Monkey Man (2024) de Dev Patel

Le chemin est reste très aléatoire pour Dev Patel depuis sa révélation dans "Slumdog Millionnaire" (2008) de Danny Boyle, mais l'acteur Dev Patel ne s'en laisse pas abattre et poursuit son bonhomme de chemin jusqu'à ce projet annoncé dès 2018 pour sa première réalisation d'après une histoire qu'il a imaginé d'après la légende de Hanuman (Tout savoir ICI !) transposé dans un thriller d'action moderne présenté comme un "John Wick à Bombay". L'acteur réussit à réunir un budget de 15 millions de dollars, aidé aussi par un casting indien et sans autre tête d'affiche que lui. Le film séduit la plateforme Netflix qui acquiert les droits dès 2021 pour pas moins de 30 millions de dollars. Mais Dev Patel touche le jackpot quand un certain Jordan Peele découvre le film et qu'il estime aussitôt que le film mérite une sortie en salles. Le producteur-réalisateur rachète donc les droits du film via sa société Monkeypaw Productions, avec laquelle il a produit ses propres films "Get Out" (2017), "Us" (2019) et "Nope" (2022) ou encore "BlacKKKlansman" (2018) de Spike Lee ou "Candyman" (2021) de Nia DaCosta. Co-production internationale (US-Canada-Singapour-Inde), le réalisateur-acteur-scénariste co-signe son scénario avec Paul Angunawela réalisateur-scénariste de son film "Keith Lemon : le film" (2012), et surtout avec John Collee auteur de "Master and Commander" (2003) de Peter Weir ou "Le Royaume de Ga'Hoole" (2010) de Zack Snyder et qui retrouve Dev Patel après "Attaque à Mumbai" (2018) de Anthony Maras... A Bombay en Inde, un homme surnommé Kid sort de prison et redécouvre la vie "normale". Il peine à s'adapter dans un monde où seul semble régner la cupidité des chefs d'entreprise tandis que les valeurs spirituelles disparaissent. Kid commence alors à combattre dans des combats clandestins recouvert d'un masque de singe, mais il va surtout se laisser aller à une vengeance contre ceux qui ont détruit sa vie... 

Le Kid est incarné donc par le réalisateur Dev Patel vu entre autre dans "Lion" (2016) de Garth Davis, "Attaque à Mumbai" (2018) de Anthony Maras ou "The Green Knight" (2021) de David Lowery, il retrouve après "Chappie" (2015) de Neill Blomkamp son partenaire Sharlto Copley acteur fétiche justement de Blomkamp mais également vu dans "Free Fire" (2016) de Ben Wheatley, "Gringo" (2018) de Nash Edgerton ou "Beast" (2022) de Baltasar Kormakur. Citons ensuite Pitobash Tripathy vu notamment dans "Million Dollar Arm" (2014) de Craig Gillepsie ou "7 Jours plus Tard" (2017) de Hector Cabello Reyes, Vipin Sharma qui retrouve Dev Patel après "Attaque à Mumbai" et vu dans "Gangs of Wasseypur 2" (2012) et "The Mumbai Murders" (2016) tous deux de Anurag Kashyap, retrouvant ainsi après ce dernier film sa partenaire Sobhita Dhulipala vue dans "Moothon" (2019) de Geethu Mohandas ou "Kurup" (2021) de Srinath Rajendran, Sikandar Kher remarqué dans "Monica o my Darling" (2022) de Vasan Bala, Ashwini Kalsekar vue dans "Paradeshi Chadhei" (1990) de Rabi Kinagi, "Khakee" (2004) de Rajkumar Santoshi ou "Johnny Gaddaar" (2007) de Sriram Raghavan, Adithi Kalkunte remarqué dans la série TV "Ghoul" (2018), et enfin Makarand Deshpande vu dans "Swades, Nous le Peuple" (2004) de Ashutosh Gowariker, "Junglee" (2019) de Chuck Russell ou "Bholaa" (2023) de Ajay Devgn... Précisons que le film se déroule dans la ville fictive de Yatana, mot sanskrit qui signifie lutte ou effort mais aussi parfois vengeance. Il s'agit du premier rôle d'action man pour Dev Patel, d'habitude plutôt habitué au personnage placide, genre gendre idéal. Mais l'acteur est pourtant ceinture noire de taekwondo depuis ses 16 ans mais a dû retourner à l'entraînement avec un objectif, celui de trouver une silhouette et une musculature proche de celle d'un Bruce Lee, rien que ça. En vérité on constate que l'acteur n'est pas aussi impressionnant même si on voit le travail. Dev Patel s'est donné à fond, producteur-réalisateur-scénariste-acteur, il a dû assurer malgré une blessure au pied, le Covid et un mort durant le tournage qui en fait un tournage cacophonique qui finit sur grand écran presque par miracle. D'emblée on constate une photographie très et trop sombre, mal mis en lumière à force d'insister sur un univers sombre on en est à un abus visuel. On constate aussi ensuite trop de flash-backs qui joue surtout la corde sensible avec une surexplication de la vengeance qui reste, sur le fond, d'un classicisme inhérent au genre. D'ailleurs concernant le genre, Dev Patel reprend beaucoup des codes hollywoodiens, des protagonistes caricaturaux du grand méchant au petit caïd qui v'a s'avérer un allié jusqu'au chien qui renvoie à "John Wick".

Monkey Man » : du Bollywood made in Hong-Kong

Par contre on apprécie le lien vis à vis du mythe de Hanuman ou l'entrée des Hijras mais on est ensuite déçu par un traitement superficiel ou peu approfondi vis à vis du récit. Ca reste des paramètres insuffisamment exploités comme le fait que l'allié et la prostituée soit également de simples faire-valoir. Niveau mise en scène, Dev Patel use de tous les moyens qui donnent du rythme et du style, de la caméra à l'épaule au plan subjectif, plan large icônique (on pense aussi parfois à "Only God Forgives" en 2013 de Nicolas Winding Refn) mais dans ce patchwork on sera plus perplexe sur les effets spéciaux surtout sur le passage "mystique" complètement superflu et anecdotique. Par contre, n'oublions pas que c'est un pur film d'action et que sur ce point le film n'a justement rien à envier à sa référence "John Wick" ; les combats sont chorégraphiés par Brahim Chab, collaborateur entre de Jackie Chan ou Jean-Claude Van Damne. Les scènes de combat sont hyper réalistes au point qu'ils dépassent ceux de "John Wick" jusque dans l'authenticité des coups. John Wick est quasi surhumain, Monkey Man est déjà plus les pied sur terre, il souffre beaucoup et ne gagne jamais facilement exception faite de la dernière partie peut-être. La résilience et ses années à subir lui donne une capacité qu'on ne décèle jamais chez "John Wick". C'est le gros point fort du film. En conclusion, Dev Patel a sans doute voulu en faire trop (John Wick + mythe et légende + politico-sociale + tout un panel de la mise en scène, plusieurs casquettes sur Patel+++...) ce qui donne un film un peu fouilli sans finesse jusque dans la psychologie des personnages tous clichés, mais il y a aussi de l'envie, une sincérité qui fait plaisir comme un plaisir coupable. C'est déjà ça.

Note :                 

Monkey (2024) PatelMonkey (2024) Patel

11/20