Un grand merci à Hanabi pour m’avoir permis de découvrir et de chroniquer le blu-ray du film « La famille Asada » de Ryota Nakano.
« C’est quoi être normal ? Si c’est être comme tout le monde, alors papa ne l’était clairement pas »
Dans la famille Asada, chacun a un rêve secret : le père aurait aimé être pompier, le grand-frère pilote de formule 1 et la mère se serait bien imaginée en épouse de yakuza ! Masashi, lui, a réalisé le sien : devenir photographe. Grâce à son travail, il va permettre à chacun de réaliser que le bonheur est à portée de main.
« Imagines : si tu devais prendre la dernière photo de toute ta vie, que photographierais-tu ? »
Dans la famille Asada on demande d'abord le père, patriarche tranquille d'une famille ordinaire de la classe moyenne nipponne. C'est lui qui instille à ses enfants le goût pour la photographie et cette petite touche de fantaisie si particulière quand il immortalise les moments passés avec ses fils. Puis ensuite, pour compléter le portrait de famille, on demande surtout le fils, Masashi, rejeton surdoué qui pousse toujours plus loin le délire initié par son père en mettant sa famille en scène dans des portraits très décalés. Ce qui lui vaudra, un peu par hasard, un prestigieux prix de photographie dans un pays où celle-ci manque souvent de considération. Librement inspiré par la véritable histoire du photographe japonais Masashi Asada, le réalisateur s'intéresse avec « La famille Asada » aux affres de la création et de la reconnaissance, dans le contexte d'un art trop peu reconnu jusqu'ici au pays du soleil levant.
« Pour combler une perte, nous n’avons que des souvenirs. Et ce qui les matérialise, ce sont les photos »
Mais plus encore que la (relative) success-story qui nous est contée, ce qui intéresse ici c’est le cheminement du héros qui ose peu à peu sortir des limites imposées de son cadre et qui donne un sens nouveau à sa passion en cessant d’être metteur en scène pour mieux devenir acteur de sa propre vie. Ainsi, après avoir fait l’étalage de sa fantaisie absurde et de son talent dans la première partie, le film prend son envol lorsque Masashi part photographier le drame qui se joue suite à l’incident nucléaire de Fukushima qui secoue tout l’archipel nippon : décidant de mettre son appareil de côté, il s’emploie alors à sauver les photos des sinistrés retrouvées dans les gravats des habitations dévastées. Méticuleusement, patiemment, il va ainsi se lancer dans un long travail de nettoyage et de restauration pour permettre aux survivants de retrouver (a minima) une trace de leurs précieux souvenirs. C’est d’ailleurs là que le cinéaste touche au but en nous rappelant le rôle sociologique premier du photographe qui est de capter l’image d’un instant pour le faire perdurer pour l’éternité. Et ainsi conserver à jamais une trace des moments importants de nos vies (rentrée d’école, fêtes de famille, mariage, naissance) et des êtres qui nous sont chers (émouvantes scènes de l’enfant malade que sa famille sait condamné ou de cette petite fille qui cherche désespérément une photo de son défunt père disparu dans la catastrophe). Le cinéaste signe là un film malin sur le pouvoir de l'image (la manipulation subtile de la scène finale) et la transmission, qui réussit constamment son fragile numéro d’équilibriste entre comédie, drame historique et émotion. « La famille Asada » est ainsi un film pleinement réjouissant. Assurément, une bien jolie surprise.
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Le blu-ray : Le film est proposé en version originale japonaise (5.1). Des sous-titres français sont également disponibles.
Côté bonus, le film est accompagné d’une Interview avec le réalisateur, le producteur, et le photographe qui a inspiré le film, d’une Bande-annonce et de trois courts modules : « Les cartes de vœux au Japon », « Créer un foyer chalereux avec La Famille Asada » et « Le projet de sauvetages de photos ».
Édité par Hanabi, « La famille Asada » est disponible en DVD ainsi qu’en blu-ray depuis le 6 juin 2023.
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