LE DEUXIÈME ACTE (Critique)

DEUXIÈME ACTE (Critique)

DEUXIÈME ACTE (Critique)SYNOPSIS : Florence veut présenter David, l'homme dont elle est follement amoureuse, à son père Guillaume. Mais David n'est pas attiré par Florence et souhaite s'en débarrasser en la jetant dans les bras de son ami Willy. Les quatre personnages se retrouvent dans un restaurant au milieu de nulle part.

Quentin Dupieux devient le réalisateur mainstream du cinéma Français... Plus de 8 films depuis 2018, souvent, voire un peut tout le temps complètement foutraques. Il est devenu celui dont tous les acteurs français rêvent. Le casting est d'ailleurs sidérant de folie... Léa Seydoux, Raphaël Quenard, Louis Garrel et Vincent Lindon. Dans Fumer fait tousser (2022), il avait déjà combiné les étoiles qui plus est à Cannes. Avec son Deuxième acte, il se permet carrément l'ouverture en 2024. Ce qui est intéressant avec ce cinéaste follement génial c'est sa capacité non pas à détourner la réalité pour proposer de l'absurdité, mais bien de se servir de l'absurde pour venir tous nous chercher sur les pires exacerbations de nos névroses, nos vices cachés, nos idées le plus viles. Pas d'exception bien sûr avec Le deuxième acte, tant la jubilation en mode méta se vit intensément. L'intensité est ici magnifiée par une multiplication de plans séquences de parfois plus de 10 minutes où Quentin Dupieux, qui adore casser tous les codes, en 1h16 réussit ce tour de force complètement délirant de mettre en lumière un nombre incalculable de sujets entre la prédominance narcissique d'égos pathétiques, le pitoyable destin des gloires éphémères, la violence verbale, physique et sexuelle ordinaire, la triste fin des utopies que nous promet demain l'intelligence artificielle et tant d'autres thèmes que Dupieux lui-même dit n'être pas sûr de comprendre !! Comme dit le personnage de Louis Garrel dans un mépris de classe boboïsant hilarant " On se donne beaucoup de mal hein, pour vous offrir un petit peu de magie " .

DEUXIÈME ACTE (Critique)
Dans cette perpétuelle confusion entre réalité et fiction, ou le cinéaste s'amuse à nous balancer dans les cordes dans tous les sens, avec sa caméra tel un ring, on se marre énormément, tant l'absurde est ici érigé en art. On se marre mais c'est comme si on en avait honte car Dupieux plus que l'air de rien, balance à la sulfateuse sur son époque. Mais oui, on rit sans arrêt parfois devant la volontaire grosseur du trait, parfois on ne sait pas pourquoi, et parfois on ne le sait que trop. C'est en fait tout le petit monde du cinéma qui est ici bombardé au napalm. C'est peut-être d'ailleurs la petite exaspération de ce petit monde qui se regarde sans arrêt dans le miroir. Mais sans doute que là aussi, c'est affaire de provocation du réalisateur. C'est en tous les cas une mise en abyme immensément vertigineuse autant qu'inquiétante. Les dialogues sont d'une cruelle intelligence et même d'une perfidie assez ébouriffante et les situations complètement folles.

DEUXIÈME ACTE (Critique)
On repensera à ce figurant pétri de trac qui a attendu toute sa vie de tourner dans un film, infichu de servir 4 verres de vin sans en foutre partout tant il tremble. Willy ( Raphaël Quenard) ironisant à l'extrême en disant que c'est le plus grand joueur de maracas de tous les temps, qu'il peut tenir 12H00 comme ça. Une vanne qui dézingue et qui incarne ce foisonnement permanant. Comme le cinéma exacerbe les instincts, filmer le cinéma permet d'en dire long sur les immondes perfidies quotidiennes qui nous traversent. Ce casting évidemment... Car oui tout le monde veut jouer avec Dupieux. S'ils sont tous à peu près dans le meilleur de ce qu'ils savent faire et que nous connaissons déjà d'eux, ils nous perdent délicieusement dans les moments où ils jouent volontairement mal tant la commande " du film dans le film " est pourrie et quand ils sortent de la commande... ben... on se demande si c'est toujours la commande !!

DEUXIÈME ACTE (Critique)
En tous les cas à ce petit jeu-là, si les numéros sont d'ampleur et que les plans séquences permettent le déploiement extrême des talents de Léa Seydoux, Vincent Lindon, Louis Garrel, il n'en reste pas moins que Raphaël Quenard est un diablotin chenapan de virtuosité. Ses accents, ses mouvements, ses envolées verbales, ses manières, sa gueule, son corps, ce mec est d'une intelligence artistique comme rarement vu depuis longtemps. Il peut tout faire et c'est comme si son éclosion au monde devenait notre fantasme. Raphaël, continue de gesticuler dans tous les univers qui te sont proposés, on sera toujours là !! Et bien sûr on oublie comme il se doit Manuel Guillot, méprisé dans le film autant que dans cette chronique !!! Même si on ne peut qu'admettre que lui aussi est juste épatant. Au final, Le deuxième acte est foutraque à souhait comme on pouvait s'y attendre mais finalement dans ce bordel tellement construit, sûrement le plus abouti de Dupieux sur ce qu'il veut nous dire de son époque. Et surtout, mais surtout, qu'est-ce qu'on se marre !!! Et rien que pour ça...

DEUXIÈME ACTE (Critique)

Titre Original: LE DEUXIÈME ACTE

Réalisé par: Quentin Dupieux

Casting: Léa Seydoux, Louis Garrel, Vincent Lindon ...

Genre: Comédie

Sortie le: 14 mai 2024

Distribué par: Diaphana Distribution

DEUXIÈME ACTE (Critique)TRÈS BIEN