Premier long métrage en solo pour Michael Dichter après le court métrage "Pollux" (2018) et après le film collectif en co-réalisation "Boys Feels : I Love Trouble" (2021). Comme dans son court métrage le cinéaste retrouve pour son histoire la région des Ardennes et plus précisément le secteur de la ville de Revin. Richter précise : "Cette région, et plus précisément cette zone des Ardennes, me parle énormément. J'ai eu le sentiment, dès les premiers instants à Revin et avant même d'y tourner le court métrage, que cette ville était la jumelle de condition sociale actuelle de la ville de région parisienne dans laquelle j'ai grandi au début des années 2000. Toutes les rencontres que j'ai faites dans les Ardennes allaient dans le même sens : les personnes qui y vivent ont une âme battante et généreuse, mais elles se sentent laissés pour compte, isolées. A cause de la désindustrialisation, à cause du chômage, à cause du manque de perspectives. Une ville comme Revin a compté jusqu'à 12000 habitants à la fin des années 60. Il en reste à peine plus de 5000 aujourd'hui. Presque deux voisins sur trois ne sont plus là. Ceux qui sont restés ont été très marqués par ces départs." Le réalisateur-scénariste co-signe son scénario avec Judith Godinot créateur-scénariste de la série TV "Aspergirl" (2023), et avec Matthias Gavarry scénariste des comédies potaches "Les Profs" (2013-2015) et "Gaston Lagaffe" (2017) tous trois de Pierre-François Martin-Laval, du drame "Volontaire" (2017) de Hélène Fillières, de la comédie "Enorme" (2020) de Sophie Letourneur ou du tout récent "L'Esprit Coubertin" (2024) de Jérémie Sein. Michael Dichter avoue comme référence les films "Les Goonies" (1985) de Richard Donner, "Stand by Me" (1987) de Rob Reiner, "Little Odessa" (1994) de James GRay et "Northwest" (3013) de Michael Noer...
Max, Vivian et Tom sont trois jeunes ados inséparables. Alors que la situation sociale en ville est bouleversée par la fermeture de la dernière usine du coin, le grand frère de Max, Seb est revenu après sa sortie de prison. Ce grand va s'avéré être encore dans des combines louches et va entraîner les trois adolescents dans une chute inéluctable... Max est joué par le jeune Diego Murgia remarqué dans l'excellent "Dalva" (2023) de Emmanuelle Nicot et "Temps Mort" (2023) de Eve Duchemin, ses deux amis sont joués par Jean Devie et Benjamin Tellier dans leur premier rôle au cinéma. Le grand frère est incarné par Raphaël Quenard particulièrement prolifique (17 films en moins de trois ans !) vu dernièrement dans "Yannick" (2023) et "Le Deuxième Acte" (2024) tous deux de de Quentin Dupieux, et retrouve après "Sentinelle" (2023) de Hugo Benamozig et David Caviglioli celle qui joue leur mère, Emmanuelle Bercot, réalisatrice de "De son Vivant" (2021) mais aussi actrice vue récemment dans "Making Of" (2023) de Cédric Khan et "L'Esprit Coubertin" (2024), et retrouve également après "L'Abbé Pierre - une Vie de Combat" (2023) de Frédéric Tellier l'acteur Maxime Bailleul vu auparavant dans "L'Affaire SK1" (2013) du même réalisateur... Le film débute comme un teen movie sympa où trois meilleurs amis tentent de profiter malgré la gangrène sociale qui polluent la vie quotidienne dont une ultime fermeture d'usine semble être le coup de grâce du secteur. Trois amis forcément différent, physiquement (façon Dalton) mais aussi socialement (un nantis et ses deux amis dont les parents souffrent de la crise). Le premier bon point est qu'ils ne sont ni des victimes de base, ni des caïds ou des cas sociaux ils sont dans la "norme" et ne se distinguent donc pas spécialement dans leur collège. Même dans les petits soucis scolaires ou chez les autres élèves il n'y a pas de caricatures habituelles. Par contre le cinéaste s'applique à montrer le déclin social de la région, une ville peu modernisée, une mère déprimée, une grève sociale à l'usine, une colo pour les riches... etc...
Mais le trio qui pense être les meilleurs amis du monde avec tout ce qu'y en découle va s'avérer peut-être pas si solide que ça, une frère qui sort de prison arrive et déclare d'ailleurs que "rien ne vaut la famille !" Un grand frère qui a devenir très vite le grain de sable d'un engrenage, un petit frère qui va prendre une bonne décision, ou pas si bonne finalement, et qui va avoir des répercussions à divers niveaux alors que ses deux amis agissent et réagissent en pensant que le trio est fort et soudé comme avant. Le scénario est très bien écrit, mêlant habilement le teen movie et le polar, virant tout aussi insidieusement de la teen comedy vers le drame, avec des ados qui évitent les clichés habituels (comme l'idylle sirupeuse ou la bêtise excusée par la jeunesse), l'écueil des encadrants scolaires est aussi évité (trop aveugles ou trop sévères). Le scénario réussit à nous surprendre, dans sa tension qui monte en restant ancré dans une réalité plausible, dans ses rebondissements dans un timing parfait. Michael Dichter signe un premier film maîtrisé et solide, auquel il manque pas grand chose (peut-être une grève sociale trop accultée ?! ou un grand méchant en solo pas assez menaçant pour ce grand frère) pour être un excellent film. Un très bon moment.
Note :