée par simple "instinct" ?! Comment croire qu'ils ne se trompent jamais dans le choix de ce qu'ils mangent ?!... etc... Bref, à y regarder de plus près, sur la forme l'histoire est forcément embellie et arasée, sur le fond les cordes émotives sont un peu grosses, mais le film surnage tout de même grâce à un joli duo de gamins dont la ressemblance physique (sans que les deux jeunes comédiens soient liés) est bluffante, adorablesils nous émeuvent forcément, mais ce sont surtout les deux adultes qui nous touchent, le duo Attal-Kassovitz fonctionne parfaitement, ils sont crédibles, au diapason et sont assurément les atouts du film. En conclusion un drame qui méritait certainement plus de sincérité et de subtilité mais l'émotion nous gagne malgré nous et c'est déjà bien.

Note :                 

Frères (2024) Olivier CasasFrères (2024) Olivier Casas

11/20